Pour Alger, Rachid Mesli sera extradé, si l’on croit les déclarations du ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, qui a affirmé ce jeudi que l’Algérie présenterait à l’Italie, dans les délais, la demande d’extradition de l’ex-avocat de plusieurs dirigeants historiques du FIS dissous.
Condamné par contumace à 20 ans de prison pour terrorisme et faisant l’objet d’un mandat d’arrêt international, M. Mesli, actuel directeur juridique de la fondation Alkarama, une ONG sise à Genève, a été arrêté, le 19 août dernier, par les carabiniers au Grand-Saint-Bernard. Réfugié politique en Suisse depuis 2000, l’avocat arrivait depuis la Suisse et se dirigeait en direction de l’Italie en voiture, avec sa femme et son fils, avait rapporté, trois jours plus tard, l’agence italienne ANSA.
L’Algérien avait été condamné à trois ans de prison en 1996. Placé, dans un premier temps, en garde à vue à Aoste, au nord-ouest de l’Italie, il était en attente de la décision de la cour d’appel de Turin qui devait se prononcer sur son extradition. Selon Alkarama, repris par TSA, le 15 septembre dernier, l’Italie a décidé de mettre fin à la résidence surveillée de l’avocat, l’autorisant à retourner en Suisse. Dans la conviction de la justice algérienne, l’Italie lui avait accordé un délai de 40 jours, à compter de la date de l’arrestation de Rachid Mesli, pour préparer le dossier de la demande de son extradition. Tayeb Louh affirmant par la suite que «le dossier sera fin prêt dans les délais avant son envoi par voie diplomatique». Reste à savoir maintenant qu’elle sera la réaction d’Alger si les informations répercutées par l’ONG sont authentiques. Cette dernière explique que la justice italienne n’a pas clairement indiqué sa décision finale quant à la demande d’extradition de l’Algérie. Mais elle autorise l’avocat à quitter le pays avant la fin de la période des 40 jours, nécessaires aux autorités algériennes pour déposer une demande d’extradition en bonne et due forme. Toutefois, selon TSA, Rome laisse encore à l’Algérie le temps de fournir des documents complémentaires pour valider sa requête. Rappelons qu’au lendemain de l’arrestation de Mesli, le directeur exécutif de la fondation, Mourad Dhina, un des anciens chefs de l’ex-parti islamiste, avait réagi en espérant une «possible rapide libération», expliquant que l’avocat est victime «du harcèlement pour raison politique de la part de l’Algérie» dans le but est «d’empêcher un militant des droits de l’homme de travailler». Pour lui, M. Mesli ne sera jamais extradé par l’Italie. «Les accusations d’Alger sont farfelues», souligne M. Dhina, lui-même déjà arrêté une fois en France et libéré assez vite. Un plan d’action sera mis en branle, précisera-t-il, à travers d’autres ONG, écrire au gouvernement italien et engager une action en justice. L’avocat algérien, cinq ans après son arrivée en Suisse, a fondé à Genève la fondation Alkarama. Cette ONG, qui célèbre cette année son dixième anniversaire, intervient systématiquement auprès du Haut-Commissariat aux droits de l’homme et des procédures spéciales de l’ONU pour défendre des citoyens arabes victimes d’arrestations arbitraires, de disparitions et de tortures. Elle subit régulièrement des attaques de la part de certains gouvernements arabes comme les Emirats arabes unis qui l’ont placée sur leur liste de groupes terroristes. Une fondation citée dans des affaires de financement du terrorisme international et l’ancien président du Conseil de l’ONG, Abdul Rahman Omeir al-Naïmi, avait été accusé en son nom propre par les Etats-Unis d’avoir transféré 600.000 dollars à Al-Qaïda en Irak et supervisé le transfert de deux millions de dollars. Ses avoirs ont été gelés par le Trésor américain.
Le Qatar et l’Arabie Saoudite sont ainsi accusés de financer les jihadistes au travers de dons privés versés à des fondations islamiques caritatives et des ONG. Pour Tayeb Louh, ce dossier n’est pas le premier du genre et ne sera pas le dernier.
