Journée parlementaire au Conseil de la nation Une loi pour définir la citoyenneté ?

Journée parlementaire au Conseil de la nation Une loi pour définir la citoyenneté ?

Les Algériens sont-ils de vrais citoyens ? Comment mesurer le degré de leur citoyenneté ? Quel est le rôle du parlement dans la consolidation de la citoyenneté ? Autant de questions soulevées jeudi au Conseil de la nation à l’occasion d’une journée d’étude sur « le parlement et la citoyenneté ».

Le chercheur Tahar Brahimi, enseignant à l’université de Biskra, a tenté dans son intervention de cerner cette problématique à multiple facettes en mettant le doigt sur le rôle de l’école et de la famille dans l’apprentissage des valeurs de citoyenneté.

Deux milieux avec lesquels on assure une certaine immunité à la nation, car « un bon citoyen est celui qui accomplit ses devoirs comme il se doit » dans un cadre qui lui permet aussi de jouir de ses pleins droits. Allusion également à l’Etat dont la mission est avant tout de préparer le terrain à l’émergence de citoyens « fiers de leur nationalité algérienne et leur appartenance à ce pays ». Selon lui, l’école a pour rôle de promouvoir le sens civique chez les enfants et de leur inculquer la culture démocratique. L’enseignement des valeurs de citoyenneté par le biais du parlement ne repose pas uniquement sur l’acte de légiférer, mais aussi sur un débat positif et efficace à ouvrir au niveau des différentes institutions sociales et des médias, a-t-il estimé avant de proposer l’ouverture d’un large débat au parlement sur l’éventualité de mettre en œuvre une loi sur la citoyenneté, à l’instar d’autres pays ayant instauré un cadre législatif pour définir le concept de la citoyenneté et ses principes.

Pour lui, le parlement doit veiller à l’élaboration de lois qui garantissent au citoyen ses droits et déterminent ses devoirs, tout en veillant à la mise à jour des législations, selon les situations nationale et internationale qui connaissent une évolution constante. Mme Zahia Benarous, membre du Conseil de la nation, a estimé, quant à elle, que la citoyenneté signifiait « l’appartenance à cette terre et le respect de son système politique », précisant que les citoyens définissent ce système sur la base du principe des droits et des devoirs. Selon elle, il faudrait avant tout se poser la question : est-ce-que le parlement représente véritablement les citoyens ? Le sénateur Salah Derradj a indiqué, pour sa part, que « la citoyenneté ne vaut pas la nationalité, car elle peut augmenter comme elle peut baisser, selon l’apport du citoyen pour sa patrie », ajoutant que « l’individu qui ne s’engage pas à accomplir ses devoirs envers sa patrie n’est pas un citoyen à part entière ».

De ce fait, « la citoyenneté est un comportement, une démarche, mais qui a des degrés différents ». Le « vrai citoyen » doit conférer une valeur ajoutée à sa nation, en payant par exemple ses impôts, en accomplissant son service militaire, en participant aux élections, en respectant les autres… M. Derradj estime, donc, que la citoyenneté s’apprend par le biais de l’école qui a le rôle prépondérant dans la formation des jugements. Le but étant de préparer des citoyens « actifs et responsables ». Seulement, résume-t-il, la citoyenneté ne peut se réaliser que si les inégalités sont corrigées.

Karima Alloun