Sommité mondiale en ophtalmologie, le professeur Jean-Pilippe Nordmann, qui est également chef de service d’ophtalmologie à Paris, a été invité dans le cadre des Journées de la Société algérienne du glaucome (SAG). Il a bien voulu répondre à quelques questions de L’Expression.
Professeur, quel est l’objet de votre visite en Algérie?
J’ai effectué plusieurs séjours en Algérie dans le cadre de ma spécialité, notamment à l’hôpital militaire de Aïn Naâdja. Aujourd’hui, je suis invité à la rencontre annuelle de la Société algérienne du glaucome. Le glaucome est une maladie oculaire qui touche surtout les personnes de plus de 45 ans. Cette maladie est due à un excès de la pression oculaire entraînant une atteinte du nerf optique (qui envoie les informations visuelles au cerveau) et du champ visuel (espace de vision). Si elle n’est pas soignée, elle rend aveugle. C’est pour cela qu’il faut la traiter de manière précoce pour éviter justement ces complications qui mènent à la cécité.C’est un phénomène irréversible. Il faut des examens précis et rigoureux
Et à propos de ce séminaire?
On a exposé les nouvelles techniques qui permettent de détecter les premiers signes du glaucome et son évolution de manière précise chez le patient. Cette technique s’appelle l’OCT (Optical Coherence Tomography). Je peux vous dire que l’événement de cette technique est une révolution dans cette spécialité.
Peut-on considérer le glaucome comme un problème de santé publique?
Oui, effectivement. Il s’agit d’un problème de santé publique, aussi bien en France qu’en Algérie. Près de 2% de la population sont atteints de cette maladie en France. En Algérie, ils sont environ 3% de personnes à souffrir du glaucome et plus grave encore, les 2/3 des personnes ignorent leur maladie.
Mais la maladie se soigne de manière relativement facile?
A l’époque, c’était avec du collyre. Et quand ce traitement ne suffit pas on a recours au laser et aux interventions chirurgicales. L’intervention dure environ une demi-heure. Avec l’évolution de la médecine, il y a actuellement des techniques chirurgicales extrêmement pointues et elles ont fait l’objet de débats durant ce séminaire.
Comment appréciez-vous le niveau de l’ophtalmologie en Algérie
Je peux vous dire que l’ophtalmologie est bien développée en Algérie. Je trouve surtout qu’il y a une stratégie de diagnostic de grande qualité et aux normes internationales.
Mais vous recevez toujours des patients algériens qui viennent pour des soins à Paris…
Effectivement, quand il s’agit de cas très compliqués qui nécessitent un recours à des techniques très pointues comme celle que je viens de citer, à savoir l’OCT. Il faut savoir que même en France, elle fait ses premiers pas. Ensuite, il faut savoir qu’en Algérie il n’ y a pas de médecins spécialisés exclusivement dans le glaucome. Déjà que la maladie n’est pas connue, son traitement ne donne pas souvent des résultats spectaculaires, d’où ce semblant d’hésitation à se spécialiser dans cette maladie. Il est donc important de sensibiliser les patients
Professeur, peut-on espérer que des gens atteints de cécité puissent recouvrer la vue?
Oui, dans certains cas précis, il y a de l’espoir. Il y a par exemple cette nouvelle technique qui consiste à installer des capteurs à la place des cellules mortes censées capter de la lumière. Il y a beaucoup d’espoir, mais c’est vrai que cela dépend des cas.