Journée des réfugiés: bientôt un pacte mondial pour resserrer la coopération internationale

Journée des réfugiés: bientôt un pacte mondial pour resserrer la coopération internationale

Le monde célèbre mercredi la Journée mondiale des réfugiés dans un contexte marqué par l’intensification des conflits armés et crises politiques qui ont donné lieu à des dizaines de millions de personnes déracinées à travers les quatre continents, une situation qui a poussé la communauté internationale à réfléchir à un nouveau pacte mondial sur les réfugiés, bientôt adopté par l’Assemblée générale des Nations Unies.

Avec l’éclatement, la récurrence, la persistance et l’intensification des conflits, 68,5 millions de personnes (hommes, femmes et enfants) ont fui leurs domiciles à travers le monde durant l’année 2017. Neuf sur dix d’entre elles se trouvent dans leur propre pays ou des pays voisins et l’impact est colossal : sur les réfugiés eux-mêmes et sur les communautés qui leur ouvrent les portes.

« Nous sommes à un tournant décisif où la bonne gestion des déplacements forcés à travers le monde exige une approche nouvelle et bien plus globale pour que les pays et les communautés ne soient plus laissés seuls face à ces situations », a déclaré le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi.

Filippo Grandi trouve néanmoins espoir dans le fait que des modalités novatrices de prise en charge des crises de réfugiés sont déjà appliquées par quatorze pays et qu’un nouveau pacte mondial sur les réfugiés visant à resserrer la coopération internationale en réponse à ces crises sera prêt pour adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies d’ici quelques mois.

« Je m’adresse aux Etats membres pour leur demander d’appuyer ce mouvement », a-t-il déclaré. « Personne ne devient un réfugié par choix, mais chacun de nous a le choix sur la façon d’aider ».

L’arrêt des conflits pourrait transformer la situation

Les réfugiés qui ont fui leur pays pour échapper aux conflits et à la persécution représentent 25,4 millions, soit un accroissement de 2,9 millions par rapport à 2016 ainsi que la plus forte augmentation jamais enregistrée par le HCR en une seule année.

Sur les 25,4 millions de réfugiés, un peu plus d’un cinquième sont des Palestiniens relevant de la compétence de l’UNRWA.

Les autres, qui relèvent de la compétence du HCR, proviennent pour les deux tiers d’entre eux, de cinq pays seulement : la Syrie, l’Afghanistan, le Soudan du Sud, la Birmanie et la Somalie. L’arrêt des conflits dans l’un de ces pays pourrait largement transformer la situation mondiale des déplacements.

Tout comme le nombre de pays à l’origine des déplacements massifs, le nombre de pays qui accueillent de vastes populations est comparativement faible. Au niveau mondial, la Turquie demeure le premier pays d’accueil de réfugiés en valeur absolue, avec une population de 3,5 millions de réfugiés, principalement des Syriens.

Le Liban accueille quant à lui le plus grand nombre de réfugiés au regard de sa population nationale. Au total, 63 % de l’ensemble des réfugiés relevant de la compétence du HCR vivent dans 10 pays seulement.

Les nouveaux déplacements sont eux aussi en augmentation, avec 16,2 millions de personnes déracinées durant la seule année 2017, pour la première fois ou de manière répétée, ce qui correspond en moyenne au déplacement d’une personne toutes les deux secondes. Et ce sont les pays en développement qui sont massivement les plus touchés.

Des solutions insuffisantes

Le nombre limité de solutions apportées à cette situation est à déplorer. La persistance des guerres et des conflits demeure la principale cause des rares progrès constatés pour le rétablissement de la paix. Environ cinq millions de personnes ont pu rentrer chez elles en 2017- en grande majorité des déplacés internes – mais nombre d’entre elles ont été rapatriées sous la contrainte ou ont retrouvé des conditions précaires.

Par la même occasion, le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres a appelé à faire preuve d’unité et de solidarité pour aider ces personnes, se disant qu’il était du devoir de tous « de réfléchir à ce que nous pouvons faire pour aider ces personnes », « sans unité nous échouerons », a-t-il insisté.

Face à ce phénomène, M. Guterres s’est dit « profondément préoccupé de voir que de plus en plus souvent, les réfugiés ne bénéficient pas de la protection dont ils ont besoin et à laquelle ils ont droit ».

M. Guterres a estimé qu’aucune communauté ni aucun pays offrant refuge aux personnes qui fuient la guerre ou la persécution ne devraient se trouver seuls et sans soutien, rappelant que « tant qu’il y aura des guerres et des persécutions, il y aura des réfugiés ».

Toutefois, notent les agences onusiennes et leurs partenaires, ce sont les populations et les communautés locales qui se retrouvent en première ligne à l’arrivée des réfugiés et leur accueil change concrètement des vies – entre le rejet et l’inclusion, entre le désespoir et l’espoir, entre être laissé pour compte et se construire un nouvel avenir. C’est là que commence le partage de la responsabilité à l’égard des réfugiés.

Ce sont les hommes, les femmes et les enfants, les organisations locales, les groupes confessionnels, les enseignants, les entreprises locales et les dirigeants municipaux qui changent les choses – avec humanité, compassion et solidarité.  Grâce à leur générosité, ils mettent en lumière le potentiel des réfugiés et la multitude des occasions de leur venir en aide.