Le ministre a totalement exclu l’éventualité d’une cession des hôtels ou stations touristiques : « Ils resteront propriété de l’Etat. » Toutefois, selon lui, la gestion pourrait être confiée à des entreprises étrangères.
La ville de Tipasa a abrité, hier, les festivités officielles marquant la célébration de la Journée mondiale du tourisme sous le slogan « Le tourisme et le rapprochement des cultures ». Une journée célébrée aujourd’hui 27 septembre. Dans ce cadre, le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, M. Smaïl Mimoune, accompagné d’une délégation de cadres du ministère, a effectué une visite d’inspection et de travail dans la wilaya de Tipasa. Dans son allocution, le ministre a déclaré que « l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) célébrera comme tous les ans la Journée mondiale du tourisme et celle-ci a choisi le thème du « Rapprochement des cultures » pour cette édition ». Il ajoute que ce rendez-vous « sera l’occasion de mettre en valeur le rôle du tourisme pour rapprocher les cultures dans le monde et promouvoir une meilleure compréhension mutuelle des peuples dans le monde, grâce au tourisme ».
Le message transmis à l’occasion de cette Journée mondiale du tourisme est que « grâce au tourisme, des millions de personnes d’origines culturelles différentes vont se retrouver côte à côte dans le monde entier comme jamais auparavant », a expliqué M. Mimoune. Selon le premier responsable du ministère, « cette interaction entre personnes issues de milieux divers et aux différents modes de vie est une occasion unique de faire progresser la tolérance, le respect de l’autre et la compréhension mutuelle ».
Selon lui, cette journée donnera aussi l’opportunité aux pays du monde entier de promouvoir leur culture et de rappeler l’importance de la protéger. Lors de son passage, M. Mimoune a visité l’exposition des 32 artisans, à l’entrée de l’hôtel du complexe touristique Matarès. Pour sa part, la directrice du tourisme et de l’artisanat Mme Chenit Hadia a tenu à spécifier que la wilaya a tenu à « mettre en valeur toutes les potentialités touristiques et artisanales », et cela « sachant que le produit artisanal fait partie des produits touristiques de la wilaya de Tipasa », ajoute-t-elle.
Dans une déclaration à la presse, le ministre a indiqué que 45 unités (hôtels et groupes hôteliers) étaient concernées par l’opération de réhabilitation et de modernisation. Sur les 50 milliards, deux milliards ont été affectés à l’Office national du tourisme pour relancer et soutenir la promotion du tourisme. 48 milliards de dinars sont affectés aux hôtels : 21 milliards pour les travaux de réhabilitation et 15 milliards pour la modernisation des équipements. 5,10 milliards seront consacrés à l’extension de certains complexes touristiques et hôteliers et créer des espaces verts, des parkings er des piscines. A une question relative à une option de privatisation des hôtels et stations touristiques relevant du secteur public, le ministre a exclu totalement cette éventualité, affirmant que celles-ci « resteront propriété de l’Etat ». Toutefois, selon lui, la gestion pourrait être confiée à des entreprises étrangères.
Le ministre du Tourisme a saisi l’occasion de son passage dans cette wilaya pour rendre hommage aux trois cadres supérieurs du secteur touristique, il s’agit de M. Abderrahmane Berrouane, M. Athmane Sahnoune et M. Abdelkader Ben Yakdoumi. Pour rappel, la Journée mondiale du tourisme a été célébrée à partir de 1980, à l’initiative de l’OMT (Organisation mondiale du tourisme). C’est la date du 27 septembre qui a été retenue pour marquer l’anniversaire de l’adoption des statuts de l’OMT en 1970. L’objectif principal fixé par l’OMT est la prise de conscience de l’importance du tourisme du point de vue social, culturel, économique et même politique. Dans de nombreuses régions du globe, le tourisme arrive en tête des activités économiques, avec ses répercussions sur l’emploi, le brassage des populations, l’ouverture au monde et la circulation de l’information.
Sihem Oubraham
M. Smaïl Mimoune, ministre du Tourisme et de l’Artisanat : «Favoriser le tourisme réceptif et le tourisme interne»
Monsieur le ministre, pouvez-vous nous donner votre appréciation concernant la visite que vous venez d’effectuer dans la wilaya de Tipasa ?
En fait, cette visite s’inscrit dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale du tourisme, sous le slogan « Le tourisme et le rapprochement des cultures ». Un slogan choisi parce que le tourisme joue un rôle important sur le plan économique, social et même sur le plan du rapprochement des cultures entre les différentes nations et aussi entre les citoyens d’un même pays.
