La repression se poursuit à Téhéran où la police anti-émeute a tiré, lundi, des gaz lacrymogènes sur un millier de partisans de l’opposition qui manifestaient malgré l’avertissement lancé par les Gardiens de la Révolution, armée idéologique du régime islamique iranien.
Des policiers, armés de bâtons, matraques et câbles d’acier poursuivaient des partisans de Moussavi, principal opposant de Ahmadinejad, dont certains étaient ensuite emmenés par la police, ont précisé les témoins alors que les médias étrangers sont toujours interdits de couvrir ces manifestations.
La mort de Neda émeut le monde
L’appel au rassemblement avait été lancé entre autres sur le site de micro-blogs Twitter en hommage à une jeune femme, Neda, présentée comme une manifestante tuée, samedi, d’une balle à la poitrine. Sa mort fait le tour du monde sur le net.
Au dixième jour d’une crise sans précédent depuis 30 ans en Iran, provoquée par la réélection contestée du président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad le 12 juin, le ton est encore monté entre le pouvoir iranien et l’Occident.
A commencer par l’Union européenne jugeant «inacceptables» les accusations d’ingérence iraniennes.
«Les pays occidentaux se sont ingérés dans le processus électoral en exagérant les manifestations organisées contre les résultats du scrutin», a accusé le porte-parole des Affaires étrangères Hassan Ghashghavi, s’en prenant particulièrement à la France et à la Grande-Bretagne.
Londres déconseille de voyager en Iran
Particulièrement visé par Téhéran, le Royaume-Uni va rapatrier les familles du personnel de son ambassade à Téhéran où une manifestation d’étudiants proches du pouvoir est prévue mardi.
La Grande-Bretagne déconseille à ses resoortissnats de voyager en Iran. L’Italie fait de même et invite le régime d’Ahmadinejad à plus de retenue.
De leur côté, les Etats-Unis ont déploré la manière «injuste dont est traité le peuple iranien».
Samedi dernier, le président Barack Obama avait lancé un appel au gouvernement de Téhéran pour qu’il mette fin aux violences et aux injustices.
La communauté internationale fustige la manière dont le pouvoir iranien réprime l’opposition qui réclame un autre scrutin.
Outre les arrestations de journalistes et de plusieurs personnalités de l’opposition, dix personnes ont été tuées et plus de 100 autres blessées dans les violences samedi, selon la télévision d’Etat, portant à au moins 17 le nombre de morts dans la capitale depuis le début des troubles.
Lundi soir, le réformateur Mehdi Karoubi, l’un des candidats malheureux à la présidentielle, a appelé à une cérémonie de deuil jeudi en mémoire des manifestants tués et demandé aux autorités de relâcher les personnes arrêtées. Cet appel a été soutenu par l’Association du clergé combattant de l’ex-président réformateur Mohammad Khatami.
Le fils du chah craint un conflit nucléaire
Le Conseil des Gardiens de la Constitution, qui doit se prononcer d’ici à mercredi sur les plaintes pour irrégularités déposées par les adversaires de M. Ahmadinejad, a reconnu qu’il y avait eu plus de votes que d’électeurs potentiels dans 50 districts (sur 366). Mais il a affirmé que cela n’influerait pas sur les résultats de l’élection.
Quant à Reza Pahlavi, le fils du chah d’Iran déchu, qui vit en exil, il a mis en garde depuis Washington, lundi, contre les «conséquences néfastes que pourrait avoir la répression de l’opposition iranienne sur l’ensemble du Moyen-Orient, et qui pourraient aller, selon lui, jusqu’à un conflit nucléaire».