Journée mondiale de sensibilisation à l’Autisme,En Algérie c’est le vide!

Journée mondiale de sensibilisation à l’Autisme,En Algérie c’est le vide!

Rendre le sourire à tous les enfants autistes de Boumerdès et de l’Algérie

Le système sanitaire algérien est-il lui-même autiste tant il ne prend pas en compte ce qui se déroule autour de lui?

Le monde a commémoré, hier, la 5e Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme. Instituée en 2007 par l’Organisation des Nations unies, cette journée qui coïncide avec le

2 avril de chaque année via ses nombreuses manifestations est une occasion pour mettre en lumière ce trouble envahissant du développement.

En organisant le 2 avril, plusieurs manifestations et conférences animées par des spécialistes afin de sensibiliser la société sur l’autisme, des associations et des collectifs des parents d’enfants autistes ont commémoré cette Journée mondiale à travers le pays. C’est le cas de l’association interwilayas «Les Jardins de l’espoir» dont le siège est à Dellys, wilaya de Boumerdès. Cette dernière, qui a choisi son slogan «Pour que les rêves deviennent réalité» vise à rendre le sourire à tous les enfants autistes de Boumerdès et de l’Algérie.

La présidente de cette association, Mme S. Ghernaout en partenariat avec M.Farid Noui, nous a affirmé que «suite à l’appel à la solidarité qu’on a fait pour vaincre l’autisme, nous avons recensé pas moins de 15 cas d’autistes au niveau de la ville de Dellys uniquement!» Et d’ajouter: «Coopérant ensemble, partenaires, fondateurs, bénévoles, parents, amis, proches, spécialistes, médecins, étudiants et même commerçants, notre ambition est de construire un centre spécialisé pour cette catégorie marginalisée.» De même, le collectif des parents d’enfants autistes de la wilaya d’Oran en collaboration avec la crèche «Leo Kanner» présidée par Mme Farida Mellikeche, psycho-orthophoniste a organisé une journée d’étude ayant pour thème «Ensemble pour vaincre l’autisme». Selon les organisateurs, l’objectif de cette manifestation est la sensibilisation sur l’importance de la collaboration des parents avec les thérapeutes pour la prise en charge des enfants autistes en vrie de leur donner toutes les chances pour une insertion sociale réussie.

Mobilisation des associations et des collectifs des parents d’enfants autistes

C’est le cas de toutes les associations et organisations activant dans ce domaine de sensibilisation à l’autisme. Certes, l’autisme est un trouble complexe mais, dans bien des cas, un traitement adapté et précoce permet de constater des améliorations.

C’est pourquoi il importe tellement de faire un travail de sensibilisation aux manifestations de l’autisme et de proposer des services aux personnes atteintes et cela le plus tôt possible, en leur offrant à titre d’exemple une pédagogie qui leur convient.

A cet effet, le Secrétaire général de l’ONU avait affirmé que «la Convention des Nations unies sur les droits de personnes handicapées, entrée en vigueur en mai 2008, était un outil précieux pour corriger ces situations de mauvaise prise en charge des autistes». A ce jour, près de 144 pays ont signé la Convention dont l’Algérie et 83 autres pays l’ont ratifiée. Rappelons qu’en promouvant l’adhésion universelle, cette convention vise à permettre une meilleure compréhension de l’autisme. En effet, l’Algérie traite très mal les personnes atteintes de ce trouble du développement. Aucune activité n’est programmée par l’Etat algérien! Ce qui prouve pour la énième fois que le système sanitaire algérien est en panne.

Il n’échappe à personne le fait que peu de structures adaptées existent pour les accueillir et les méthodes de traitement utilisées donnent de très maigres résultats accentuées par le manque flagrant de pédopsychiatres et de professionnels formés aux méthodes comportementales et éducatives. A ce propos, on s’interroge si la santé mentale algérienne existe vraiment?

Autrement dit, le système sanitaire algérien est-il lui-même autiste tant il ne prend pas en compte ce qui se déroule autour de lui en matière de prise en charge de l’autisme? D’ailleurs, en France, la campagne «Vaincre l’autisme» est devenue la grande cause nationale 2012.

L’Algérie réussira-t-elle à combler une partie de son retard grâce à la mise en oeuvre de différents plans autisme pour assurer une meilleure coordination des équipes à travers le territoire national? Certes, on ne guérit pas de l’autisme. Cependant, il est possible de compenser efficacement les déficiences grâce à une éducation appropriée. Ainsi, la précocité du dépistage et du diagnostic est d’une importance capitale pour mieux agir. Cette journée mondiale vise à informer le grand public qui n’a qu’une connaissance approximative de l’autisme.

