Journée internationale du braille L’école d’El Achour, un modèle

Journée internationale du braille L’école d’El Achour, un modèle

Sur presque quatre hectares, dans la commune de Draria, se dresse l’Ecole des jeunes aveugles d’El Achour. Avant l’Indépendance et jusqu’en 1947, elle a été occupée par la famille Beraud.

En 1948, cet édifice devient une annexe de soins pédiatriques de l’hôpital Beni Messous, jusqu’en 1967. Depuis cette date, le bâtiment abritera le siège d’une école pour non et mal-voyants, liée au ministère de l’Education, sous tutelle du ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme. 192 élèves fréquentent cette école dont 134 en interne et 58 autres en externe. Cette institution est composée de 12 classes dans le cycle primaire, 8 classes dans le moyen et 2 dédiées au préscolaire, dont une classe accueille les élèves qui souffrent de troubles associés.

Dans cette école, les élèves suivent leurs cours sur des tablettes spécial braille. Un outil important puisqu’il permet de transcrire l’alphabet braille. Ce sont des signes internationaux utilisés de par le monde, sauf que l’écrit est de droite à gauche et la lecture est effectuée de gauche à droite. Avec le développement des moyens de communication, l’école d’El Achour s’est dotée, il y a quelques années, de plages tactiles. C’est un logiciel qui transforme tout ce qui est sur écran en braille, accompagné du vocal. Les élèves du palier moyen, à tour de rôle, prennent des cours d’informatique. Un outil incontournable pour leur cursus scolaire et autre.

Dans cette école, le taux de réussite est de 100% que ce soit pour les examens de 6e ou le BEM. Dans la salle réservée à l’apprentissage de l’informatique, Mme Fouzia Hadj Youcef a la charge du matériel informatique. Le winbraille est un logiciel qui fait la transcription de l’écriture normale à celle du braille. Mais l’école d’El Achour s’est dotée d’un nouveau logiciel plus performant. Il s’agit du DBT « Dicbury Braille Translater », plus performant et connecté à l’imprimante « Index braille ». Les professeurs qui exercent au sein de cette institution sont majoritairement des non-voyants. L’ordonnatrice, Mme Fatiha Igoulalène, explique que les élèves non voyants qui réussissent, avec en poche, une licence ou un doctorat ne trouvent malheureusement pas de travail facilement. Ils reviennent ici, le plus souvent, et se spécialisent dans l’enseignement. L’un d’eux est Mahmoud Chettouh, âgé de 32 ans.

Ce jeune homme possède déjà cinq ans d’expérience au sein de l’école. Il souffre d’une cataracte congénitale bilatérale. C’est un mal-voyant qui peut conduire une voiture sur une petite distance. Il effectué sa scolarité sur les lieux mêmes. Après l’obtention du BEM, il s’inscrit à Dely Ibrahim, à l’Ecole d’éducation physique et sportive (EPS). Il a été le premier et le dernier mal-voyant à être accepté dans cette institution. Par ailleurs, il remporte avec succès un concours d’enseignant à Constantine pour trois années d’études. Une fois le diplôme en poche, l’école des jeunes aveugles d’El Achour l’accueille à bras ouverts. Mahmoud connaît bien les lieux et le personnel. Il n’a pas rencontré des problèmes d’adaptation. Son métier d’enseignant est, chez lui, une seconde nature du moment que le secteur de la solidarité met à disposition tout le matériel nécessaire, selon les normes.

Le goalball, un sport incontournable pour les non-voyants

Pour la petite histoire, cette discipline a été créée en 1946. L’objectif était d’occuper les vétérans de la Seconde Guerre mondiale ayant subi une déficience visuelle. Ce sport se joue en gymnase. Il consiste à lancer le ballon de 1,25 kilogramme comportant des cloches bruyantes pour orienter les joueurs. En 1976, il a été ajouté au monde des Jeux paralympiques à Toronto. Bien que les enseignants dans les disciplines de judo, athlétisme et goalball soient en nombre suffisant, il manque, par ailleurs, les éducateurs spécialisés en handisport en collaboration avec la Fédération handisport. Toutefois, une petite lueur d’espoir pointe à l’horizon : une convention va être signée avec la fédération incessamment à Alger.

Le psychologue, plus qu’un ami, un pilier important

L’approche doit être effectuée avec les parents. On doit expliquer à l’élève le fonctionnement de l’école (internat ou externat), le matériel, comment écrire sur les tablettes, l’utilisation du poinçon, le premier outil qu’il doit manier correctement. Une fois admis, l’élève doit être présenté à la classe, à l’enseignant ou à l’éducateur. Ce dernier doit le familiariser avec l’espace dans lequel il va vivre cinq jours par semaine. « S’il y a refus de la cécité, un travail avec le psychologue doit être fait en présence des parents », a-t-elle expliqué. « Les parents, a-t-elle ajouté, sont désignés pour dédramatiser et informer leur enfant, et le personnel médico-social interviendra pour conseiller, orienter et suivre l’enfant. »

La cuisine et le ménage font partie du cursus scolaire des non-voyants

Les sahraouis impressionnés par l’école d’El Achour

Le but, dira-t-il, est de prendre en charge les handicapés visuels des différents camps. « Chez nous, le nombre des handicapés en général et les non-voyants, en particulier, est en augmentation. » Les causes sont multiples. En plus de la guerre, il y a les maladies congénitales, le trachome, les mariages consanguins et les accidents de la route. Sur place, la délégation a visité les différents blocs de l’école : administratif, cuisine, infirmerie, salles d’informatique, de cours, etc. Cette délégation souhaite reproduire cette expérience chez elle, pour prendre en charge les handicapés visuels.