La France doit demander officiellement pardon pour toutes les atrocités et crimes commis contre le peuple algérien durant la période coloniale, ont affirmé jeudi à Alger des membres de l’Association nationale des anciens condamnés à mort (1954-1962).
« Il ne peut y avoir d’amitié avec la France si celle-ci ne demande pas officiellement pardon au peuple algérien meurtri par la colonisation », a affirmé le président de cette association, M. Mustapha Boudina lors d’une rencontre organisée en l’honneur des femmes moudjahidate, à l’occasion de la célébration de la Journée du Chahid.
« Pour notre part, nous refusons de pardonner à la France les massacres perpétrés contre le peuple algérien », a-t-il dit. M. Boudina s’est demandé aussi pourquoi la France continue à nier ses exactions en Algérie alors que plusieurs personnalités politiques et militaires françaises ont reconnu publiquement avoir torturé, massacré et assassiné des Algériens, rappelant dans ce contexte les aveux du général Paul Aussaresses, qui a reconnu la pratique de la torture durant la guerre d’Algérie, en particulier lors de la Bataille d’Alger.
« La France tuait, massacrait et enfumait les Algériens pour les soumettre », a-t-il expliqué, ajoutant que « ceux qui osaient riposter, même verbalement, étaient emprisonnés ou tout simplement guillotinés ».
Il a estimé à « 400, le nombre des Algériens condamnés à morts et exécutés par la guillotine », une pratique, a-t-il dit, « qui a débuté une dizaines d’années après l’invasion de l’Algérie par les forces coloniales, en 1830 ».
M. Boudina a rappelé que « le général De Gaulle, n’a pas hésité un seul instant à appliquer la peine de mort par guillotine à Abderrahmane Khlifi, malgré les multiples messages plaidant contre l’exécution de cette sentence, émises par plusieurs chefs d’Etat et souverains, notamment des Etats-Unis d’Amérique, de Russie (ancienne URSS), de Tunisie, de la Reine d’Angleterre, du Roi du Maroc et du Vatican ».
« Devant ces multiples réactions, De Gaule a répondu que la justice française doit suivre son cours », a relevé M. Boudina qui souligne que: « C’est l’injustice française qui suivait son cours et appliquait sa propre logique de la mort ».
« Nous demandons à tous les français qui nous ont soutenus naguère, notamment les intellectuels, de continuer à défendre les véritables valeurs de la France, qui sont celles de la liberté, l’égalité et la fraternité. C’est avec ces gens qu’on veut lier une amitié solide » a-t-il dit, ajoutant que « malheureusement, les idées de la France coloniale continuent de guider la France officielle ».
A l’issue de la rencontre, un hommage a été rendu aux femmes moudjahidate qui ont vaillamment lutté pour une Algérie libre et indépendante.