Mohamed Abou Trika ne parle pas beaucoup. Ou pas du tout. Mais lorsqu’il se sent prompt à parler, il dit toujours des choses sensées. Autrement dit, il ne parle pas pour ne rien dire.
Nommé joueur arabe de l’année par le sondage d’El Heddaf, la star égyptienne du Ahly du Caire a parlé de tout. De sa distinction, de l’année 2012 avec ses malheurs et ses bonheurs, la CAN 2013 et ses ambitions futures. Un bel échange, en somme. Décryptage !
Assalamou Aleikoum, Mohamed, comment allez-vous ?
Wa Aleikoum Assalam wa Rahmatou Allah oua Barakatouhou. (Sic). Je vais bien, merci. A qui ai-je l’honneur ?
Mohamed, journaliste du quotidien El Heddaf Eddouali…
Marhaba ! Mes amitiés au collectif d’El Heddaf à qui je voue un profond respect pour le travail qu’il fait. C’est un plaisir de m’adresser de nouveau au public algérien à travers votre journal. Tafadhal, je suis à votre entière disposition.
Vous avez été élu pour la troisième fois de suite joueur arabe de l’année dans le sondage d’El Heddaf. Avez-vous été informé des résultats ?
Oui ! Oui ! J’ai suivi avec intérêt les résultats du sondage sur le Net. Je ne vous cache pas que j’ai été très ravi de cette distinction.
Comment expliquez-vous votre popularité auprès du public algérien, en dépit de l’animosité née des matches Algérie-Egypte ?
Franchement, cela ne me surprend pas du tout. Personnellement, je n’ai pas laissé les enjeux des matches-là entacher mon respect pour l’Algérie et son peuple. Après, d’un tout autre point de vue, le public algérien est connu pour aimer les joueurs courageux qui donnent tout sur le terrain. D’où peut-être cette sympathie. Et croyez-moi, c’est réciproque.
Vous vous souvenez sans doute de l’accueil qui vous a été réservé, en 2006, lors du match JSK-Al Ahly, en Ligue des champions d’Afrique…
Naturellement. Le public m’a beaucoup applaudi. Ce sont des événements qu’on n’oublie jamais. Ça reste ancré dans un coin de ma tête. C’était beau et émouvant en même temps !
Vous êtes élu pour la troisième fois. Vous êtes venu recevoir votre trophée une première fois, en 2008, à Alger. Etes-vous partant pour remettre ça cette année ?
Ce serait avec un plaisir. Non, Oua Allah que je serai ravi de revenir en Algérie cette année et à l’avenir Incha Allah.
Le sondage a été effectué auprès de 120 organes de presse, et vous êtes arrivé en tête du classement, devançant au passage des joueurs qui évoluent dans les championnats d’Europe, tel Feghouli (FC Valence, Espagne) et Belhenda (Montpellier, France). Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
C’est une fierté en soi. Et je tiens au passage à remercier tous ceux qui m’ont plébiscité.
Vous êtes passé par des moments difficiles lors de cette saison transitoire, mais vous êtes parvenu quand même à remporter de nouveaux titres. C’est sans doute la raison pour laquelle vous avez été «soutenu»…
C’est vrai que ça a été une année pénible. Ce qu’a vécu et continue à vivre l’Egypte a plombé notre parcours que ce soit en club ou en sélection. Mais, El Hamdou lllah, on a réussi tant bien que mal à remporter la Ligue des champions d’Afrique. Le bonheur aurait été total si on s’était qualifiés pour la CAN. C’est pour cela que je dis que cette distinction a une saveur particulière.
Que représente pour vous cette distinction ?
C’est une fierté pour moi, pour mon club, Al Ahly, et pour tout le peuple égyptien. Sans mon club, je ne pense pas que j’aurais eu l’honneur d’être nommé. C’est dans les œuvres collectives que naissent les distinctions individuelles. Ce qui s’est passé à Port-Saïd nous a galvanisés et donné plus de courage et d’envie d’aller de l’avant. Je tiens aujourd’hui à dédier ce trophée à toutes les victimes de Port-Saïd.
L’Algérie et la Tunisie composent le groupe D avec la Côte d’Ivoire et le Togo. Comment vous est parue la sélection ivoirienne que vous avez affrontée en amicale, et qui voyez-vous se qualifier au prochain tour ?
