L’écrivain français Joseph Andras, lauréat du Goncourt du Premier roman pour son oeuvre « De nos frères blessés » sur le parcours du militant anticolonialiste algérien Fernand Iveton, a refusé ce prix.
Selon le Nouvel Observateur, M. Andras, qui ne s’est pas présenté à la cérémonie de remise de cette distinction, « ne peut accepter car sa conception de la littérature est incompatible avec l’idée d’une compétition ».
Le livre « De nos frères blessés », lauréat surprise de ce Prix pour ne pas avoir figuré parmi les 4 finalistes, est la première oeuvre de Joseph Andras. Ce dernier retrace dans son roman de 159 pages le parcours du militant anti-colonialiste algérien Fernand Iveton, guillotiné le 11 février 1957.
M. Andras relate « l’arrestation, l’interrogatoire et le procès » de cet ouvrier communiste qui a placé le 14 novembre 1956 un engin explosif dans son usine. Outre ces épisodes, le même auteur revient sur l’enfance algéroise de Fernand Iveton à Clos-Salembier (El Madania).
« La compétition, notion étrangère à l’écriture »
Dans une lettre envoyée à l’Académie Goncourt, le même auteur a expliqué son refus. Joseph Andras a indiqué que « la compétition, la concurrence et la rivalité sont à mes yeux des notions étrangères à l’écriture et à la création ».
Dans la même lettre, il a expliqué cette décision par son « désir profond de s’en tenir au texte, aux mots et aux idéaux portés ».
« Que l’on ne cherche pas à déceler la moindre arrogance ni forfanterie dans ces lignes: seulement le désir profond de s’en tenir au texte, aux mots, aux idéaux portés, à la parole occultée d’un travailleur et militant de l’égalité sociale et politique », peut-on lire.
Ce membre du jury ignorait néanmoins que cet auteur allait refuser le Goncourt du Premier roman.
Joseph Andras, selon la bibliographie publiée par Actes Sud sur son site Internet, est « né en 1984 » et « vit en Normandie. Il séjourne régulièrement à l’étranger. De nos frères blessés est son premier roman ».
« Ecrire lui suffit »
Selon le même responsable, Joseph Andras est en réalité un pseudonyme. « Joseph comme le charpentier ou comme le petit père des peuples (…) et Andras qui signifie « l’homme » en grec ancien », explique-t-il.
Une hypothèse réfutée par son éditrice chez Actes Sud, qui affirme que Joseph Andras existe réellement après l’avoir rencontré.
Elle a expliqué que cet auteur « redoute la perte de contrôle ».
Actes Sud tenait ainsi à mettre fin aux rumeurs qui circulaient sur l’identité de l’écrivain, assurant que « Joseph Andras ne cache aucune personne déjà connue ».
« Simplement, il ne tient pas du tout à être exposé dans les médias. Ecrire lui suffit », a-t-il rajouté, relayée par des médias français.