Au-delà des quotas, la femme a investi les institutions
«Ce n’est pas du tout facile de se faire une place dans le milieu politique», nous confie une ancienne militante du FLN.
La présence des femmes dans la vie politique est limitée. Le terrain demeure pratiquement une «propriété privée» de l’homme. Alors qu’elle a investi en force tous les domaines, la femme est moins présente en politique. Le quota accordé aux femmes dans le cadre de la loi sur la représentativité au sein des assemblées élues n’a pas vraiment boosté les choses.
Louisa Hanoune reste dans le paysage politique une exception. Elle est la seule femme à la tête d’une formation politique depuis plus de deux décennies. Pourquoi? Les femmes pointent du doigt les hommes politiques. «Ce n’est pas du tout facile de se faire une place dans le milieu politique», nous confie une ancienne militante du FLN.
Cette militante n’a pas été par quatre chemins pour porter la responsabilité à l’homme. «Il y a un problème de mentalité chez nos hommes», a-t-elle lâché. Et d’ajouter: «Pour eux, nous sommes incompétentes pour accéder aux postes de responsabilité.» Un constat partagé par une autre élue du parti du RND. «Nous sommes marginalisées. Malgré une forte présence au niveau de la base, la femme n’est pas impliquée dans la gestion des affaires du parti», déplore-t-elle en faisant savoir que la femme est toujours à la merci de l’homme. Au niveau des instances des partis, les hommes sont plus nombreux alors que les femmes sont, au maximum, trois. Cette militante reconnaît que les partis ne contribuent pas suffisamment à la promotion de la femme dans la vie politique. «Ils nous utilisent juste pour garnir le bouquet», a regretté une ancienne députée du FLN.
Aiguisant ses propos, cette avocate de profession explique que le quota de 33% accordé aux femmes dans le cadre de la loi sur la représentativité des femmes au sein des assemblées élues a été réduit à moins de 30% par les partis. Ce n’est pas tout. Un autre élément confirme l’absence de volonté politique chez les partis. «Les dernières élections législatives et locales ont réellement mis à nu les partis politiques», a-t-elle rappelé, en précisant que les partis ont refusé de jouer le jeu.
Le ministère de l’Intérieur avait menacé d’annuler toute liste de partis qui ne présentaient pas un tiers de femmes. Ce qui a poussé les chefs de parti à «racoler» à gauche et à droite pour combler le déficit. Certes, le nombre de femmes au sein de la chambre basse du Parlement a nettement progressé, mais en termes de qualité, le niveau des élues est critique.
Des femmes qui n’ont rien à voir avec le profil de député siègent à l’APN. Sur ce point Me Benbraham a été très critique. «Peu importe le nombre de femmes élues, le plus important c’est la qualité», a-t-elle affirmé en dénonçant la marginalisation des compétences.
Jointe par téléphone, cette avocate dit que ces élues vont faire plus de mal que de bien à la femme. Maître Benbraham estime que ce pourcentage de 30% va réduire de la valeur de la femme. Notre interlocutrice précise que les femmes qui ont réussi à accéder à des postes de responsabilités sont des femmes apolitiques, elles n’ont pas été formées par les partis. Selon elle, les partis n’offrent pas les conditions pour la promotion de la femme.
Effectivement, lors des élections locales, aucune femme n’a été autorisée à prendre la tête d’une APC en Algérie.
Dans les APW, c’est le même constat. Même au Sénat, aucune femme n’a été élue par les partis. «Le quota accordé aux femmes est un grand acquis, mais malheureusement au Sénat aucun parti ne dispose de femmes», estime Mme Benabou, constitutionaliste. Si les femmes sont présentes au Sénat, souligne-t-elle, c’est grâce au président de la République qui les a nommées dans le tiers présidentiel. Alors qu’elle a investi tous les domaines, l’éducation, la justice, la santé, l’administration et même la sécurité, la femme reste marginalisée en politique. Sur ce plan, il reste beaucoup à faire.