La Côte d’Ivoire est devenue encore plus forte qu’avant. Elle a vraiment l’étoffe d’un champion. Ils jouent un beau football, fait de technique et de rapidité d’exécution. Ce qui m’a le plus frappé chez les Ivoiriens, c’est qu’ils en veulent encore plus aujourd’hui. Ils m’ont paru plus déterminés que jamais. Je crois que certains joueurs commencent à comprendre qu’ils n’en auront plus pour longtemps en sélection et c’est la raison pour laquelle ils veulent réaliser quelque chose d’historique en Afrique du Sud avant de partir à la retraite.
Et qui voyez-vous se qualifier au prochain tour ?
Sentimentalement, je vois l’Algérie et la Tunisie. Après, sur le terrain, ce sera extrêmement difficile. Comme je vous l’ai dit, la Côte d’Ivoire est devenue encore plus forte qu’elle ne l’était auparavant. Sur le papier, donc, je vois la Côte d’Ivoire passer en premier. La deuxième place se jouera entre les trois autres adversaires.
Qu’en est-il du Maroc, reversé dans le même groupe que l’Afrique du Sud. Le voyez-vous faire son trou dans le tournoi ?
Le Maroc a toutes les cartes en main. C’est un challenger. Il est composé de grands joueurs. Et puis, Rachid Taoussi a marqué de son empreinte l’équipe marocaine en dépit du fait qu’il ne soit là que depuis quelques mois. Sauf surprise, le Maroc se qualifiera au prochain tour. Quoi qu’il en soit, je souhaite beaucoup de réussite aux sélections maghrébines.
2012 a débuté avec le drame de Port-Saïd pour vous et le Ahly, mais s’est terminée avec un titre de champion d’Afrique des clubs et un titre de joueur arabe de l’année. Quels sont vos vœux pour la Nouvelle année ?
J’espère que l’Egypte se qualifiera au Mondial 2014. C’est la meilleure chose qui puisse nous arriver, d’autant que cela fait 23 ans que l’Egypte attend cela. C’est, donc, légitime que la nouvelle génération rêve de cela. Ça sera sans doute un moment extraordinaire compte tenu de tout ce qu’a vécu l’Egypte.
Un dernier message pour votre public ?
Je remercie tous ceux qui m’ont toujours soutenu. Ils sont dans mon cœur. Je terminerai par adresser mes amitiés à tous les Algériens pour qui je voue un profond respect. Je l’ai déjà dit et je le redis encore…
Merci pour votre patience et votre disponibilité…
C’est moi qui vous remercie. Transmettez mes hommages à toutes les équipes d’El Heddaf. A très bientôt…
Ahmed Shubaïr : «La Ligue des champions a pesé dans ce choix»
«Je n’ai pas été surpris par la fait qu’Abu Trika soit nommé joueur arabe de l’année et ce, pour au moins deux raisons : d’abord, il est très apprécié des publics arabes de manière générale. Puis, le fait qu’il ait remporté la Ligue des champions d’Afrique a beaucoup pesé. Non, je ne suis pas du tout surpris.»
Hafid Derradji : «Un choix plus sentimental qu’autre chose»
«Personnellement, ça m’a beaucoup surpris de voir que c’est Abu Trika qui arrive en tête du sondage du joueur arabe de l’année. Ce n’est pas pour minimiser de la valeur de ce grand joueur, mais en 2012, il n’a pas beaucoup joué. 10 matches tout au plus. Alors que des joueurs comme Feghouli et Belhanda ont dépassé la barre des 40 matches. C’est la raison pour laquelle je pense que ce choix est plus sentimental qu’objectif.»
Yahia : «Il mérite amplement cette distinction»
«Il mérite amplement cette distinction vu ses grandes qualités en tant que footballeur, sans oublier le fait qu’il a une forte personnalité pour laquelle j’ai un grand respect. Il a été le seul a ne pas faire de déclaration incendiaire avant le fameux match barrage d’Oum Dourman», dira l’ex-international algérien.
Belloumi : «C’est mérité»
«C’est un choix tout ce qu’il y a de logique compte tenu du parcours d’Abu Trika que ce soit en club ou en sélection. C’est pour cette raison que je dis que c’est mérité. Il n’y a aucun doute là-dessus.»