Derniers mètres avant la fin de la campagne électorale pour des élections législatives, franchement, boudées par la majorité de l’électorat. Tous les candidats en lice et leurs staffs tentent de sucer quelques morceaux de sucre pour se tonifier en prévision de la dernière ligne droite, avant le jour ’J », comme on le faisait dans le temps avant les examens. Mais, tout en mettant, autant que faire se peut, des bâtons dans les roues de leurs adversaires, des pierres dans le soulier ou même, tiens ! Un chat dans le pantalon.
C’est le cas de plusieurs candidats et chefs de partis, dont d’ex-ministres de la République. A en croire celui qui officiait au ministère de la farine de Boughezzoul, de la tomate de Californie, des poivrons de Sidi Chami et du vent de Bou-Sâada, de son temps, tous les produits agricoles, les produits alimentaires et même le savon de toilette étaient vendus à des prix abordables. Pas de tension, également sur la voiture, puisque de son temps, les prix étaient abordables et les voitures disponibles.
Pas trace également, des rapaces et prédateurs qui ratiboisaient les pères de famille sur les marchés de fruits et légumes. D’autres candidats se défoncent sur le pouvoir en place, sur tout ce qui bouge et s’apparente, de près ou de loin, aux signes extérieurs de l’Etat. Eux, s’ils sont élus, ils feraient le ménage, tout redeviendrait « beau, clean et avenant », comme avant, comme « dans le temps, z’men ».
Il est clair que toute campagne électorale déborde sur certains sujets de société, d’économie et de politique, à fortiori quand il s’agit de thèmes proches des préoccupations des Algériens, des électeurs. Des thèmes directement liés aux conditions de vie des Algériens, et intimement rattachés à la vie de tous les jours des électeurs ne sont, hélas! pas abordés, ni dans le détail, ni en gros. Les candidats et leurs permanences aiment bien surfer sur des questions, à mille années lumières, des préoccupations de leurs électeurs, et n’accordent pas un grand intérêt au travail de proximité, celui qui fera dire à un potentiel élu que la situation sociale du pays est grave, que la crise identitaire est là, bien réelle, que l’école marche à reculons, et que le pays stagne depuis fort longtemps. Et que dans ces conditions déprimantes et névrotiques, une élection n’est ni la solution, comme le proclament, à l’unisson, les officiels pour chauffer le bendir’ et éviter une trop grande abstention au marasme social et économique actuel, encore moins une porte ouverte vers « des lendemains meilleurs » que promettent les candidats, tous, sans exception. Sauf ceux, peut-être, qui n’ont aucune vision claire des enjeux à venir, et qui rabâchent, à longueur de meeting, des slogans creux à 10.000 dinars la minute.
Et, à considérer le niveau d’instruction de certains candidats, on reste ébahis. Dans une ville du centre du pays, à quelques jets de javelot d’Alger, une liste d’un parti qui va, sûrement, remporter la seconde place, a comme tête de liste un « directeur d’une école de conduite ». Admirez l’euphémisme, « directeur » pour propriétaire d’une auto-école, et dans la même liste, suivent de simples attachés d’administration. Question: si je vais voter, pour qui donner ma voix, au patron de « l »auto-école » ou à un chef de service d’une administration quelconque ? Autre question: s’ils sont élus, ont-ils vraiment les capacités et les moyens de jouer le rôle d’un parlementaire, et souvent bloquer des textes de lois finement préparés mais tout aussi impopulaires ? Y a-t-il carence de candidats ou de qui se moquent certains partis ? Le 4 mai prochain, il y aura, peut-être, beaucoup de monde dans les marchés, sur les plages ou les routes de campagne.