L’entretien qu’a eu hier à Alger Jean Pierre Raffarin, l’envoyé spécial du président français François Hollande, avec Chérif Rahmani, ministre de l’industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement, a permis «de faire avancer les discussions sur les dossiers de partenariat engagées depuis plusieurs années», a affirmé hier M. Rahmani, lors d’un point de presse tenu à l’issue de la rencontre en tête à tête qui a duré toute la matinée entre les deux responsables.
«Ça nous a permis d’élaborer ensemble une feuille de route opérationnelle, pratique, pragmatique et concrète» dans un climat «de confiance mutuelle et d’une conscience aiguë entre les deux pays», a dit le ministre. Les deux hommes ont décidé d’une nouvelle approche de partenariat basée sur «l’identification et le développement des filières stratégiques où chaque pays apporte sa part pour la réussite avec un travail approfondie en amont et en aval permettant de créer un pôle industriel en Algérie».
«Nous allons construire ensemble la filière automobile, investir dans la chimie, le secteur pharmaceutique, les matériaux de construction, l’agroalimentaire et l’industrie, dira Rahmani.
Les deux hommes ont identifié trois grands problèmes dans les binômes créés entre les entreprises françaises et leurs homologues algériennes, objet de ce partenariat. «Dans les binômes Lafarge-Gika, Sanofi-Saïdal, Total-Sonatrach et ceux des transports, il y a lieu d’évacuer des problèmes historiques de mauvaise interprétation, de procédures, de législation», dira le ministre.
Selon lui, la concrétisation de ces «grands projets complexes» avance. «Nous n’avons pas beaucoup communiqué mais il y a des discussions en cours et des échanges de visites de part et d’autre pour faire avancer les choses», a-t-il ajouté. «Il ne s’agit pas d’effet d’annonce puisque les dossiers avancent et nous allons laisser les grandes annonces pour le sommet entre les deux chefs d’Etat», a-t-il dit.
Pour Rahmani, il est question maintenant de respecter trois règles fondamentales pour faire aboutir ces projets, à savoir «le respect des partenaires, celui du temps et la volonté des deux peuples ainsi que l’optimisme des dirigeants des deux pays». M. Raffarin y voit une forte volonté pour «faciliter et accélérer le traitement des dossiers en cours».
«Les dossiers ne sont pas encore finalisés car ils sont très complexes mais ils avancent de manière significative», a-t-il dit. Interrogé sur la règle de 51-49, M. Rahmani a répondu qu’il va présenter un projet de redressement de l’industrie algérienne au gouvernement dans lequel il évoquera «toute la question de l’investissement en Algérie».
Raffarin invite, quant à lui, «les entreprises françaises à venir en Algérie en respectant les règles d’investissement», a-t-il dit. «Ces entreprises s’adaptent bien quand elles veulent et ce n’est pas à elles de décider de la règlementation», a-t-il dit. A propos de l’installation de l’usine de fabrication des véhicules Renault en Algérie, le ministre dira «que les discussions sont entre les deux entreprises autonomes Renault et la SNVI et non pas au niveau des gouvernements. Les discussions avancent bien. Une délégation de Renault était mercredi dernier à Alger et une délégation algérienne se déplacera le 26 novembre pour approfondir le dossier», a dit M. Rahmani.
A propos du projet de Total, M. Raffarin a évoqué un problème «de prix de la matière première» qui a créé divergences entre les deux partenaires. «Total a remis hier une nouvelle proposition des prix», a-t-il dit sans donner plus de détails.
Nouria Bourihane