Journée parlementaire sur la finance islamique : L’Algérie compte 1500 guichets bancaires

Journée parlementaire sur la finance islamique : L’Algérie compte 1500 guichets bancaires

«La place financière locale a besoin de diversification et est ouverte à tous les produits, qu’ils soient de type classique ou d’essence islamique», a déclaré M. Abderahmane Benkhalfa, porte-parole de l’ABEF, à la journée parlementaire sur la finance islamique organisée par le groupe parlementaire du MSP.

Le représentant de l’Association des banques et établissements financiers a estimé nécessaire l’élargissement de la gamme de ces produits à condition qu’elle se fasse «dans la transparence, la concurrence» et le respect des règlements qui visent, avant tout, la protection du bénéficiaire. Pour M. Benkhalfa, on compte actuellement 1500 guichets de banque islamique en tout et l’idéal est «d’atteindre le chiffre de 3000», poursuit-il.

Un chiffre conforté par la Banque Al Baraka qui parle de 2000 à 2500 clients enregistrés au niveau de ses 25 agences, en attendant la réception prochaine d’une autre. Un chiffre symbolique qui ne représente que «1,5% seulement des dépôts», admet son représentant.

Pour ce qui est de l’agrément des banques islamiques, le porte-parole de l’ABEF a rappelé que la Banque d’Algérie n’accorde que «des autorisations pour des banques de type universel», libre à elles de vendre les produits qu’elles souhaitent. Pour les «produits spécifiques», elle a cependant besoin «d’informer la Banque d’Algérie», autorité financière, précise-t-il. Il faut noter que la journée sur la finance islamique qui a eu lieu au siège de l’APN a vu la participation de plusieurs experts algériens et étrangers, des universitaires dont des chercheurs à la Sorbonne.

La rencontre a donné lieu à plusieurs interventions, des polémiques parfois sur le «fonctionnement réel de certaines de ces banques en Algérie», émaillées d’appels en direction de ces banques pour le financement des investissements des jeunes et des PME.

Le représentant d’Al Baraka a estimé que la législation algérienne ne tient pas compte du fonctionnement particulier de ces banques. A peine si «on est toléré», «évoluant dans un espace réduit», dira le représentant de Salam, l’autre banque islamique activant en Algérie.

INCLURE LES «SUKKUK» DANS LA GAMME DES VALEURS MOBILIÈRES

En fait, et pour reprendre M. Himeur, SG d’Al Baraka, qui a beaucoup axé sur le «cadre juridique d’intervention des banques islamiques en Algérie», la loi du 26 août 2003 relative à la monnaie et au crédit ne prévoit pas de «dispositions particulières pour les activités bancaires régies par la Chari’a», explique-t-il. Pour lui, le texte «gagnerait à être revu pour intégrer des dispositions permettant à ces opérations de banques l’ancrage légal dont elles sont dépourvues». En outre, les titres dits «sukkuk» qui rencontrent aujourd’hui un grand succès surtout en Europe devraient être inclus dans la gamme des valeurs mobilières que prévoit le code de commerce. Il y a aussi d’autres dispositions fiscales qui méritent aussi d’être revues.

Cela dit, aujourd’hui, on ne cache pas que la finance islamique séduit plus d’un et le FMI lui-même reconnaît sa pertinence, dira M. Hamza Bouaziz, doctorant et chercheur à la Sorbonne. Elle apporte «des gages de stabilité en excluant d’abord les produits dérivés étroitement liés à la dernière crise».

C’est autour de deux représentants des institutions françaises de revenir sur cette expérience que la France vient d’adopter. Deux intervenants se sont longuement étalés sur ses bienfaits. Pour preuve, en 2007, les autorités commencent à mettre en place les instruments nécessaires dont «quatre nouvelles instructions fiscales publiées le 24 août 2010 serviront de cadre global pour les produits financiers islamiques», nous dit M. Tantely Randriamanantena, chargé de mission au ministère français de l’Economie et des Finances.