Les critères de classement des pays pour jauger de leur conformation à la liberté d’expression ont trait souvent aux peines d’emprisonnement prononcées à l’encontre des journalistes ou à leur élimination physique.
De ce fait même d’après un rapport récent publié par Reporters sans frontières (RSF) l’Algérie a amélioré son classement, passant de la 133e à la 122e place. Cette remontée est due, selon RSF, à la diminution du nombre de procès contre les journalistes. Le premier État d’Afrique le plus respectueux de la liberté de la presse vient juste après les pays de l’Europe. Il s’agit du Cap-Vert, qui a été classé 9e. La Namibie est classé 20e devant le Japon et le Royaume-Uni. Mais l’Algérie est devancée par le Botswana (42e), les Comores (45e), et même par le Mali (25e), le Niger (29e) et le Ghana (41e). Cela dit, 2012 a vu chez nous la promulgation d’une loi organique relative à l’information, qui abroge la loi de 90 qui n’a jamais été appliquée à 100 %, puisque des dispositions étaient restées lettres mortes comme l’édiction d’un statut pour les journalistes et la mise en place des instances de régulation et du conseil de déontologie. La nouvelle loi réactive toutes ces instances, mais il faudrait encore attendre l’élection de la nouvelle assemblée populaire nationale pour que la mise en place des instances prévues soit possible, sachant qu’une partie des membres de ces instances devraient être désignés parmi les parlementaires conformément à la loi. Si les journalistes algériens n’ont eu de cesse de réclamer tout au long de 2011 l’amélioration de leur salaire ainsi que la promulgation d’un statut pour les journalistes, la réponse officielle ne devait tomber qu’à la mi-avril de l’année en cours. Un accord sur «la grille des salaire de référence» était intervenu entre le ministère de la Communication, les syndicats et les représentants des entreprises de presse publique. Car le département de Mehal a décidé de couper la poire en deux en décrétant que la grille ne concernerait que le secteur public à l’exclusion de la presse privée, le ministre ayant argué qu’il ne pouvait contraindre les entreprises de presse de droit privé à aligner leurs salaires sur ceux du public. Ce qui a été perçu comme une injustice par les journalistes des titres dits «indépendants». L’édiction de cette grille de salaires est intervenue au lendemain d’un cycle de mobilisation de la corporation, qui, dans le sillage du printemps dit arabe, a tenu, à son tour à profiter de ce vent de liberté qui soufflait sur le pays pour organiser sa protestation, laquelle a dû se traduire par des arrêts de travail à la radio, la télévision et même au quotidien El Moudjahid, qui devait du reste sacrifier son directeur.
L’accord sur la nouvelle grille de référence des journalistes et assimilés de la presse publique a été présenté par un communiqué officiel comme «un début de remise à niveau de la profession». L’accord collectif prend effet à partir du 1er janvier 2012 et le point indiciaire a été arrêté à 40 DA.
La corporation des journalistes demeure l’une des corporations les moins régulées en Algérie. De nombreuses entreprises de presse n’assurent pas à leurs employés, quand bien même ils sont «permanisés» une couverture sociale comme l’exige la loi. Une loi sur la publicité dont on attend qu’elle fixe les règles de distribution entre les titres, n’a pas encore vu le jour. Il existe une floraison de quotidiens, plus d’une soixantaine et des dizaines de publications spécialisées. Mais les revues (hebdos et mensuels) d’analyse politique y sont très rares et beaucoup de publications spécialisées se font toujours avec du papier journal (le même que celui des quotidiens) et dans le même format tabloïd. Faute de statistiques et de sondage, on ne connaît pas le nombre de tirage concernant chaque publication. La nouvelle loi sur l’information désormais fait obligation aux différents titres de publier leur tirage mais elle donne encore un délai pour s’y conformer. Notons que les titres traditionnels sont actuellement concurrencés par la presse électronique. De plus en plus la Toile est investie par les journaux on ligne s’intéressant au domaine Algérie. Ce qui a poussé de nombreux journaux à générer eux-mêmes du contenu interactif sur leur site web, certains diffusent mêmes des informations en instantané.
Par : LARBI GRAÏNE