« Je suis prêt à parier que les USA subventionnent l’industrie du schiste »-Pr Aktouf (audio)

« Je suis prêt à parier que les USA subventionnent l’industrie du schiste »-Pr Aktouf (audio)

L’industrie du pétrole et du gaz de schiste aux USA se concentre sur les puits les plus rentables. « Or, les plus rentables, c’est  8% d’espérance de gain de rentabilité par puits alors que le conventionnel est à 30% et plus », explique le Pr- Omar Aktouf.

« Derrière chaque forage de pétrole ou de gaz de schiste, il y a des énormes pouvoirs financiers », a expliqué Omar Aktouf, professeur à HEC Montréal. Au cours de l’émission de l’Invité du Direct de RadioM, diffusé ce mardi. L  e Pr.Aktouf qui fustige le « court-termisme » des Américains a souligné l’importance du secteur énergétique dans la société américaine.

« La société américaine n’a pas de filets sociaux et l’origine de l’inflation c’est l’énergie. Dès que le prix du galon de pétrole augmente sur le marché américain, c’est l’effet domino : tout augmente.  Il suffit d’une inflation de 3% pour qu’il y ait  une révolte, a-t-il encore expliqué.

Le Pr. Aktouf pointe  l’esprit court-termiste’’ des Américains et se dit « prêt à parier qu’ils subventionnent ceux qui font du gaz et du pétrole de schiste », même s’il reconnait qu’il ne détient pas à ce sujet les chiffres et les indicateurs qui peuvent étayer ce propos.

Pour l’Invité du Direct de Radio M,  la vitalité de l’industrie du schiste aux USA est trompeuse et sa capacité à rivaliser avec les l’industrie pétrolière conventionnelle reste encore à démontrer. Il en veut pour preuve la fermeture de 460 puits de schiste le mois dernier. Mais pas seulement.

Selon lui, l’industrie du pétrole et du gaz de schiste aux USA se concentre sur les puits les plus rentables. « Or, les plus rentables c’est  8% d’espérance de gain de rentabilité par puits alors que le conventionnel est à 30% et plus », a-t-il argumenté.

Autre facteur qui bat en brèche la pérennité de cette industrie, c’est la mise sous pression des différents prestataires de service ( eau, transports, services aux puits etc) qui interviennent dans l’activité de forage des puits de schiste en leur imposant des conditions draconiennes. Les compagnies pétrolières ont mis  « une pression énorme sur leurs fournisseurs »  en  baissant les prix. « Donc, d’un côté, on utilise le pétrole et gaz de schiste qui maintienne la machine américaine et d’un autre côté on tue les emplois, le salariat le pouvoir d’achat, chez les fournisseurs. Mais tout ça doit s’équilibrer un jour », a-t-il résumé.

Effet retards

En spécialiste du management stratégique, le Pr- Aktouf s’est attardé sur les « effets retards » qu’induirait l’activité de forage horizontal. Il a fait état de la contamination de l’eau dans l’Illinois, bien que cette région ne soit pas proche des sites de forage. « Les effets vont venir ;  les roches souterraines sont inter-reliées,  tout ça  c’est un effet retard », a-t-il souligné.

L’autre « effet retard » c’est ce que d’autres producteurs de pétrole de gaz de schiste, qui sont très nombreux, commencent à peser dans plusieurs régions des USA  avec un effet indirect : le massacre des fermes et des terrains agricoles.  La terre est devenue complètement infertile et l’élevage intensif impossible possible  à cause de ces activités.

Pour le Pr.Aktouf, le problème ne réside pas seulement dans les produits chimiques utilisés dans la fracturation hydraulique, qui restent « la boite noire » des compagnies pétrolières.  Selon lui, « même une fracturation  avec l’oxygène pur » posera problème puisqu’elle induira des effets autres que chimiques. Il cite l’exemple de la sismicité induite et le risque de déviation de nappe phréatique, sans oublier le méthane qui s’échappe à chaque fracturation. « Le pétrole et le gaz de schiste ce n‘est pas bon. C’est clair, net et précis », a-t-il conclu.