Le panorama du film méditerranéen se poursuit avec la programmation d’Amnistie, une œuvre de Bujar Alimani, cinéaste albanais. Le film projeté, mercredi dernier, à la salle « Bêta » de Riad El Feth, entre dans le cadre des journées du film méditerranéen d’Alger. Ces journées, comme on l’a noté auparavant, visent la promotion du cinéma méditerranéen dans toute sa variante et sa diversité.
Le film s’inspire d’un événement réel, tiré d’un article de presse paru dans un journal albanais qui annonce que le gouvernement adhérera à la directive européenne sur le droit de visite aux prisonniers à des fins sexuelles. Le réalisateur aborde un sujet lié au droit des incarcérés de bénéficier de visites conjugales dans lesquelles les rapports sexuels sont autorisés entre conjoints. A partir de là, le réalisateur a tissé son scénario qui retrace l’entrevue de deux personnes qui font le chemin de la prison tous les mois pour retrouver leurs conjoints afin d’accomplir leur devoir. Ils se rencontrent à cette occasion et commencent une relation qui débute dans un bar qui se trouve juste devant la maison d’arrêt.
Elsa jouée par Luli Bitri est une jeune femme qui vit à Tirana, loin de la détention de son mari détenu pour loyer impayé. Elle mène une vie difficile parce qu’elle a été licenciée de son travail de l’usine de textile. Sa vie devient morbide. Elle croise le chemin de Sheptim, rôle planté par Karafil Shena, qui est aussi venu pour voir son épouse, incarcérée pour faux et usage de faux. A son tour, Sheptim ne savoure pas vraiment la vie ; il survie ! Il se trouve dans l’obligation de se rendre une fois par mois en prison pour accomplir son devoir conjugal envers sa femme. Un jour, alors que les protagonistes se trouvent en prison, une attirance se produit entre eux dès le premier regard.
Cette rencontre mène les deux personnages, en proie à la solitude, à une histoire d’amour qui leur permet de combler le vide dans lequel ils vivent et d’oublier, notamment, cette claustration qui rend leur vie monotone. Or, cette histoire trouve une fin douloureuse pour les deux personnages. Une histoire d’amour qui s’achève à la sortie de leur conjoint grâce à une amnistie déclarée par le gouvernement. Le réalisateur albanais, Bujar Alimani, explore avec subtilité une société en pleine transformation, partagée entre moralité et passion. Il décide cependant de limiter au maximum le dialogue entre les personnages, histoire de se concentrer davantage sur l’image. Sa formation de peintre apparait bien à travers ces nombreux silences.
Amnistie, est le premier long métrage de Bujar Alimani. Il a réalisé aussi trois courts métrages Katoi, réalisé en 2003, Ygraerio, (2006) et Busulla, en 2007. Il a remporté plusieurs prix, celui du Ciné-Europa au 12e festival du Cinéma européen de Lecce, le prix CICAE au forum de la Berlinale en 2011.
Kafia Aït Allouache