Véritable concentré de technologies, l’organisation des jeux Olympiques de Londres confirme la forte pénétration des nouveaux outils de communication mobile, ainsi que la prépondérance des réseaux sociaux dans les échanges et quêtes d’information de larges franges du public
Un bras de fer feutré vient de s’engager entre le CIO (comité olympique international) et la communauté des athlètes au sujet de l’utilisation des réseaux sociaux. Devant l’ampleur prise par les réseaux sociaux, le mouvement olympique par le biais du CIO a décidé de prendre les choses en main en créant un réseau social propre aux jeux Olympiques de Londres qui centralise les publications des athlètes sur Facebook et Twitter. Baptisé « Olympic Athletes’ Hub », ce réseau permet, en plus d’agréger les publications des sportifs, de suivre leur actualité et d’interagir avec ces derniers. Aux premiers jours de la compétition, certains faits d’actualité sont venus conforter l’intérêt pour les organisateurs de regarder de près l’usage des réseaux sociaux. Selon Reuters, les téléspectateurs n’ont pas pu connaître avec précision certains détails de la course remportée dimanche 29 juillet 2012 par Alexandre Vinokourov.
Notamment l’écart précis entre les échappés et le peloton. Et pour cause : les modules GPS attachés aux vélos des coureurs n’ont pas pu transmettre d’informations à certains moments… car les réseaux mobiles étaient saturés En effet, les dizaines de milliers de spectateurs, massés autour du parcours dans les rues de Londres, envoyaient des messages à leurs amis et des photos de l’épreuve sur les réseaux sociaux. Ce qui, d’après les organisateurs, a provoqué une congestion des réseaux. Un autre fait, rapporté par l’agence française AFP, relate l’usage de propos racistes sur Twitter. Ce qui a valu à Michel Morganella défenseur de l’équipe suisse olympique de football d’être exclu des jeux après avoir qualifié sur internet ses adversaires sud-coréens de « trisos » (trisomiques) et les avoir exhortés à aller « tous (se) brûler », a annoncé lundi le Comité olympique suisse. « Il a, avec ses propos rendus public sur son compte Twitter, discriminé, insulté et entaché la dignité de l’équipe sud-coréenne de football et l’ensemble du peuple coréen », a souligné Gian Gili, chef de mission de la délégation suisse. Le CIO est allé plus loin dans sa démarche et a édicté une directive sur les réseaux sociaux, les blogs et Internet destinés aux athlètes et plus largement à l’ensemble des personnes accréditées aux JO. Car même si le CIO « encourage activement les athlètes et les personnes accréditées aux jeux Olympiques de Londres à rejoindre les réseaux sociaux et à faire part de leur expérience », il n’oublie pas d’édicter clairement les règles de cette communication. D’une manière générale, les règles édictées visent à éviter toute communication pouvant ternir ou engager la réputation du CIO et celle plus largement de l’Olympisme. Le CIO souligne dans cette directive qu’il encourage les participants et autres personnes accréditées à mettre des liens sur leurs blogs, sites web ou réseaux sociaux vers le site officiel du Mouvement Olympique, le site officiel des jeux Olympiques ou le site officiel du CNO concerné. Comme il fallait s’y attendre, la riposte des athlètes n’a pas tardé ; l’Américaine double médaillée olympique Sanya Richards-Ross a pris la tête d’une fronde numérique contre le CIO.
LE HOLA DU CIO
« Beaucoup de nos amis dans le sport se battent pour rester dans le sport. C’est important pour nous. Twitter est notre seule plate-forme ». En plein jeux Olympiques, ce message a été lancé par la sprinteuse américaine, au Comité international olympique (CIO) dans l’espoir d’une plus grande tolérance des autorités olympiques. Le but : protester contre l’interdiction faite aux athlètes, médias, et personnel de l’organisation de promouvoir leurs propres partenaires ou produits sur Facebook, Twitter, ou autres blogs.
Une interdiction passée sans trop d’encombres avant le coup d’envoi de la compétition, mais qui commence à embarrasser certains athlètes vis-à-vis de leurs sponsors personnels. Le CIO est assez clair sur le sujet : la présence des personnes accréditées sur les réseaux sociaux pendant les JO est « activement encouragée » ainsi que le fait de « bloguer et de twitter ses expériences olympiques ». A condition bien sûr de ne pas le faire dans un « but commercial et/ou publicitaire, et que cela n’induise pas un association indue d’une marque non-partenaire au CIO, aux JO ou au mouvement Olympique ». Les restrictions de l’usage des réseaux sociaux se présentent mal si l’on considère un autre acteur de la popularité des sportifs : le public. Il est, en effet, de plus en plus en demande sur les réseaux sociaux d’informations sur le quotidien de ses idoles. Selon une récente étude du bureau d’études français de marketing sportif Sportlabgroup**, Facebook est de plus en plus utilisé pour suivre l’actualité sportive, avec 18% des 15-24 ans l’utilisant pour suivre le sport et 9% faisant de même via Twitter. Pas d’ambiguïté sur les motivations des internautes : accroître la proximité en « devenant fan ». Une e-réputation dont les sportifs saisissent d’ailleurs les enjeux.
A coup sûr, les jeux de Londres confirment le statut de medias sociaux incontournables des réseaux sociaux. Et même si les limitations d’usage imposées par le CIO peuvent trouver, entre autres explications, le souci des organisateurs de préserver les intérêts des partenaires sponsors, certains n’ont pas hésité à faire le lien entre elles et la désaffection du public.
Rachid Moussa