Que la chute a été dure ! Plus dure que ne le prédisaient les plus sceptiques. Même dans leurs pronostics les plus pessimistes, aucun de ceux qui ne croyait pas à la victoire des Verts face au Maroc ne s’attendait à pareille débandade. Ce n’est pas tant la défaite qui choque que le sentiment de résignation qui semblait s’être emparé des joueurs au fil des minutes. 4-0, c’est plus qu’une correction. C’est l’illustration d’une faillite généralisée, tant collective qu’individuelle.
Ils n’ont aucune excuse !
Non, le mot n’est pas trop fort : il s’agit bien d’une faillite. Tous les indices plaidaient pour une performance des Verts égale, sinon meilleure que celle du match aller à Annaba : une préparation dans un centre de haut niveau, retour de tous les blessés, un environnement chahuteur, mais pas du tout hostile, une température douce et un terrain en bon état. Même l’arbitre du match, dont on redoutait un parti pris insidieux en faveur des Marocains, s’est révélé très correct. Comme nous l’avions souligné avant le match, les joueurs et le sélectionneur national n’avaient aucune excuse à faire valoir en cas de défaite. Ils en ont moins après une défaite aussi cuisante.
Des joueurs méconnaissables, des erreurs inadmissibles

Dans les commentaires du public algérien après le match, le point le plus discuté était de savoir qui des joueurs ou de Abdelhak Benchikha est le plus à blâmer. Il faut reconnaître qu’elle est partagée. Côté joueurs, aucun de ceux ayant participé au match, exception faite de Djamel Mesbah et, à un degré moindre, Karim Ziani, n’a évolué à son vrai niveau. Il y eut même des erreurs aussi surprenantes qu’inadmissibles à ce niveau, que ce soit dans la récupération, la relance ou le marquage. Comble du laisser-aller : sur les quatre buts inscrits par les Marocains, le buteur s’est à chaque retrouvé seul face à Raïs Mbolhi. Que cela arrive une fois peut s’expliquer par une erreur d’inattention, mais quatre fois, c’est le signe d’une grave défaillance aussi bien de la défense que des milieux récupérateurs.
Le match de trop pour certains
Sans remettre en doute la loyauté des joueurs et leur attachement aux couleurs nationales, on doit reconnaître honnêtement que certains d’entre eux laissaient penser qu’ils étaient déjà en vacances. Le match de samedi était-il pour eux le match de trop, celui qui vient au bout du bout d’une saison longue et harassante ? Difficile à dire, toujours est-il que l’impact physique était avant-hier plutôt tendre. Même la hargne par laquelle les Verts avaient compensé leurs lacunes techniques au match aller était absente, mis à part durant les vingt premières minutes. Ce sont, au contraire, les Marocains qui se sont montrés les plus volontaires, les plus «affamés» sur le terrain. En deuxième mi-temps, c’est comme si les joueurs algériens s’étaient résignés à la défaite, attendant seulement le coup de sifflet final qui mettrait fin au supplice. Il y eut quelques velléités offensives brouillonnes, mais aucune occasion franche de scorer. Mieux (ou pis, c’est selon) : El Miagri, le gardien de but marocain, n’a aucunement été inquiété durant la seconde période. Même pas par une réaction d’orgueil.
En 3 matches officiels, la qualité de jeu laisse à désirer
Concernant Benchikha, il a des éléments à charge et d’autres à décharge. A sa décharge, il y a le fait qu’il s’est beaucoup investi dans sa mission. Aux entraînements, il était loisible de voir à quel point il était pointilleux sur les détails, apportant son enthousiasme, variant les exercices, et travaillant également le côté psychologique. Il a su mener son équipe, pourtant amoindrie, vers une victoire très importante contre le Maroc à Annaba. A sa charge, dans les trois matches officiels que les Verts ont disputé sous sa coupe, la qualité du jeu laissait à désirer. Contre la République centrafricaine, il avait plus ou moins des circonstances atténuantes : il n’avait pris le groupe que durant quatre jours et il faisait une chaleur suffocante à Bangui. Face au Maroc au match aller, il y avait beaucoup d’absences et le résultat primait sur le reste. Avant-hier, il y avait carence dans le jeu, même si les premières minutes ont été correctes. Même le coaching n’a pas été convaincant. Loin de nous l’idée de nous ériger en spécialistes de la tactique, mais des connaisseurs du domaine s’étonnent qu’il y ait eu changements de deux joueurs à la mi-temps sans qu’il y ait changement du système de jeu. Assurément, à tous les niveaux, il y a eu des dysfonctionnements inexpliqués.