Les intervenants ont, pour la plupart, été d’accord pour dire qu’il n’existe pas chez l’État une réelle volonté de promouvoir ce secteur, malgré un discours officiel des plus pompeux.
L’Algérie, avec ses moyens et son énorme potentiel, semble avoir du mal à trouver la formule adéquate à même de construire la destination et de reconquérir le cœur des touristes. Hier encore, au siège du Forum des chefs d’entreprise (FCE), la faiblesse du débat entamé à l’occasion de la Journée mondiale du tourisme, a renseigné sur la difficulté de nommer “le mal” et de proposer les solutions indiquées. Partant de simples constats et de quelques statistiques officielles déjà bien connus de tous, les interventions ont parlé de tout sauf ou très peu des contraintes qui entravent la relance du tourisme et le moyen d’y remédier. L’heure est pourtant grave. Le secteur du tourisme va de mal en pis et le discours officiel continue à “pondre” des textes et des mesures qui ne trouvent pas d’environnement favorable pour être concrétisés.
Karim Cherif, président de la commission tourisme au sein du FCE, a pourtant résumé la situation en soutenant que “l’État doit se désengager de la gestion directe des hôtels et autres établissements touristiques” plaidant pour un “partenariat public-privé plus fort” mais sans aborder réellement le problème du tourisme en Algérie dans toute sa profondeur. Il a été question d’ailleurs, lors de cette rencontre, de la politique sectorielle à travers le representant du ministère du Tourisme venu nous rappeler la stratégie adoptée en la matière à travers le fameux Sdat dont on n’arrête pas de louer les mérites sans rien voir venir.
ùL’enchaînement s’est fait avec le directeur de l’École supérieure de l’hôtellerie et de la restauration de Aïn-Benian qui, pour sa part, a abordé le volet inhérent à la ressource humaine à travers la formation non sans vendre le produit développé par son établissement destiné aux plus nantis et poursuivre avec une dissertation sur la franchise et le contrat de gestion avant de finir sur le digital et son impact sur le tourisme. Force est de reconnaître que l’heure consacrée au débat a permis à certains participants de poser des problèmes bien plus simples, mais ô combien révélateurs, de l’absence de la volonté de l’État de changer les choses. “Cela fait 10 ans que mon dossier a été approuvé mais le blocage demeure au niveau de la Duch”, a témoigné un promoteur rejoint par un autre qui, lui, n’a pas mâché ses mots pour décrire le parcours du combattant pour faire aboutir son projet.

Le problème du foncier reste intact dans sa globalitémême dans le sud du pays et la dispersion des tâches et des responsabilités entre différents niveaux d’intervention (ministère, wilaya, Gestour etc.) ne fait qu’envenimer les choses davantage. Un autre intervenant ira jusqu’à faire remarquer que parler de réduction des documents administratifs à trois n’est pas encore appliqué comme assuré par le ministère.
Le département de Ghoul, ministre actuel du Tourisme, ne trouvera pas mieux que d’inviter les promoteurs à prendre à leur charge les PAT et de proposer aux Algériens établis à l’étranger de venir investir dans le tourisme leur promettant des avantages fiscaux et même des assiettes de terrain au dinar symbolique. Et voilà un autre rendez-vous raté au moment où le monde célèbre la Journée mondiale du tourisme
et parle du secteur comme un vecteur de développement socio-économique. “Un milliard de touristes, un milliard de possibilités, tel est le thème choisi, cette année, par l’OMT qui nous interpelle et nous rappelle que hormis des discours, le secteur du tourisme ne semble pas figurer réellement parmi les priorités du gouvernement et ce, malgré la crise provoquée par la chute des prix du pétrole”, clame un participant en marge de la rencontre appelant à recourir aux véritables compétences dans le domaine.
N. S