Journée nationale de sensibilisation sur la mort encéphalique: Pour que les morts sauvent les vivants

Journée nationale de sensibilisation sur la mort encéphalique: Pour que les morts sauvent les vivants
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Les proches des morts sont appelés à faire preuve de solidarité agissante vis-à-vis des patients de tout âge et des deux sexes en attente de dons d’organes.

«Une personne morte peut facilement sauver huit patients souffrant de maladies.» Une telle petite phrase toute symbolique a émané du directeur général de l’Etablissement hospitalo-universitaire du 1er Novembre, le Dr Mansouri, en animant une conférence de presse en marge de la première Journée nationale de sensibilisation sur la mort encéphalique tenue hier au bloc pédagogique du même établissement. Aussi, elle résume la nécessité de dépasser les modèles archaïques et classiques consistant en la transplantation d’organes donnés au malade par ses proches, vivants.

Rien ne peut désormais entraver une telle démarche à laquelle l’EHU du 1er Novembre s’est mis à pied d’oeuvre, à commencer par la sensibilisation des populations à faire preuve de générosité en donnant les organes de leurs morts à des malades souffrant de maladies rénales, cardiaques, hépatiques, etc. Les religieux composés des imams, ainsi que des magistrats, des juristes et des médecins des différentes spécialités se sont réunis hier pour débattre de la question liée à la transplantation d’organes retirés des cadavres récemment décédés pour les greffer dans les corps des malades en attente d’un geste fort en leur faveur. Aucun de ces derniers, notamment.

Si la science et la médecine ont connu d’importantes évolutions ces dernières années, la religion ne constitue aucunement un quelconque frein pour sauver des centaines de vies humaines en leur redonnant «l’âme» à partir des organes des morts encéphaliques ou encore de mort cérébrale. Plusieurs imams ont brisé le tabou hier en appelant les populations, en particulier des morts encéphaliques à disposer des cadavres de leurs proches au profit de la médecine pour agir dans le cadre de la transplantation d’organes. Se voulant agissants dans leurs interventions, plusieurs imams, qui se sont succédé devant le micro n’ont pas tardé à argumenter leurs dires en avançant des versets coraniques invitant les hommes et les femmes à sauver des vies humaines. Mokhfi Mokhnacha, directeur de la culture islamique à la direction des wakfs et des affaires religieuses de la wilaya d’Oran est, dans une déclaration faite en exclusivité à L’Expression, allé droit dans son sujet en déclarant tout en se référant à la fetwa faite par Cheikh Ahmed Hamani que «la religion autorise la transplantation avec comme préalable que celle-ci soit accordée par un testament accordé par le mort avant son trépas».

LG Algérie

Et d’ajouter que «la même opération (transplantation) ne soit pas commerciale et faite par des médecins spécialistes». «Cette fetwa a fait l’objet de diffusion dans plusieurs rencontre tenues à partir de 1991», a-t-il ajouté. D’ailleurs dira-t-il, nous sommes passés à la deuxième phase dans ce cadre en nous lançant dans la sensibilisation des populations». Le directeur de la culture islamique à la direction des wakfs et des affaires religieuses vient donc de trancher de la question en brisant un mur qui a constitué l’un des grands tabous entourant la société algérienne.

En faisant de telles déclarations, les populations concernées sont une fois de plus appelées à faire preuve de leur solidarité agissante vis-à-vis des patients de tout âge et des deux sexes en attente depuis de longues années de dons d’organes. L’imam d’Oran, se référant au Saint Coran, dira que «celui ayant sauvé une vie a agi comme s’il a fait renaître toute l’humanité». La situation urge.

Là encore, les médecins sont unanimes à dire que «sauver des vies humaines constitue l’une de leurs premières priorités». Le directeur des activités médicales de l’EHU d’Oran, le Pr Toumi, dira qu’«au niveau national, 9000 malades sont en attente d’une transplantation rénale dont une cinquantaine de cas sont en attente d’une transplantation hépatique dans la wilaya d’Oran». L’Ehu d’Oran est plus que déterminé à passer à la vitesse supérieure dans le traitement des malades. Le chef de service de gynécologie de l’EHU est, selon le Pr Toumi, prêt à procéder à la transplantation de l’utérus. Des juristes, présents à la rencontre, à leur tête plusieurs magistrats, n’ont pas, eux aussi, omis au passage de réitérer les articles de loi autorisant les transplantations.