Quelle est la nouveauté, cette année ?
Comme je vous l’ai dit, nous mettons l’accent sur le développement du tourisme interne, des tourismes nationaux, car les Algériens ont le droit de connaître leur pays, c’est pour cette raison qu’il y a lieu de développer le tourisme interne. Les produits sont là, le citoyen est là, cela ne nécessite pas un grand investissement pour développer le tourisme interne. Je parlais tout à l’heure du logement chez l’habitant pour la saison estivale, de la réhabilitation également des camps de toile, et c’est ce qu’on a vu, cette année, ce qui a permis d’ héberger un grand nombre de citoyens algériens.
Pouvez-vous nous donner plus de détails sur la décision prise sur le nouveau rôle de l’ONAT ?
En ce qui concerne le tourisme réceptif, nous avons spécialisé l’ONAT comme entreprise non affiliée, rattachée directement au ministère du Tourisme et de l’Artisanat pour s’occuper principalement de cela afin de le développer, et également le tourisme interne et le tourisme des nationaux.
Pouvez-vous nous préciser où se situe principalement le déficit dans le secteur touristique ?
Nous avons un déficit dans l’hébergement. Ce déficit, nous allons le régler par les projets d’investissement qui sont en cours de réalisation. Actuellement, il y a 610 projets qui sont en cours de réalisation par le privé pour la création de 27.000 emplois directs et pour la réalisation d’une capacité d’hébergement supplémentaire de 66.000 lits, que nous pouvons ajouter aux 90.000 lits de la capacité actuelle. En ce qui concerne les infrastructures du secteur public qui datent du début des années 1970, et qui ont aujourd’hui besoin d’être mises à niveau, le Conseil des participations de l’Etat (CPE) leur a alloué un montant important pour la réhabilitation et la modernisation des équipements et même d’extension de bâtiments neufs au niveau de certains complexes touristiques. L’enveloppe globale est autour de 70 milliards de DA, 50 milliards de DA pour les hôtels du Nord et des Hauts Plateaux et 8 milliards de DA pour les hôtels du Sud qui sont au nombre de 10. Ce budget concerne également la rénovation et la modernisation des hôtels El-Aurassi et El-Djazaïr, et certains hôtels du Sud qui y sont rattachés. Ce qui démontre l’important effort consenti par l’Etat pour la modernisation du secteur public. Le secteur privé réalise et le secteur public se modernise en même temps, tout cela pour contribuer au développement du tourisme réceptif et de celui interne.
Ne pensez-vous pas que le déficit des complexes touristiques est surtout dû à la faiblesse de la gestion et de la prestation de service ?
Effectivement, mais il y a surtout une question de capacité d’hébergement. Et là, nous accusons un déficit énorme, mais la réalisation des projets d’investissement par le privé, la réhabilitation du particulier public va un petit peu améliorer la situation dans l’avenir. La question de la prestation de service est cruciale, nous devons alors l’améliorer pour être au service du client selon les normes internationales, c’est ce qui nous a amenés à revoir notre carte de formation pour redéployer notre appareil de formation et voir dans quelle mesure les autres secteurs pourront contribuer également au développement de la formation du secteur du tourisme, quantitativement et qualitativement.
Comme tous les autres secteurs, vous avez bénéficié d’une importante enveloppe budgétaire. Pouvez-vous nous dire quel est le montant global réservé au ministère du Tourisme ?
A l’horizon 2014, le programme de développement est de 51 milliards de dinars ; 31 milliards de dinars comme PEC et 20 milliards de dinars comme programme neuf, aussi bien pour le tourisme et 4 milliards de dinars réservés à l’artisanat ; 55 milliards de dinars pour la réalisation de pôle d’excellence de céramique, de l’orfèvrerie à Batna et la taille des gemmes à Tamanrasset, la réalisation également de la maison de l’Artisanat, du centre d’exposition, du centre de savoir-faire, et la réalisation du centre d’information touristique, parce qu’il faut que le touriste trouve un centre de formation et d’orientation touristique.
Vous allez participer dans deux jours à un séminaire sur le tourisme en Jordanie, pouvez-vous nous donner dans quel cadre est la participation de l’Algérie ?
C’est une rencontre annuelle du Conseil des ministres arabes du tourisme, sous l’égide de la Ligue arabe. Cette rencontre est programmée, chaque année, pour étudier toutes les questions de l’heure, notamment le programme de l’année prochaine.
Entretien réalisé
par S. O.