Le secrétaire d’état américain abordera avec Ramtane Lamamra les dossiers de la Syrie, de l’Iran, du Sahel et du Sahara occidental.
Après un marathon diplomatique entre l’Europe et le Moyen-Orient, le secrétaire d’Etat américain John Kerry, arrivera en principe aujourd’hui dans la soirée à Alger pour une visite officielle de deux jours.
L’emploi du temps du diplomate américain était «surbooké» ces deux derniers jours. Mais sa tournée au Moyen-Orient n’a pas bousculé finalement «son programme algérien». Après la gestion sensible du dossier ukrainien, la semaine dernière, le chef de la diplomatie américaine a, une nouvelle fois, été sollicité au Proche-Orient pour tenter d’empêcher un effondrement des négociations de paix israélo-palestiniennes, notamment après le refus d’Israël de libérer des prisonniers palestiniens, comme il s’y était engagé. Ce sont les Palestiniens qui ont fait appel à lui pour servir d’intermédiaire pour le règlement de la crise avec Israël. La direction palestinienne avait rejeté le «chantage» d’Israël qui exigeait une prolongation des pourparlers pour libérer le dernier contingent de prisonniers prévu.
M.Kerry sera à Ramallah dans la matinée d’aujourd’hui après une visite éclair à Bruxelles pour une réunion de l’Otan, a déclaré son porte-parole Jen Psaki. Car il doit aussi participer ce matin à une réunion de haut niveau sur l’énergie avec la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, avant de repartir pour le Proche-Orient. Il tentera d’arracher un compromis sur la libération de prisonniers palestiniens par Israël, qui pourrait aboutir à l’élargissement de Jonathan Pollard, condamné à perpétuité aux Etats-Unis pour espionnage au profit d’Israël, qui le considère comme un héros national. Le chef de la diplomatie américaine arrivera selon toute vraisemblance au début de la soirée à Alger, après avoir bouclé ses deux importants «meetings diplomatiques». Les autorités algériennes avaient, dans un communiqué, officiellement expliqué les motifs de la visite du secrétaire d’Etat américain, John Kerry, prévue pour aujourd’hui 2 et demain 3 avril.
Ainsi, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères algérien, Abdelaziz Benali Chérif, a indiqué, dans une déclaration à l’APS, que la visite du secrétaire d’Etat John Kerry «permettra de développer et de consolider le dialogue stratégique entre l’Algérie et les Etats-Unis d’Amérique». C’est l’ordre du jour de cette visite qui portera «sur tous les domaines de coopération bilatérale liés notamment aux aspects politique et économique, ainsi qu’à la promotion de l’investissement». «Des questions régionales et internationales d’intérêt commun et les relations algéro-américaines étroites en matière de lutte antiterroriste seront au programme de la visite», a-t-il également annoncé.
Les enjeux de cette visite américaine sont clairs: la relance du dialogue initié dès 2012 entre les deux pays, visant à répondre à des questions stratégiques en matière de sécurité régionale, de développement de liens économiques et de rapprochement entre les deux pays. Dans un communiqué officiel du ministère des Affaires étrangères, on a indiqué que la visite de John Kerry «permettra de développer et de consolider le dialogue entre l’Algérie et les Etats-Unis d’Amérique».
Même si cette visite intervient en pleine campagne, le dossier de la politique intérieure algérienne n’est pas inscrit à l’ordre du jour. La question des droits de l’homme et du respect des libertés politiques pourrait être abordée en marge des discussions. M. Kerry qui arrivera à Alger après ce marathon diplomatique entre le Moyen-Orient et l’Otan, sera accueilli à l’aéroport Houari Boumediene par le chef de la diplomatie algérienne, M. Ramtane Lamamra qui était, lui aussi, hier à Bruxelles.
Une rencontre de haut niveau est programmée avec le président Bouteflika et la délégation américaine. Les deux parties aborderont en présence de M.Lamamra, quatre dossiers importants: la crise syrienne, la crise du Sahel, le dossier iranien et le dossier du Sahara occidental. Pour ce qui est de la crise syrienne, l’Algérie pourrait jouer son rôle de médiateur, car aujourd’hui elle est le seul pays que le président Bachar al Assad serait en mesure d’écouter. Sur le dossier iranien, Alger, qui avait joué dans le passé le rôle d’intermédiaire dans la crise des otages dans les années 1980, pourrait également avoir un rôle de médiateur et jouer la carte du dialogue entre Téhéran et Washington.
Le Sahel et la lutte contre le terrorisme dans le Grand-Sud sera également sur la table des discussions entre les deux parties. L’Algérie qui a toujours coopéré avec les Etats-Unis dans la lutte antiterroriste, pourra également discuter de son véritable rôle dans la région du Sahel. Dernier dossier en discussion, Kerry évoquera avec ses homologues algériens le dossier du Sahara occidental qui alimente toujours le conflit entre Alger et Rabat. Avec son regard juste, Kerry pourrait proposer des solutions diplomatiques pour le règlement du dossier avant de s’envoler pour Rabat où il abordera le même dossier avec ses homologues marocains.