En 1966, Iwao Hakamada avait 30 ans. Et depuis tout ce temps-là, il compte les années, les décennies, dans le couloir de la mort, dans la prison de Tokyo.
Cet ancien employé d’une usine de soja, qui fut aussi un temps boxeur professionnel, a été condamné en 1968 à la peine de mort pour un quadruple meurtre qu’il nie : celui de son patron, de sa femme et de leurs deux enfants. A 77 ans, il est probablement le détenu qui a passé le plus d’années dans l’antichambre de la mort, dans l’attente d’une pendaison dont de toute façon on ne connaît jamais la date. Au Japon, les condamnés sont prévenus juste quelques instants avant.
La famille, souvent après. «Ce qui me préoccupe le plus c’est sa santé. Si vous enfermez quelqu’un pendant 47 ans, il ne faut pas s’attendre à ce qu’il garde toute sa tête», raconte à l’AFP Hideko, la sœur d’Iwao. Abritée sous son parapluie qui la protège d’un crachin déprimant, elle attend devant la muraille d’enceinte de la prison. Car à 80 ans, elle s’obstine à venir tous les mois à la prison pour tenter de rendre visite à son petit frère mais «il perd la boule et refuse de me voir». Elle ne l’a pas vu depuis deux ans. «Avant, quand je lui disais ça va ?, au moins il me répondait. Juste oui, mais moi ça me suffisait. Je voulais juste entendre ce mot.»
