Je t’aime, moi non plus !

Je t’aime, moi non plus !

La guéguerre picrocholine entre Ahmed Ouyahia et Amar Saâdani continue. Et de quelle manière ! Tant mieux, car elle a au moins ce mérite infime de meubler le vide d’une activité politique nationale atone. Nouvel épisode, hier, à Zéralda avec cette algarade brutale du chef du FLN qui grille, sans délicatesse aucune, la politesse à son alter ego. “Je n’ai pas de problèmes personnels avec Ouyahia, mais je ne lui fais pas confiance”, s’est-il lâché devant un parterre d’étudiants du parti, ravis par le franc-parler de leur chef.

C’est la façon brute de décoffrage de Saâdani de renvoyer l’offre de paix d’Ouyahia qui assurait, du bout des lèvres, la semaine dernière, depuis Skikda, que le FLN était un “allié stratégique du RND”. Que cache cet échange récurrent d’amabilités entre les chefs des deux partis du pouvoir ? Ce “Je t’aime, moi non plus” ? Il y a, certainement, une animosité personnelle, et il est de notoriété publique que les deux hommes se détestent cordialement.

Contrairement à ce qu’ils prétendent en public, histoire de sauver les apparences. Simple guerre des mots ? Mais au-delà des affects, il y a, certainement, une partie politique qui se joue sur fond de leadership, en prévision des futures batailles. Fort de sa majorité dans les Assemblées élues (APC, APW, APN, Conseil de la nation), Amar Saâdani revendique pour son parti le statut de chef de file des partis du pouvoir, refusant, ainsi, le partage avec le frère ennemi, confiné au rang de force d’appoint. Et ce n’est pas fortuit s’il a réclamé, encore hier, le poste de Premier ministre.

Ce qui, pour le coup, remet sur le tapis la question du changement de l’Exécutif. Cela pour le court terme. Mais pour le long terme, c’est le grand enjeu de succession qui se profile à l’horizon. Et chacun des deux hommes cherche à prendre des positions stratégiques en prévision de l’assaut final.