Jeux radios ou interrogatoires ? (coup de gueule de la semaine)

Jeux radios ou interrogatoires ? (coup de gueule de la semaine)

Un sujet un peu plus leger et histoire doublier les anciens combattant, mon coup de gueule de la semaine est dirigé sur un jeu radio diffusé sur la chaine 3.

Le jeu est animé par Mehdi, l’un des animateurs les plus populaires de la radio algérienne.Moi ce que j’aime chez Mehdi c’est qu’il a un bon contact avec les auditeurs et toujours le mot pour rire. Il n’y a rien à dire, il sait parler populaire et parfois même, on croirait entendre une vieille du hammam .

Mehdi a pour habitude de faire passer un interrogatoire à ses auditeurs avant de jouer, en général c’est plutôt drôle. Mais là où j’ai tiqué, c’est lors de l’interrogatoire d’une jeune auditrice.

Les questions ont souvent un rapport avec l’argent, la situation amoureuse, la situation professionnelle… tout y passe. Bien sûr, une partie des auditeurs refuse de répondre à des questions aussi intimes et ils ont bien raison.

Ma première interrogation est, pourquoi toutes ces questions aussi intimes ? Mehdi lui-même a répondu à cette question indiquant à ses auditeurs que tout est stocké dans une base de données, vous allez me dire que toutes les radios font la même chose afin de garder une trace de leurs auditeurs ; oui, mais là les infos en question sont divulguées en direct à des millions d’auditeurs !

C’est donc lors de l’émission du 16 décembre au passage d’une jeune auditrice, que je me suis réellement interrogée sur le genre de base de données que la radio est en train de constituer.

Une jeune fille de vingt ans appelle (pour jouer à la base, faut pas l’oublier), l’animateur commence à lui poser ses questions sur sa situation amoureuse qui nous font cependant sourire.

Mais là où ça tourne à l’interrogatoire de la Stasi, c’est quand il lui demande si elle possède un véhicule, la jeune fille répond que non, Mehdi lui demande alors si ses parents ont les moyens de le lui acheter, la fille très gênée, on peut le comprendre, répond comme elle peut.

Et là Mehdi ne perd pas le nord et enchaine avec deux questions qui moi, personnellement, me choquent : la situation professionnelle de sa mère et de son père. La jeune fille toujours intimidée donne la fonction de sa mère, puis pour son père, elle indique juste que ce dernier et fonctionnaire.

Là, notre animateur ne se démonte pas et lui demande « fonctionnaire petit, moyen ou élevé ? Encore une fois la question m’a mis très mal à l’aise à la place de la jeune fille.

De quel droit on vient poser une question aussi intime et surtout qui ne concerne même pas l’auditrice directement ? J’ai trouvé ça déplacé et très inconvenant.

La jeune fille répond finalement “moyen” puis l’animateur lui rétorque “OK je te marque avec les moyens alors (rire)”. Le viol identitaire vient de se terminer, on connait à présent tout de cette jeune fille : son prénom, sont âge, ses études, sa situation sociale, familiale, la fonction des parents, tout cela en direct à la radio et sans aucun rapport au jeu je vous le rappelle.

Ma conclusion est la suivante, que vont-ils fabriquer avec cette liste ? Collecter des informations très pointues sur des gens qui n’ont rien demandé, est-ce le but d’un jeu radio ? Se faire ficher dans une base de données qui va servir à je ne sais quoi ?

Il faut savoir que de telles données peuvent être fortement monnayées par de grandes entreprises ou boites qui chercheraient à cibler leur clientèle, car ne l’oublions pas, la plupart de ces auditeurs appellent de leur portable ou fixe.

Je peux comprendre que les producteurs du jeu constituent une base de données de leurs candidats, mais de là à poser des questions aussi intimes, c’est là une chose inappropriée.

Certes, personne n’oblige les auditeurs à répondre, mais ils ne demandent pas non plus à se faire harceler. Et par moments, on peut tomber sur de jeunes auditrices qui, intimidées par l’animateur ou prises de traque, ne peuvent se retenir de répondre et de divulguer des informations qu’elles n’aimeraient pas forcément voir tomber dans l’oreille de millions d’autres personnes.