L’Université algérienne est guettée par de nombreux problèmes, tant sur le plan pédagogique qu’en matière d’infrastructures.
Ces difficultés suscitent des levées de boucliers chez les étudiants, qui expriment leur mécontentement par des débrayages répétés, mais sans parvenir à obtenir gain de cause.
La dégradation de l’enseignement supérieur algérien est due à l’absence d’évaluation des systèmes pédagogiques adoptés par la tutelle, selon le président du CNES, Abdelamlek Rahmani, contacté par nos soins. Si les pouvoirs publics venaient à élaborer un bilan scientifique, » de manière objective « , en concertation avec les différents acteurs du secteur, notamment les enseignants, tient-il à préciser, l’on pourra commencer à corriger les lacunes.
La principale déficience reste l’introduction du système LMD (Licence /Master /Doctorat). Un système qui correspond aux pays initiateurs (Européens), sachant tous les outils pédagogiques mis en la disposition de l’étudiant. Mais faute de moyens et de » volonté politique « , l’Algérie ne peut se permettre le luxe d’un tel système, dont les retombées ne cessent d’être récoltées. A l’origine, le système LMD était censé réduire le taux d’échec à l’université, mais produit l’effet inverse. Il favorise l’absentéisme chez les étudiants.

Car, l’apport de l’étudiant est situé à 70 %. L’enseignant n’en donne que 30 %. Alors l’étudiant justifie ses absences par la nécessité d’effectuer des recherches chez lui. Le phénomène de massification porte atteinte à la qualité de l’enseignement supérieur. « 250.000 étudiants sont admis à l’université chaque année », a déclaré le président du CNES. Mais la qualité des cours laisse à désirer, d’autant que la multiplication des licences se pose comme option à l’étudiant algérien qui ne se gêne pas pour se servir. L’équivalence des diplômes, entre le système LMD et le système classique, se pose également comme problème, particulièrement à l’étranger.
Bien que le système LMD ait été » copié » chez nos voisins d’Europe, les diplômes de chez nous n’y sont pas valables, en raison de la différence du contenu et des méthodes pédagogiques adoptées pour dispenser les cours. Les efforts que consent l’Etat sont salutaires, mais il subsiste toujours des manques, notamment en ce qui est des infrastructures.
A la veille de la journée nationale de l’étudiant, plusieurs mouvements de protestation ont été signalés à travers le territoire national. Leurs revendications portent essentiellement sur des problèmes socio-pédagogiques. Avant-hier, des dizaines d’étudiants en langues Anglaise et Arabe, dans la wilaya d’Oran, ont suspendu les cours, pour dénoncer les défaillances de l’administration.
Les agents administratifs commettent des erreurs sur leurs bulletins de notes, si ce n’est pas les égarer, chose qu’ils qualifient d’inadmissible. Ils demandent également des salles de classes aménagées, dénonçant l’état déplorable des lieux dans lesquels ils étudient. Mais exigent surtout l’installation d’un réseau internet, outil indispensable, selon eux. A Chlef, des étudiants en Droit ont manifesté avant-hier devant le portail principal de la faculté, afin de demander l’acquittement de leurs camarades passés en conseil de discipline pour absentéisme et participation à la grève sans autorisation.
K. S.