« J’avais peur d’être jeté dans la Seine » : un étudiant algérien agressé par la Police en France

« J’avais peur d’être jeté dans la Seine » : un étudiant algérien agressé par la Police en France
Agression d’un étudiant algérien en France

Il pensait simplement rentrer chez lui après une soirée entre amis. Mais pour Adil, 25 ans, étudiant en droit arrivé d’Algérie en 2023, cette nuit-là à Drancy a tourné au cauchemar. Ce qu’il décrit dans sa plainte déposée auprès du procureur de Bobigny dépasse de loin une interpellation classique.

Violences, insultes à caractère raciste, atteinte à la dignité et un traumatisme profond encore vivace plusieurs semaines plus tard. Une affaire sensible, qui soulève de lourdes questions sur les pratiques policières dans certains quartiers populaires de Seine-Saint-Denis.

Il est environ 23 heures lorsque cinq hommes en civil abordent Adil dans la rue. Ils se présentent comme policiers, sans uniforme ni brassard. Méfiant, le jeune homme demande à voir une preuve. « Un m’a montré son arme, mais il n’y a pas que la police qui porte des armes », explique-t-il au média StreetPress.

Le ton monte rapidement. Les agents s’intéressent à son permis de conduire algérien, puis tentent, selon sa plainte, une fouille intrusive. « Ils ont voulu me pencher en avant pour mettre leurs mains à l’intérieur de mon pantalon », affirme-t-il. Ce geste provoque un sursaut de panique. Adil se débat, se retrouve plaqué au sol, le visage écrasé par la jambe d’un policier. Dans un réflexe de survie, il mord celui-ci à la jambe. En réponse, il reçoit des décharges de taser et des coups répétés.

« T’es pas chez toi ici » : humiliations au commissariat

Conduit au commissariat de Drancy, Adil dit avoir été soumis à un traitement d’une rare brutalité. Menotté, contraint de rester agenouillé jusqu’à perdre toute sensation dans les mains, il rapporte avoir été la cible d’insultes racistes et islamophobes : « T’es pas chez toi ici », « Tu n’auras pas de kebab ».

Selon sa plainte, il est ensuite déshabillé et laissé en cellule sans couverture pendant plus de 12 heures. Ce n’est qu’après ce long calvaire qu’il est transporté à l’Unité médico-judiciaire de Bondy. Le constat médical est accablant. Ecchymoses, érosions, et dix jours d’incapacité totale de travail. Le rapport légiste précise que « l’examen physique et l’état psychique constatés s’avèrent compatibles avec les faits allégués ».

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Un étudiant algérien de 25 ans dénonce une interpellation violente par la Police à Drancy 

Adil a saisi l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). Deux témoins confirment la violence de l’interpellation. L’un d’eux affirme avoir entendu un policier lancer : « Rentre, tu n’as rien à faire ici ». Une vidéo filmée depuis un immeuble par un riverain vient appuyer ces témoignages.

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Mais un autre détail trouble les observateurs ! La procédure pour « outrage et rébellion » initialement ouverte contre Adil a tout bonnement disparu. Le parquet de Bobigny affirme n’avoir aucune trace du dossier. Les commissariats de Drancy et de Bobigny, contactés par son avocate, Maître Louise Paris, n’en savent pas plus. Pourtant, les policiers avaient informé Adil que l’affaire serait classée sans suite. Un flou judiciaire qui soulève des interrogations sur la transparence de la procédure.

Depuis l’interpellation, la vie du jeune algérien Adil ne tient plus debout comme avant. Envahi de cauchemars, il s’est coupé les cheveux pour passer inaperçu et traverse chaque interaction avec des agents de police comme un nouveau danger. « Dès qu’il croise un agent en uniforme dans la rue, il craint ‘une menace’ », précise StreetPress.