22 octobre 1955, premier numéro du journal El-Mouqawama El-Djazaïria ou Résistance algérienne, organe du FLN
L’Algérie commémore, pour la première fois, aujourd’hui, la Journée nationale de la presse 2013. Diverses rencontres et conférences sont programmées pour marquer cette commémoration décrétée le 3 mai dernier par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika.
La date choisie coïncide avec la parution, le 22 octobre 1955, du premier numéro du journal El-Mouqawama El-Djazaïria ou Résistance algérienne, organe du FLN qui a précédé la publication du quotidien national El Moudjahid.
Ce premier numéro de quatre pages, feuilleté par nos soins, chez l’agence d’études, de recherches et conseils en communication Média Marketing que pilote le Dr Youcef Aggoun, faisait suite à une édition spéciale émise le 15 octobre 1955 dans laquelle était annoncée la parution du Journal du combat libérateur tel que défini par les rédacteurs du journal. «Le lien permanent entre les citoyens et les frères en armes…reflétant la parfaite unanimité du peuple algérien en lutte» est mis en exergue par le, ou les journalistes de l’époque qui estimaient alors que «le lecteur n’est pas un simple lecteur, mais un combattant».
Ce journal de deux feuillets imprimé à Tétouan (Maroc) entre 1956 et 1957 dont 5 ou 6 numéros ont été publiés en moyenne, a été pris en charge par Salah Louanchi.
Publié dans trois points (A/Paris, B/Maroc et C/Tunisie) il était destiné aussi bien à l’émigration algérienne, qu’à la population française. Au tirage modeste, une cinquantaine tout au plus, ce bulletin était distribué dans les cafés pour parer à la faiblesse du tirage. Il servait à galvaniser les militants à travers une propagande (la médiatisation était un terme méconnu à l’époque) qui remettait les pendules à l’heure face aux fausses informations émises par les forces d’occupation, notamment concernant les pertes des deux côtés. Le journal retraçait dans son premier jet les actions menées par les combattants de la liberté le 20 Août 1955 dans le Constantinois.
A ce sujet, on peut y lire que 200 embuscades ont été menées et 90 convois militaires et escortes ont été interceptés.
A ces actions, poursuit l’article, 190 engagements ont été conduits suivis de 34 raids de représailles et d’exécutions sommaires de combattants de l’Armée de Libération nationale faits prisonniers.
Résistance algérienne N°1 relate également dans son numéro que pas moins de «2750 attentats et actions de sabotage ont été effectués ce fameux jour du 20 Août 1955 à la suite duquel 100.000 appelés libérables ont été maintenus en service par la soldatesque française».
La 2ème page, consacrée aux opinions des lecteurs, contient un hommage à Benboulaïd, son parcours de militant avant de prendre la chefferie de la Wilaya I historique d’où il dirige le déclenchement de la lutte armée avant de mourir le 27 mars 1956 à la tête du maquis aurésien.
Cette première feuille historique de la presse algérienne fait état aussi de 45 attentats dans des endroits différents visant des postes de police et militaires lors de ce 20 Août.
Une édition spéciale a été éditée le 15 octobre 1955 suivie du premier numéro, le 22 octobre de la même année, dans son édition «A» en France et le 5 juillet 1956 pour son édition «B» au Maroc.
Le n° 2 de Résistance algérienne a paru deux fois. La première en janvier 1956 et la deuxième le 26 novembre 1956 (édition A/France).
L’aventure de la presse algérienne ne s’arrête pas là, puisqu’en octobre 1957, le bulletin d’information de la Fédération de France du FLN, prend le relais pour éditer Résistance algérienne. Les originaux des premiers numéros de la deuxième version de ce bulletin de combat, seront prochainement versés aux Archives nationales, a indiqué récemment, à Alger l’ancien responsable politique de la Fédération de France du FLN, Mohamed Ali Haroun. Fêter la Journée de la presse nationale est-ce à dire fêter la liberté de la presse? Rien n’est moins sûr pour nombreux observateurs nationaux et gens de la plume. En témoignent certains cas récents, et connus de tous, de tentatives de «muselage» de la presse et la liberté d’expression.
Cependant, il est à rappeler que, peu avant le message du Président décrétant cette journée, l’Algérie régressait de trois rangs par rapport à 2012 au classement mondial de la liberté de la presse en se positionnant à la très peu enviable…125ème place.
Journée mondiale de la presse
La Journée mondiale de la liberté de presse, et non pas Journée nationale de la presse tout court, a été instaurée par l’Assemblée générale des Nations unies en décembre 1993. Cette décision a été prise après la tenue du séminaire pour le développement d’une presse africaine indépendante et pluraliste. Ce séminaire qui s’est déroulé en 1991 à Windhoek, capitale de la Namibie (Afrique), a vu l’adoption de la Déclaration de Windhoek sur la promotion de médias indépendants et pluralistes. Cette déclaration exigeait l’établissement, le maintien et la promotion d’une presse pluraliste, libre et indépendante et mettait l’accent sur l’importance d’une presse libre pour le développement et la préservation de la démocratie au sein d’un État, ainsi que pour le développement économique. La Journée mondiale de la liberté de presse est célébrée le 3 mai de chaque année, date à laquelle ladite déclaration a été adoptée.