Journée mondiale de l’eau : L’or bleu au cœur de tous les enjeux

Journée mondiale de l’eau : L’or bleu au cœur de tous les enjeux

C’est le 22 mars que la communauté internationale célèbre, sous l’égide de l’ONU, la journée internationale de l’Eau. Le Congrès mondial de l’eau qui se tient depuis, hier, à Marseille, a inscrit au cœur de ses travaux l’expérience algérienne en matière de gestion et de distribution de cette ressource, d’où la présence du ministre des Ressources en eau, M. Abdelmalek Sellal, à ce rendez-vous.

La politique novatrice de notre pays en matière de distribution de l’eau est également l’objet d’un document qui sera distribué au début à la même période à Istanbul à l’occasion d’un forum organisé par l’Organisation de la Conférence islamique (OCI). Vital, cette ressource est au cœur de stratégies de puissance avec des enjeux politiques, économique et sociaux, des enjeux de sécurité nationale. L’histoire nous a appris que les conflits autour de l’eau remonte à plus de 2500 ans avant Jésus-Christ opposant les citées mésopotamiennes de Lagache et de Umma.

« Les guerres de l’eau » dont parlent aujourd’hui la plupart des experts ne sont donc pas nouvelles et les enjeux autour de cette précieuse ressource sont principalement rattachés à sa géopolitique. Les consommateurs algériens ne semblent pas avoir mesuré toute l’ampleur du séisme qui s’annonce dans leur rapport à une ressource dont ils ont longtemps ignoré le caractère précieux. Pourtant, le rapport de l’Algérien avec l’eau a pendant longtemps été très « charnel ».

Qui ne se souvient pas de cette période pas lointaine où les familles algériennes veillaient très tard la nuit pour attendre désespérément cette goute d’eau qui fait chanter nos robinets ? Qui ne se souvient de ces jerricans remplies d’eau que hommes et femmes ramènent du hammam du quartier et font monter jusqu’au sixième, voire huitième étage de manière quotidienne et lassante ?

Il est vrai que la situation aujourd’hui s’est beaucoup améliorée. Ces images choquantes d’enfants portant des seaux d’eau plus lourds que leur poids n’existent plus. Mais peut-on pour autant être rassurés que dans les années à venir on n’assistera pas au même spectacle ? Surtout quand on entend les experts et spécialistes tirer la sonnette d’alarme.

« Les ressources en eau en Algérie atteindront leurs limites à l’horizon 2020-2025. Si des mesures ne sont pas prises dans l’immédiat, l’Algérie verra ses sources en eau se tarir, notamment dans les Hauts Plateaux et les steppes », avait déclaré le directeur de l’Agence algérienne pour les changements climatiques, M. Mustapha Kara. Fausse alerte ? Information alarmante ? Dans tout état de cause, l’Algérie a décidé de miser sur des usines de dessalement de l’eau de mer. Dix stations sont déjà en service dans le pays.

Un nombre que les autorités comptent monter à 43 à l’horizon 2019 pour répondre aux besoins domestiques nationaux. Toutefois, et même si le taux journalier de l’eau qu’on reçoit dans nos robinets est de plus en plus régulier la distribution reste le maillon faible des autorités en matière de gestion de l’eau.

Les réseaux de distribution sont très abîmés, cassants et très anciens, ce qui rend la distribution très perturbée, quelquefois impossible.

Cet or bleu qualifié pourtant d’intarissable se raréfie et le manque d’eau potable inquiète décideurs et population. L’une des grandes contradictions de la nature humaine est que nous n’accordons aux choses toute leur valeur qu’à partir du moment où elles deviennent rares. Ainsi, nous n’apprécions l’eau qu’une fois le puits tari. Or, les puits ne se tarissent plus seulement dans les zones de sécheresse, mais également dans des régions qui jusqu’ici ne connaissaient pas ce genre de problème.

Farida Larbi

«7 morts toutes les minutes dans le monde…»

Lorsque l’eau vient à manquer de par le monde, ce déficit chronique ajouté aux ravages de la pollution provoquent un véritable désastre, notamment sur les enfants, population vulnérable par excellence. Faits et méfaits…

Comme chaque année le point s’impose à propos de l’état des lieux concernant les disponibilités mondiales de ce précieux liquide et leur répartition. Outre, évidemment, la nature de cette source de vie par excellence pour qui sait toutes les impuretés qu’elle charrie et dont il serait peu de dire qu’elles sont souvent mortelles. Globalement et à en croire des statistiques fiables, puisque émanant d’institutions réputées pour leur sérieux notamment l’OMS, il se trouve que « 800 millions d’habitants de par la planète ne bénéficient pas de l’accès à l’eau » tandis que sur un autre versant non moins vital « plus de 2,5 milliards de personnes n’ont même pas d’installations sanitaires ». Pourtant et cela est à inscrire à l’actif des organismes universels en charge de la gestion de cette source sans laquelle la vie ne vaut rien « l’objectif du millénaire de réduire de moitié d’ici 2015 le nombre d’habitants sans eau par rapport à 1999 a été atteint avant terme ». Et toujours selon l’OMS, l’Unesco et l’Unicef « au total 89% des humains, soit 6,1 milliard auront fin 2010 auront accès à des sources améliorées d’eau potable alors que l’objectif pour 2015 était de 88%. » Voilà qui paraît de nature à rassurer. Même si on a tôt fait de déchanter à la lecture d’autres sources non moins crédibles « entre 3 à 4 milliards de personnes n’ont pas accès de façon pérenne à l’eau soit plus de la moitié de la population mondiale ». Par ailleurs et les faits sinon les chiffres sont encore une fois têtus « pas moins de 1 milliard de personnes n’ont droit qu’à quelques heures par jour et à quelques jours par semaine à cette manne ». Qu’en est-il de la situation dans notre continent ? Le moins qu’on puisse dire est que les voyants à ce niveau ne sont vraiment pas au vert et pour cause : « Globalement les différences entre l’Afrique subsaharienne et le Vieux continent révèlent un écart considérable. Ainsi plus de 40% d’habitants n’ont pas accès à l’eau potable à l’instar des pays émergents de l’Amérique latine et d’Asie par exemple ». Pire et s’agissant des campagnes des pays pauvres, il y a lieu de relever que « 97% en sont privés pendant que 14% boivent pour leur part l’eau des rivières, des lacs et des étangs ». Précision utile s’il en est et non moins effarante « les animaux s’abreuvent aussi aux mêmes points d’eau ». Côté assainissement idem quant à l’aspect dramatique des choses. Corroboré par ces statistiques qui se passent de tout commentaire, « 2,5 milliards de personnes ne disposent pas, fin 2010, d’installations sanitaires tandis que 1,1 milliard d’êtres pratiquent toujours la défécation à l’air libre en milieu rural pour la majorité ». Et comme les pays riches ont toujours la partie belle « 90% des eaux usées des pays développés s’écoulent et se déversent dans les rivières, lacs et étangs ». Enfin et la réalité est plus qu’amère : il faut savoir en effet que les eaux insalubres sont « la première cause de mortalité dans le monde en causant le décès de 3,6 millions de victimes par an dans le monde dont une majorité d’enfants ». Ces derniers étant, forcément, les plus vulnérables.

A. Zentar