Journée internationale des personnes handicapées, Etat des lieux préoccupant

Journée internationale des personnes handicapées, Etat des lieux préoccupant

Alors que des milliers de personnes handicapées souffrent à huis clos d’une mauvaise prise en charge tout au long de l’année, les voix officielles s’expriment au nom de la solidarité à chaque fois qu’il s’agit d’une personne aux besoins spécifiques.

Les seules journées où l’on parle des handicapés sont celles nationale ou internationale qui leur sont dédiées, occasions habituelles qui évoquent leurs problèmes en Algérie.



Le ministère de la Solidarité est connu pour être le département qui se taille la part du lion dans les déclarations et les festivités lors de ces journées.

Il s’agit pourtant de personnes qui n’ont pas besoin de solidarité mais d’une prise en charge réelle et d’accessibilité aux différents secteurs : éducation, enseignement supérieur, santé, transport, emploi… De ce fait, il s’avère très insuffisant de voir seulement le ministère de la Solidarité s’exprimer au nom de cette frange pour défendre leurs droits et prendre en charge leurs préoccupations.

La ministre de la Solidarité nationale, Mme Bendjaballah, a souligné hier, à l’occasion de la Journée internationale des personnes handicapées, l’importance «capitale» de l’accessibilité des personnes handicapées aux différents domaines de la vie quotidienne.

Elle a par ailleurs évoqué les différents volets liés à la politique de prise en charge sociale de cette frange de la société, par la délivrance de la carte de personnes handicapées, leur permettant ainsi de bénéficier notamment de la pension mensuelle, de la couverture sociale et de la gratuité ou la réduction sur les tarifs de transport.

Si les discours officiels ont tendance à assurer que cette frange bénéficiera de tous ses droits et que sa prise en charge sera meilleure, il n’en demeure pas moins que ce qui reste à faire en termes de prise en charge des handicapés est loint d’être atteint.

Pour preuve, plusieurs cas de handicapés de naissance ont la possibilité de guérir s’ils sont pris en charge à temps, alors que d’autres sont le résultat de la mauvaise prise en charge au niveau des hôpitaux.

À titre d’exemple, des chiffres donnés par le professeur Messaouda Haridi, chef du service néonatalogie, font ressortir que «sur 10 000 naissances par an, 10% de cas d’asphyxie dans les premières minutes de la naissance sont enregistrés, soit 100 cas par an dont la plupart se développe en un handicap à vie pour l’enfant.

Un handicap défini comme étant une Infirmité motrice d’origine cérébrale (IMC)». Le Pr Haridi indiquera qu’«un tiers des handicapés chez les enfants est dû à une asphyxie à la naissance, donc à une mauvaise prise en charge des nouveau-nés dans les cinq premières minutes suivant leur naissance».

La même source fait savoir que les 40 000 enfants atteints d’Infirmité motrice d’origine cérébrale (IMC) «ne bénéficient pas en Algérie d’une prise en charge réelle et adéquate». L’Algérie ne compte en effet que quatre centres de prise en charge pour cette catégorie de handicapés.

Ceux handicapés de naissance qui ont la possibilité de guérison en cas de suivi médical approprié n’ont pas la chance de trouver une place dans les hôpitaux ou dans les centres spécialisés.

Autre amère réalité, bon nom-bre de handicaps en Algérie sont le résultat d’accidents de voitures ou domestiques et la prise en charge de cette catégorie laisse à désirer. C’est dire enfin que le handicapé nécessite plus des soins et une prise en charge réelle plutôt que de la solidarité.

Y.A.