Journée mondiale contre la peine de mort : Un progrès certain depuis 2003 en Algérie

Journée mondiale contre la peine de mort : Un progrès certain depuis 2003 en Algérie
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A l’occasion du 9e anniversaire de la célébration de la Journée mondiale contre la peine de mort qui coïncide avec le 10 octobre de chaque année, la section algérienne d’Amnesty International a organisé hier au siège de la Mutuelle des matériaux de construction de Zéralda une conférence-débat sur la peine de mort entre politique et droit.

Animée par Maître Seghir Lakhdar, membre fondateur de ladite section et coordinateur du réseau anti-peine de mort qui a fait remarquer que la peine de mort n’est pas une décision religieuse ou juridique, mais avant tout une décision politique. La religion a sa position alors que les politiques divergent : il y a ceux qui sont pour et ceux qui sont contre», a-t-il affirmé.



Abordant le volet historique, l’intervenant explique que dans les pays européens, ce sont souvent les conditions politiques qui ont décidé de son interdiction ou de son maintien. «Juridiquement, les choses évoluent chez nous, mais lentement ». Pour ce qui est du gel de la peine de mort en Algérie et ce depuis 2003, le conférencier a indiqué que cette décision symbolise un certain progrès dans la législation algérienne. Les débats ont porté sur la vision religieuse qui empêche la législation de débloquer la situation en la matière, car selon les intervenants « nos religieux refusent de voir la vérité en face ».

En marge de cette rencontre, les conférenciers participeront à l’université d’été organisée jusqu’au 13 octobre prochain, en partenariat avec la fédération Frédéric-Nomane. Plusieurs activités y sont inscrites, à savoir la formation des formateurs sur le thème, la présentation du réseau jeune et activités à l’occasion du 50e anniversaire d’Amnesty International, les droits de l’homme et les obstacles en matière de communication, liberté des cultes et instruments internationaux en matière de droits de l’homme…

LG Algérie

S.S.

Ksentini : «Inappliquée depuis 20 ans»

A l’instar des autres pays, l’Algérie a célébré hier la Journée internationale contre la peine de mort. Dans ce cadre, il est peu -être utile de rappeler que la peine de mort n’a pas été appliquée dans notre pays depuis 1993, lorsque l’ancien Président Liamine Zeroual avait prononcé un moratoire sur les exécutions. Revenant du 4e Congrès mondial pour l’abolition de la peine de mort, organisé au mois de février 2009 à Genève, maître Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l’omme, a déclaré à la presse que cette peine était « inappliquée » depuis vingt ans, et que l’Algérie devait « s’en débarrasser ». Nous vient à l’esprit la déclaration de M. Tayeb Belaïz, ministre de la Justice, garde des Sceaux, en juin 2004, annonçant que « la peine de mort en vigueur dans les lois algériennes sera abolie », avant d‘ajouter que « cette abolition ne concernera pas le terrorisme, l’atteinte à la sécurité de l’Etat, la trahison et les crimes d’infanticide et de parricide.»

Ce n’est pas le cas du Président du Haut conseil islamique, M. Cheikh Bouamrane, qui a déclaré pour sa part que son organisation « ne pourra jamais cautionner l’abolition de la peine de mort », en ajoutant que « dire oui serait remettre en cause plusieurs versets du saint Coran ». Lui emboitant le pas, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, M. Bouabdellah Ghlamallah, a indiqué lors de l’ouverture de la Semaine nationale du saint Coran qui s’est tenue à Alger qu’il s’inscrivait « contre l’abolition de la peine de mort ».

Au plan international, l’Algérie a signé plusieurs accords favorables à l’abolition de la peine de mort et en 2004, le législateur a ratifié la nouvelle Charte arabe des droits de l’homme, qui rejette l’application de la peine capitale. En effet la nouvelle Charte précise dans son article 7 que « la peine de mort ne peut être prononcée contre des personnes âgées de moins de 18 ans sauf disposition contraire de la législation en vigueur au moment de l’infraction ».

Mourad A .