Journée internationale de la femme:Tizi Ouzou,Nna Ouezna ou une vie pour la poterie

Journée internationale de la femme:Tizi Ouzou,Nna Ouezna ou une vie pour la poterie

Il est des personnes qui, entre les générations et les époques, servent de trait d’union. Elles prennent par la main un passé affaibli par les époques qui galopent et lui font traverser les rivières de l’oubli et de la disparition et le projettent dans le futur. Des personnes pareilles, il en existe, toujours accrochées aux monts qui les ont vues naître. Elles maintiennent vivants, des métiers anciens qui, sans leur art et doigté et surtout leur amour, ne seraient à présent que des matières d’études pour archéologues.

Nna Ouezna est l’une de ces personnes qui perpétuent le métier de potier. «La poterie, pour moi, se confond avec ma vie», nous dit-elle, comme prélude à toute discussion. Nna Ouezna est une femme qui a toujours le sourire. Une attitude qui défie les aléas de la vie et des difficultés qu’elle a rencontrées. En la regardant travailler, l’on se rend compte que cette femme a dans les mains une puissance magique. Les secrets de l’art traditionnel et de l’artisanat, en fait. «Les objets que je fabrique sont destinés à l’utilisation et d’autres pour la décoration. Je ne gagne pas beaucoup avec mon travail de poterie, mais ça me permet quand même de vivre», reconnaît-elle.

Nna Ouezna passe son temps à façonner des objets sans jamais se lasser. Elle habite une jolie maison à Izerrouden sur les hauteurs de Maâtkas. Mais cela ne l’a pas empêchée de connaître d’autres contrées algériennes. «J’ai participé à beaucoup d’expositions de poterie. J’ai même gagné des prix. Ça m’a aussi permis de vendre mes créations», affirma-t-elle. Des moments passés en regardant travailler et parler cette femme sont autant rares que riches. Mais ce qui est encore plus admirable en elle, c’est l’acharnement à perpétuer son métier. Et, elle a réussi très bien ce pari. Amar, son fils, travaille dans le même atelier.

«J’ai appris, enfant, de ma mère à travailler la poterie», raconte-t-il signe de reconnaissance à sa maman qui lui a transmis l’art de la poterie. Signe que la greffe a pris, Amar en a fait un métier même s’il reconnaît l’existence de difficultés à gagner sa vie convenablement dans l’artisanat. Mais, Amar ne s’en soucie guère. Parallèlement à la fabrication des objets d’utilité ménagère et autres, il travaille à la création d’objets d’art. De la poterie, il en est artiste aussi. Avant que nous quittions Izerrouden, Nna Ouezna nous offre des objets fabriqués de ses mains. Des mains qui continuent de faire vivre le passé pour que ne meurent pas le présent et le futur.