Journée internationale de l’élimination de la violence envers les femmes: La réalité algérienne

Journée internationale de l’élimination de la violence envers les femmes: La réalité algérienne
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Date internationale soutenue par l’ONU, le 25 novembre est l’occasion de rappeler qu’en Algérie, les violences sont multiples: violences au sein du couple, violences au travail, viols et agressions sexuelles…

Malheureusement, l’actualité récente ne manque pas de nous démontrer l’ampleur de cette violence: Comme la jeune Razzika Chérif, morte pour avoir refusé les avances d’un dragueur. Les violences et le harcèlement sont partout, la rue est désormais devenue un théâtre d’atrocités, toutes les femmes ont au moins une fois étaient victimes d’un quelconque harcèlement ou attouchement juste en sortant dehors, aussi, beaucoup d’entre elles refusent d’en parler, car pour certains, ça serait de la faute des victimes, de leur tenue vestimentaire, de leur comportement, ou tout simplement du fait même d’être dans la rue.

Avec l’avènement des réseaux sociaux, le harcèlement ne se contente plus de la rue, il franchit le pas de la porte , et continue sa sale besogne à la maison, internet devenant le nouveau terrain de chasse de ces machos. Car pour faire le buzz, certains sont prêts a tout, et leur cible préféré: les femmes! le printemps passé, une campagne sur facebook (qui a d’ailleurs aussi continué dans la rue) avait beaucoup fait parlé d’elle, le slogan de celle-ci: « sois un homme et ne laisse pas ta femme sortir dehors avec des habits provocants », elle avait été lancé après la fameuse affaire de la jupe trop courte à la fac de droit de Said Hamdine, et nous avait servi son lot de commentaires misogynes, parfois même émanant de femmes se sentant obligés de cautionner le comportement de ces hommes qui se cachent derrière leurs écrans d’ordinateurs.

Autre fléau qui touche notre société: la violence conjugale.Au total, 7 010 femmes ont déposé plainte pour violences durant les neuf premiers mois de 2013, dont 5 034 victimes de violences physiques, a indiqué la commissaire divisionnaire, Mme Kheira Messaoudène, chargée du bureau national de la protection de l’enfance, de la délinquance juvénile et de la protection de la femme victime de violences à la direction de la Police judiciaire. Elle a ajouté que parmi elles, 1 673 femmes ont été victimes de mauvais traitements, tandis que 27 autres ont été victimes d’homicide volontaire. D’un autre côté, une enquête réalisé en 2013 par le Ministère de la Santé, en collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) explique que 59% des femmes algériennes, âgées entre 15 et 49 ans estiment qu’un mari a « le droit de frapper ou de battre » son épouse pour diverses causes, ce qui explique que beaucoup de victimes ont peur de porter plainte, il faudrait donc encourager ces femmes à ne pas avoir peur de parler, en soutenant les associations qui luttent contre les violences faites aux femmes, ou en lançant des campagnes de sensibilisations.

Malgré la persistance de ces violences, la loi contre les violences conjugales adoptée à l’APN en mars 2015 est toujours bloquée au Sénat depuis le mois d’août. Ce texte prévoit une peine de prison allant de un à 20 ans pour tout homme ayant battu sa femme, selon la gravité des blessures, et la réclusion à perpétuité si elle meurt. Le texte innove en introduisant la notion de harcèlement de rue et une disposition visant à protéger les ressources financières des épouses. Le blocage de cette loi importante suscite l’incompréhension et la colère des associations féministes qui réclament sa promulgation sans délai. Cette mobilisation demeure pour l’instant sans effet.

En ce jour de lutte contre les violences envers les femmes, nos pensées vont à Razzika Cherif mais aussi à d’autres femmes dont la vie s’est arrêtée dans des conditions similaires.