L’Algérie est l’un des pays dont le patrimoine végétal est des plus importants. Ses différents étages bioclimatiques (de l’humide au désertique) ont permis à une abondante végétation méditerranéenne et sahélienne (environ 3.139 espèces naturelles) de se développer.
Certaines espèces (1.286 soit 40,53 % de la flore autochtone) sont classées « rares à très rares » par les botanistes. D’autres, au nombre de 226, menacées d’extinction, dont le houx et l’if, sont protégés par le décret n°93-285 du 23 novembre 1993. Même des espèces réputées pour être exotiques figurent dans le patrimoine floristique naturel du pays. Ainsi, une dizaine d’espèces d’orchidées — plusieurs travaux de recherche ont été effectués pour les recenser — font la fierté du parc national de Chréa. Pour promouvoir cette diversité floristique et la mettre en valeur, le jardin d’acclimatation d’El Hamma, l’une des plus importantes stations horticoles du pays, tente de les recenser. Pour ce faire, il prévoit, selon son directeur Abderrezzak Ziriat, de lancer des missions de prospection au niveau des différents parcs nationaux. « L’Algérie compte des milliers d’espèces végétales autochtones, aussi uniques que rares. Ces missions de prospection nous permettront de les recenser et les classer », a-t-il déclaré. Une fois récoltées, ces espèces seront multipliées au niveau des différents sites du jardin. « Nos équipes tenteront de les multiplier soit par méthode végétative soit par voie sexuée grâce à leurs semences. Par la suite nous allons les intégrer dans notre patrimoine végétal », a-t-il encore précisé. Le but d’une telle initiative, explique M. Ziriat, est la vulgarisation de ces espèces. « Ces espèces sont, pour la majorité, inconnues du grand public. De par cette initiative nous essayons de rapprocher le citoyen des richesses naturelles de notre pays. Une fois toutes les démarches entreprises, nous prévoyons de les présenter au grand public », a-t-il fait savoir. Toujours dans le même cadre, le jardin d’essai compte installer un laboratoire de culture in vitro. « Cela nous aidera dans la multiplication de ces espèces », dira M. Ziriat. Effectivement, la vitroculture, grâce à un milieu de culture artificiel contrôlé à l’abri de toutes contaminations, permet la régénération d’une plante entière autonome, fertile et indemne de toutes maladies (fongique, bactérienne ou virale). Ce qui permettra à coup sûr la multiplication du matériel végétal.Par ailleurs, M. Ziriat a estimé que les espèces autochtones sont beaucoup plus résistantes que les espèces introduites. « Les espèces exotiques sont plus vulnérables que les espèces naturelles. Elles ont souvent du mal à s’adapter à nos climat et sol. A titre d’exemple, au niveau du Jardin d’Essai nous avons préféré remplacer une espèce exotique, qui est devenue très envahissante après sa naturalisation, par la santoline (le petit cyprès). Une espèce autochtone, assez décorative mais à mille vertus médicinales », a précisé le directeur du Jardin d’Essai. Délaissées au profit des plantes exotiques, ces espèces autochtones reprendront, enfin, la place qui leur sied dans les parcs et jardins nationaux.
Rym Boukhalfa