L’autisme est une réalité. Selon des statistiques approximatives du ministère de la Solidarité nationale, l’Algérie compte pas moins de 56.000 autistes dont 1000 à Constantine seule! De même, selon les plus récentes statistiques de l’ONU, ce trouble touche 1 personne sur 10.000 dans le monde. Ainsi, il affecte plus de 67 millions de personnes au niveau mondial.

Certes, il n’est pas possible de dépister tous les cas autistiques pour plusieurs raisons. Ainsi, le nombre de personnes atteintes d’autisme continue d’augmenter sans distinction de nationalité ou d’autres considérations. «De tous les troubles graves de développement, l’autisme est celui qui connaît la plus rapide expansion dans le monde. Cette année, le nombre de cas d’autisme diagnostiqué chez des enfants sera supérieur aux diagnostics de diabète, de cancer et de Sida additionnés», avait déclaré M.Ban Ki-moon, Secrétaire général de l’ONU, lors de la commémoration de la 4e journée mondiale de sensibilisation à l’autisme.

C’est quoi l’autisme?

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’autisme qui est appelé également le monde virtuel est un trouble envahissant du développement. Caractérisé par un développement anormal ou déficient, ce trouble touche environ 1 personne sur 1000 personnes et près de cinq fois plus les garçons que les filles. Il est caractérisé par des perturbations au niveau des interactions sociales, communication et langage ainsi que l’absence des sens conceptuels.

C’est dire que l’autiste a du mal à ressentir l’existence de l’autre. L’autisme dont les causes restent indéterminées existe sous différentes formes et degrés de gravité. A cet effet, plusieurs études sont faites pour investiguer les origines de ce trouble. Selon une étude publiée récemment dans The Journal of the American Medical Association (Jama), les enfants autistes présentent plus de neurones, une surabondance de neurones corticaux, et un cerveau plus gros que ceux des enfants normaux.

C’est prouvé que le cerveau est le siège de diverses fonctions cognitives supérieures telles que le langage, le raisonnement et la communication. Basant sur le fait que ces compétences sont les plus affectées par le syndrome de l’autisme, les neurologues ont estimé qu’une prolifération excessive des neurones pourrait être la cause de l’autisme, due à un dysfonctionnement prénatal. Pour quelques spécialistes, par ailleurs, il s’agit d’un état génétique et non pas d’une maladie.

Pour d’autres, c’est une contamination microbienne ce qui fait que l’autisme est curable grâce aux antibiotiques. Pour notre part, on s’interroge: peut-on devenir autiste suite à un accident ou un traumatisme? En tout cas, les origines de l’autisme restent encore inconnues tant elles diffèrent d’un autiste à un autre. Dans ce contexte, le Dr Taïbi d’Oran affirme que «jusqu’à maintenant, il n’y a aucun traitement magique pour guérir de l’autisme». Et d’ajouter: «Tous les résultats avancés sont des hypothèses qui restent à prouver sur des bases scientifiques.» Ainsi, refusant tout contact avec l’extérieur, le problème majeur est de comprendre comment un autiste fonctionne. «Nous devons tous appendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons tous mourir ensemble comme des idiots», Martin Luther King. C’est le moment ou jamais de créer une société solidaire en aidant cette catégorie qui tente de revenir parmi nous pour vivre pas forcément comme les autres, mais simplement parmi eux.

D’autre part, intégrer les enfants autistes en milieu scolaire ordinaire après les classes adaptées reste un objectif prioritaire dans le monde. Toutefois, le large spectre des troubles des enfants atteints par la maladie ne permet pas d’établir une unique solution éducative pour tous.

Aider les enfants autistes à se socialiser

En outre, le véritable défi est de les admettre comme ils sont et les aider à réaliser ce qu’ils peuvent apporter au monde au lieu de les marginaliser et de les laisser crier seuls leur révolte après leur avoir appris à parler et à donner un sens à leur comportement. L’Algérie accuse encore un important retard en matière d’accompagnement des personnes autistes. Ce qui fait que ces citoyens au potentiel unique et synergique, souffrent seuls de solitude et de renfermement sur eux-mêmes.

Devant cette situation dramatique marquée par l’absence totale de prise en charge par l’Etat algérien, des associations de parents et de professionnels ont été créées pour accompagner les autistes et leurs familles, qui ne trouvent même pas à qui s’adresser, avec une prise en charge éducative des sujets autistes et un soutien aux familles.