Prenant prétexte de la présentation d’un film algérien à Cannes
Dans un communiqué qui s’apparente à une déclaration de guerre, les ultras du FN s’attaquent au FLN et à son histoire.
Le film Hors la loi de Rachid Bouchareb crée une véritable polémique au sein des ultras français. Un comité proche de l’extrême droite, intitulé «Pour la vérité historique – Cannes 2010», vient d’être créé et entreprend de lancer des actions spectaculaires contre la présence algérienne à Cannes et l’équipe du film du réalisateur algérien Rachid Bouchareb.
Prenant comme prétexte cette oeuvre artistique, les partisans de Jean-Marie Le Pen annoncent une guerre contre le FLN de Belkhadem. Dans un communiqué d’une rare violence verbale, ces ultras s’attaquent au FLN en écrivant à propos de la présentation du film de Bouchareb à Cannes: «En présence d’un tel dessein et tant de machiavélisme, l’Etat français doit réagir avec force, pour contrer cette entreprise de désinformation et dénoncer les vrais « faussaires » de l’histoire et la mythologie mensongère qu’entretient le FLN au pouvoir en Algérie depuis 1962.»
Avec un ton menaçant qui rappelle les ultras de l’Algérie française de la fin des années 50, le document ajoute: «Nous leur montrerons, preuve à l’appui, ce que les « Hors la loi » djihaddistes du FLN faisaient des décorations des « héros d’Indigènes »».
Le communiqué de ce groupuscule conclut par un véritable appel à la guerre d’Algérie, plus de 50 ans après son indépendance: «Oui, nous le dirons avec force, le Festival ne doit pas être un outil de propagande politique au profit du FLN.»
Ce comité partisan de l’Algérie française lance par là même un appel pour perturber la projection du film et donc gâcher la plus grande manifestation cinématographique du monde qu’est le Festival de Cannes. Sa devise: une croisade sur la Croisette.
Ce comité qui souhaite organiser «la grande manifestation patriotique française à Cannes», lance un appel aux parlementaires, aux élus, aux anciens combattants, aux harkis, aux pieds-noirs et aux sympathisants, pour se rassembler par milliers sur la Croisette du 12 mai au 23 mai 2010 afin de demander à ce que les lois françaises soient appliquées en France «contre l’apologie du terrorisme et des crimes contre l’Humanité» (sic).
Dans son communiqué de presse publié par le site proche du Front national, nationproinfo, ce collectif qui est derrière toutes les campagnes contre l’Algérie, accuse les organisateurs du Festival de Cannes de relancer la guerre d’Algérie en France.
Le comité poursuit sa vindicte en déclarant: «Les organisateurs et tous les irresponsables du Festival de Cannes ont été maintes fois prévenus. Veulent-ils relancer la guerre d’Algérie en France? Menacer la cohésion sociale et la paix civile? Raviver les blessures, les douleurs des drames vécus en donnant une tribune à ces moudjahidine qui n’ont offert, en 1962, aux pieds-noirs et harkis, que le choix de la valise ou du cercueil?»
Le communiqué s’attaque aussi bien aux politiques qu’aux diplomates français: «Depuis plus de 2 ans, nos ambassadeurs en Algérie, les voix de ministres, de parlementaires en mission dans ce pays, et même celle du président de la République orientent le discours officiel français vers les exigences du FLN qui a annoncé récemment toute une série de mesures d’intimidation sur ce sujet.»
Le communiqué s’attaque aussi au réalisateur Rachid Bouchareb en déclarant: «Cette machine à façonner l’opinion française, a commencé avec la réalisation du film Indigènes, un film (…) aux invraisemblances histo-riques.»
Cette vindicte médiatique du Front national poursuit sa haine sur le réalisateur en ajoutant: «Pour le film Hors la loi, c’est le même scénario qui se prépare pour faire maintenant accepter aux Français les exigences de repentance du pouvoir algérien.»
Le comité toujours menaçant, cible également les producteurs français du film: «Ce film algérien, réalisé par l’auteur de Indigènes est avant tout un film de propagande politique pour le compte de ceux qui l’ont commandité et financé, un véritable complot contre la France, son histoire, sa présence et son oeuvre en Algérie.
C’est une organisation cinématographique qui a profité de fonds publics français complétés par ceux d’un mécénat idéologique d’entrepreneurs dévoués à la cause.
Il n’aurait jamais dû bénéficier du tremplin publicitaire et médiatique que va lui offrir une institution française, le Festival de Cannes, où il sera présenté quelques jours à peine après sa sortie officielle en Algérie.»
Avec de pareilles menaces, il faut dire que les organisateurs français du Festival et les autorités françaises civiles et militaires sont plus que prévenus, la Croisette ne sera pas de tout repos cette année.
Adel MEHDI