Journée internationale de la femme Aïcha, Zohra, Keltoum… et les pesanteurs des mentalités

Journée internationale de la femme Aïcha, Zohra, Keltoum… et les pesanteurs des mentalités

Aujourd’hui, 8 mars, Journée internationale de la femme. À travers le monde, les femmes sont à la fête… pour une journée pleine et entière. En Algérie, des cérémonies protocolaires auxquelles participent beaucoup d’hommes sont organisées pour leur rendre hommage.

Des officiels (hommes), assistés de représentantes d’organisations féminines, viennent discourir sur l’abnégation, le sens du sacrifice et du rôle de la femme dans le processus du développement socio-économique du pays. Un programme invariable qui dure depuis des années et qui continue son ronron habituel sans que l’on songe à changer, un tant soit peu, cette feuille de route. Ce programme qui se souvient de la femme pour une journée, concerne les grandes villes du pays. Qu’en est-il dans le milieu rural ? Bien peu de personnes, y compris parmi les officiels locaux, commémorent le 8 mars, une journée somme toute ordinaire pour eux et n’entre pas dans l’ordre des choses qui pourrait la singulariser des autres jours du calendrier. Il est vrai que ces dernières années, des efforts considérables ont été faits pour la promotion de la femme rurale. L’accès à la santé, à l’éducation dans les contrées éloignées des grandes villes lui sont ouverts sans pour autant qu’on parvienne à éliminer des poches de résistance. La seconde place continue d’être attribuée aux filles par rapport aux garçons. L’accès de la femme rurale au marché du travail est des plus aléatoires. Question de mentalité, sans doute, diront ceux qui luttent pour la promotion de la femme rurale. L’amélioration de la place de la femme du monde rural demande une action et un engagement plus importants car elle nécessite un profond travail sur les mentalités. Un travail qui est plus lent et plus assidu qu’en zone urbaine, et ceci sans compter la question des infrastructures et du matériel. Une récente étude du Centre national du registre de commerce (CNRC) concernant le nombre de femmes ayant un registre de commerce en Algérie corrobore ce constat. 115.987 femmes sont inscrites au CNRC à fin janvier 2012, soit 7,5% du nombre global des commerçants (1.530.283) inscrits au Centre national du registre de commerce (CNRC). Ces commerçantes, nous fait savoir le CNRC, sont implantées en grande partie dans les grands pôles économiques et urbains, particulièrement dans les wilayas d’Alger (8,83%), Oran (6,57%), Constantine (4,15%), Tlemcen (4,06%), ainsi que Sidi Bel-Abbès (3,75%). Selon le CNRC, entre 3.000 et 10.000 commerçantes sont implantées en moyenne dans 10 wilayas, entre 1.000 et 3.000 dans 33 wilayas et entre 500 et 1.000 dans cinq wilayas, à savoir Tissemsilt, M’sila, Bordj Bou-Arréridj, Tindouf et Tamanrasset. Dans les autres secteurs d’activité, le constat est tout aussi peu reluisant, sauf dans les secteur de la santé et de l’éducation où la femme est plus facilement acceptée. Question de mentalité, là aussi. Certes la législation du travail en Algérie ne contient pas d’articles discriminatoires à l’encontre des femmes, mais le statut d’infériorité de la femme dans la famille et les pratiques sociales sont des obstacles qui leur ferment la porte d’accès à l’emploi. Il reste pour une poignée de femmes privilégiées des grandes métropoles.

Ceci dit, la ratification par l’Algérie de la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, CEDAW, par décret présidentiel du 22 janvier 1996, n’a pas changé grand-chose au statut de la femme qui reste toujours sous la tutelle de l’homme.

Par : Sadek Belhocine