Journée nationale du 19 Mai : Le réveil étudiant

Journée nationale du 19 Mai : Le réveil étudiant

Wafia Sifouane

Pour célébrer en bonne et due forme la Journée nationale de l’étudiant, qui coïncide avec le 63e anniversaire de la grève des étudiants et lycéens, le 19 mai 1956, les étudiants ont prévu de battre le pavé aujourd’hui à Alger et à travers de nombreuses régions du pays, pour dire toute leur détermination à en finir avec le système et aller vers un Etat de droit.

Intervenant cette année dans un contexte de mouvement populaire pour le changement du système, cette célébration rappelle la forte implication et détermination des étudiants de 1956, qui avaient déserté les bancs des universités et des lycées pour rejoindre les rangs de la Révolution, aux quatre coins du pays et même à l’étranger, contribuant ainsi à l’internationalisation de la cause algérienne et à la libération du pays de l’occupation coloniale. Soixante-trois ans plus tard, c’est face à un système gangrené par la corruption que les étudiants se sont ralliés au mouvement populaire et dressés ensemble tel un seul homme pour exiger un changement radical pour un meilleur avenir. Présents sur le terrain depuis le 22 février dernier, les étudiants n’ont depuis manqué aucun appel à la mobilisation et rassemblement pacifique, faisant du mardi, leur journée de marche hebdomadaire. En ce mois de Ramadhan, ils ont été d’ailleurs les premiers à manifester en plein jour, montrant ainsi la voie aux marcheurs du vendredi pour que la mobilisation demeure intacte. Engagés à fond dans le mouvement populaire, les étudiants n’ont pas hésité à paralyser les universités à travers l’ensemble du pays en mettant le soutien au Hirak comme priorité.

Aujourd’hui, même si l’activité a repris dans certaines universités, d’autres demeures désertes, c’est le cas de l’Usthb (Bab Ezzouar), dont les étudiants ont décrété, depuis hier, une semaine de grève renouvelable. 

«Le peuple est en train d’écrire un nouveau chapitre de son histoire, en tant qu’étudiants nous ne pouvons que le soutenir par notre présence mais aussi par nos actions. C’est maintenant que tout se joue, les cours pourront reprendre à n’importe quel moment de l’année, ceci n’est pas un problème. Nous sommes prêts à sacrifier nos vacances pour continuer à manifester contre le système», a déclaré Farid, étudiant à l’Ecole supérieure d’informatique (ESI). De son côté, Amel, étudiante en première année de médecine, s’est dit prête à manifester tous les jours de la semaine si la situation le nécessite. «Personnellement, je suis pour le maintien de la pression et l’occupation permanente de l’espace public jusqu’à satisfaction des revendications du peuple. Hélas, la majorité a opté pour une journée de mobilisation. Je trouve que la reprise des cours ne devrait pas se faire tant que la situation n’a pas évolué en notre faveur. Je viens de faire ma première année et j’avoue que cela a été une véritable douche froide pour moi. 

L’insécurité et le manque de moyens sont devenus notre lot quotidien. Il faut que les choses changent et c’est ce que nous nous appliquons à faire», a-t-elle souligné. De son côté, le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes) a estimé que le déclenchement du mouvement populaire a permis de rappeler à l’opinion publique le rôle important qu’ont joué les étudiants à travers l’histoire, notamment un certain 19 mai 1956. «Ces jeunes sont vraiment extraordinaires, ils sont sortis avec pacifisme et ont montré une très belle image de la jeunesse algérienne. Nos gouvernants devraient avoir honte face à cette jeunesse qui reste mobilisée et déterminée», a souligné Abdelhafid Milat, coordinateur national du Cnes. Concernant la reprise des cours au sein des universités algériennes, le syndicat a indiqué que pour éliminer l’éventualité d’une année blanche, les enseignants et les responsables du secteur devraient se pencher dès maintenant sur le meilleur moyen de rattraper les cours dans les universités qui ont été paralysées par la grève.