Les sages-femmes algériennes ont commémoré, jeudi dernier, leur Journée internationale. Un séminaire de formation continue, a été organisé pour marquer l’événement, à la Mutuelle de construction de Zéralda.
La sage-femme exerce un métier difficile, voire à risque. Pour beaucoup, il symbolise le courage, la détermination d’accompagner la femme enceinte pour mettre son bébé au monde, en toute sécurité, après neuf mois de grossesse. Elle a la responsabilité du déroulement de l’accouchement normal, depuis le diagnostic de début de travail jusqu’à la délivrance. Le métier de sage-femme est l’un des plus nobles au monde il consiste non pas à couper le le cordon ombilical du nouveau né, mais s’assurer surtout que toutes les conditions sont réunies pour que le bébé et la maman sortent indemnes de cette épreuve, c’est tout à la fois une tâche gratifiante et exigeante.
Etre sage-femme ou accoucheuse est une passion, une véritable vocation qui requiert autant de compétences techniques que de savoir-faire relationnel puisque chaque moment de la délivrance est vécu par cette «seconde» mère avec une grande intensité.
En effet, en dépit de l’évolution de la médecine qui a permis l’émergence de la gynécologie obstétrique, en Algérie et ailleurs, la sage-femme continue à être au chevet de la femme enceinte, pour annoncer l’heureuse nouvelle de la venue au monde du bébé et assurer le suivi des grossesses, notamment au niveau des régions enclavées, dépourvues de maternité ou encore de spécialistes en gynécologie obstétrique.
Cette spécialité a fait son apparition, dans notre pays, en 1858, affirmera, Mme Galouz Hadia, membre du bureau exécutif du syndicat national des sages-femmes algériennes, lorsque la faculté de médecine d’Alger formait déjà avec les médecins et les pharmaciens, les premières sages-femmes. Au courant de la même année, elles étaient au nombre de 23 à avoir suivi une formation, en attentant la création, en 1948 de la 1re école de formation des sages-femmes, relevant de la Santé publique.
La représentante du Syndicat national des sages-femmes algériennes expliquera, en outre, que la sage-femme, au même titre que le chirurgien dentiste était formée, dans les hôpitaux Maillot et Mustapha Pacha, et ce n’est qu’en 1964, que l’école paramédicale voit le jour et c’est ainsi qu’après avoir été partie intégrante du corps médical, elle passera au paramédical, un nouveau statut qui freinera, estimera-t-elle, des années durant, l’évolution de la corporation et sera même, à l’origine le la vision simpliste et étroite, voire négativiste de la population vis-à-vis de la profession de sage-femme, qu’elle trainera jusqu’à l’annonce par le Président de la République de statuts particuliers pour chaque corporation, à la faveur des réformes qu’il avaient engagées.
Il faut dire aussi que cette démarche est appuyée par l’adoption récemment du statut particulier de la sage-femme qui se veut un cadre pour la réorganisation et la structuration de la profession qui compte aujourd’hui, plus de 7.000. Mme Galouz, estimera, en effet que la promulgation de ce nouveau statut adopté, depuis, mars dernier se traduit par une augmentation de leurs indemnités de l’ordre de 80 %, revoit l’aspect de formation des sages-femmes exigeant un bac+5, soutenue par le lancement de trois instituts supérieurs des sages-femmes.
La corporation des sages-femmes, par la voix de la même représentante du syndicat, considère que l’Algérie est le premier pays arabe à doter la corporation des sages-femmes d’un statut particulier qui ouvrent de nouveaux horizons pour se spécialiser dans cette discipline, rappelant que le nombre de sages-femmes est en recul en Algérie, passant ainsi de 10.000, il y a quelques années, à moins de 8.000 actuellement, un chiffre en deçà, des normes de l’OMS qui limitent le nombre d’accouchement à 175 par sage-femme, alors que notre pays enregistre, chaque année, prés de 900.000 naissances, soit 2.000 accouchements par an, par sage-femme.
Il faut signaler, en outre que conformément au nouveau statut de la profession, les sages-femmes doivent s’inscrire et suivre la 1re année de médecine avec brio, avant d’être orientée vers les écoles spécialisées, quant aux moins brillantes, elles seront d’office, orientées vers d’autres spécialités telle la manipulation de la radiologie, l’assistance sociale ou la puériculture. Certaines femmes, rencontrées, lors du séminaire de formation continue, de la sage-femme, organisée, sous le haut patronage du Président de la République.
Au-delà du critère formation, insisteront par ailleurs, sur le profil psychologique, voire même la physionomie de la sage-femme, exigé, désormais, à la faveur du nouveau statut pour accéder à la profession.
Deux à trois sages-femmes, par wilaya, sont poursuivies en justice
La spécificité du métier de la sage-femme réside, en fait, dans le risque, encouru par celle-ci qui l’expose souvent, expliquent-elles, à des poursuites en justice, dans le cas de mortalité ou de blessure du nouveau né ou de la mère, lors de l’accouchement, alors que la responsabilité est partagée par toute l’équipe qui s’est chargée de la prise en charge de la femme enceinte.
Aujourd’hui, deux à trois sages-femmes, par wilaya, sont sujettes à des poursuites judiciaires, demeurant ainsi, pour la corporation une source d’ennuis, d’autant plus que la sage-femme se doit également de mener une bataille, au quotidien, contre les préjugés qui font des sages-femmes, des êtres sans états d’âme, en dépit de toute la volonté quelle affichent pour sauver la mère et le bébé. Les statistiques relèvent aujourd’hui, que près de 5.000 sages-femmes sont trainées devant les tribunaux, a cause d’un vide juridique qui a longtemps fait endosser des erreurs aux sages-femmes.
La promulgation d’un statut particulier pour la profession est à même de réhabiliter la sage-femme, dans ses droits pour lui permettre d’assumer sa mission qui consiste aussi à assurer la surveillance prénatale, la préparation de l’accouchement à l’accouchement et le suivi du nouveau né et la mère, à domicile en cas de sortie précoce de la maternité.
Samia D.