Mettre le feu à leur centre de détention, affronter les agents chargés de leur surveillance, se suicider ou se mutiler, telles sont les actions de désespoir auxquelles se livrent les immigrants clandestins pour tenter d’obtenir une régularisation de leur situation. Des organisations internationales tirent la sonnette d’alarme quant à la situation et au drame qui marquent le quotidien de ces centres de détention.
Une centaine d’immigrants tunisiens ont mis le feu, mardi, à un centre d’accueil de réfugiés situé sur l’île de Pantelleria, dans le sud de l’Italie, a rapporté, hier, Le Journal de Sicile. L’incendie a fait de graves dégâts dans le centre, obligeant ainsi le transfert de quelque 80 internés vers d’autres installations et la fuite de plusieurs d’entre eux dans les zones désertes de la petite île au large des côtes siciliennes. Le même jour, une émeute a éclaté à Malte dans un centre de rétention d’immigrants, qui protestaient contre le refus de leurs demandes d’asile et leur détention, faisant 19 blessés : 15 policiers, 3 soldats et 1 immigrant. Les immigrés, principalement originaires d’Afrique subsaharienne, lançaient des pierres sur ces agents et mettaient le feu à des matelas et des poubelles. En Australie, un rapport publié, hier, par la plus haute instance médicale, a révélé que les actes d’automutilation et les suicides s’étaient multipliés au cours des douze derniers mois au sein des centres de détention. Ces centres abritaient, au 30 juin, 6 403 demandeurs d’asile, arrivés sur les côtes australiennes à bord d’embarcations, le plus souvent depuis l’Indonésie. Il s’agit le plus souvent d’hommes jeunes, dont la moitié est originaire d’Afghanistan et d’Iran. Du 1er juillet au 30 juin 2011, les centres de détention ont enregistré 1 132 actes d’automutilation, dont 386 tentatives de suicide, contre seulement 90 actes lors des douze mois précédents, selon ce rapport gouvernemental. Il y a eu au total six décès, 1 320 grèves de la faim, 2 473 hospitalisations et 93 admissions psychiatriques. La même instance a vertement critiqué la détention obligatoire des demandeurs d’asile, qualifiée de «profondément nuisible» pour ces personnes. Le temps moyen passé par les demandeurs d’asile dans ces centres, pendant l’examen de leur dossier pour l’obtention du statut de réfugié est passé de 103 jours au premier semestre 2009 à 316 jours, deux ans plus tard. En 2010, 6 800 immigrants illégaux sont arrivés en bateau sur les côtes d’Australie, un nombre peu élevé au regard de la population totale du pays (22 millions), mais ce sujet alimente les polémiques depuis des années.