Journée de relogement à Alger Des leurres et des pleurs

Journée de relogement à Alger Des leurres et des pleurs

Elles étaient relogées provisoirement dans des chalets, juste après le séisme de Boumerdès en 2003, plus de 200 familles du site Kourifa, dans la commune d’El Harrach ont été recasées, alors que d’autres ne savent guère où aller passer la nuit. À leur grand étonnement, elles étaient exclues de la dixième opération de relogement qu’a connue, hier, Alger.

Cette opération concerne cette fois-ci les occupants de six sites de chalets répartis au niveau de la banlieue de la Capitale. Au total, 742 familles ont été relogées à travers deux sites à Bourouba, la Montagne et Birtouta dont plus de 233 familles occupaient le site de Kourifa.

À notre arrivée à ce site éloigné de tout regard, au milieu d’un champ à perte de vue, le mécontentement de certains citoyens était perceptible de loin. Une foule s’est formée devant un chalet qui a été transformé, à l’occasion, en un bureau de renseignements et d’orientation. La déception était visible sur la plupart des visages que nous avons rencontrés.

Croyant que la vie dans des chalets, malgré les maladies causées par le taux élevé d’humidité et surtout l’insécurité qui régnait en ce lieu, n’est plus qu’un mauvais souvenir, une dizaine de familles ont été exclues, alors que d’autres n’arrivent plus à se caser convenablement dans leurs nouveaux appartements, notamment, dans ceux situés au niveau du site de La Montagne.

Le F2 est loin de régler le problème du relogement de ces familles qui, dans leur grande majorité dépassent les six membres. Elles trouvent, ainsi, qu’un logement à deux pièces, est moins confortable et moins adéquat par rapport aux chalets.

Alors, ces familles sinistrées lors du séisme qui a secoué les wilayas du Centre en 2003, n’ont d’autre choix que de regagner le site. Elles étaient nombreuses ces familles qui préfèrent le chalet au logement, qui selon ces familles, ne répondent pas à leurs exigences.

C’est la cas, notamment, de khalti Chamcha, moudjahida de 90 ans et veuve d’un chahid qui n’a pas pu contenir sa colère. Non voyante et mère de six enfants, tous mariés, khalti Chamcha n’a pas cessé de nous dire : «Après toutes les souffrances que nous avons vécues sous le joug de l’occupant français, nous sommes considérés comme des étrangers après 60 ans d’indépendance ».

Cette famille en question habitait une demeure située juste audessus du tunnel de Oued Ouchayah. Après l’ouverture de ce tunnel, leur maison s’est nettement détériorée à cause des travaux et qui s’est complètement effondrée lors du séisme de 2003.

Alors, cette famille a été relogée au niveau de ce site en leur attribuant provisoirement un chalet. Mais voila qu’elle vient de souffler sa 7 année en ce lieu. Khalti Chamcha et ses enfants déplorent le fait que le logement qui leur a été attribué est un F2 qui ne peut caser qu’un couple.

Ils regrettent également le fait que les travaux ne sont toujours pas achevés au niveau du site de la Montagne. «Ce n’est pas un lieu où nous allons mettre nos femmes et nos enfants», dira l’un des fils de Khalti Chamcha. Autre exemple des dérives qui ont marqué cette opération, l’acharnement d’un agent des services de sécurité sur une jeune fille qui porte un stimulateur cardiaque.

La pile s’est arrêtée juste après avoir été bousculé par cet agent, alors qu’elle voulait juste exprimer son mécontentement auprès du bureau d’orientation et d’information. Pour dire qu’un malheur ne vient jamais seul : un appartement ne suffisant pas à l’effectif de la famille et un problème de santé très grave. «Nous ne sommes que des administrateurs. Nous sommes ici, uniquement, pour appliquer les décisions qui nous parviennent de nos responsables».

C’est en ces termes que les encadreurs de cette opération répondent aux citoyens voulant contester le choix du site dans lequel seront relogés ou dénoncer leur exclusion «injustifiées» de la liste des bénéficiaires. Aucun interlocuteur officiel ne leur a été mis à leur disposition. Ils étaient mis devant le fait accompli : ils évacuent les lieux où affrontent au corps à corps les forces de l’ordre qui ont été déployées en masse dès le début de cette opération.

Hamid Mohandi