Le président du Groupe Cevital, M. Issad Rebrab, estime que l’agriculture est le secteur le plus important du point de vue économique. “Si on exploitait de manière judicieuse et correcte notre territoire, les revenus du secteur agricole pourraient dépasser aisément ceux des hydrocarbures”, argue-t-il. M. Rebrab a indiqué, hier, en marge de la rencontre du Conseil interprofessionnel des céréales (Cic), que la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (Bad) sont prêtes à lui financer des projets agroindustriels dans les pays africains qui contribueront à y assurer la sécurité alimentaire.
Dans son périple qui l’a conduit récemment vers quelques pays africains, tels que l’Éthiopie, la Côte-d’Ivoire, le Soudan, la Tanzanie, le Kenya…, à la recherche des opportunités d’investissement, M. Rebrab a été à la fois émerveillé et surpris par les énormes potentialités que recèlent ces nations. Les gouvernements de ces pays ont, rappelle-t-il, répondu favorablement à sa demande d’exploitation de terrain pour des projets agricoles. “Maintenant, il faut aller vers du concret”, affirme le pragmatique homme d’affaires. L’un des véritables problèmes qui freinent le secteur de l’agriculture en Algérie est, selon lui, le parcellement des terres, surtout au nord du pays. “Je pense que l’avenir du pays sera le Sud”, avoue-t-il. “Au sud du pays, nous avons de l’eau et de grandes surfaces, suffisantes pour réaliser des exploitations agricoles rentables et compétitives qu’on peut exploiter d’une manière industrielle”, affirme M. Rebrab. Pour lui, l’Algérie a d’énormes potentialités afin qu’elle puisse assurer sa sécurité alimentaire. “J’en suis confiant”, ajoute-t-il. Le P-DG de Cevital met, en revanche, un bémol : “Mais il faut que les Algériens aient de l’ambition pour leur pays.” Par ailleurs, Issad Rebrab confirme les projets agricoles que son Groupe a prévus au sud du pays. Des discussions sont toujours en cours avec les autorités sur la faisabilité et l’accès au foncier. “Nous allons investir non seulement dans l’agriculture mais nous allons aussi les accompagner par des usines de transformation”, propose-t-il.
Outre la pomme de terre, les céréales, la luzerne, Cevital compte produire de la betterave sucrière. Celle-ci nécessite, néanmoins, de très grandes superficies pour pouvoir installer une usine de dimension internationale. “Car, de nos jours, pour être compétitif sur le marché mondial, il faut savoir offrir des avantages comparatifs. Si l’on ne propose pas ce type d’avantages, on ne peut pas détenir une industrie ou une agriculture durable”, explique ce capitaine d’industrie.
L’agriculture algérienne a besoin, estime-t-il, de grandes surfaces, d’une mécanisation suffisante et d’un encadrement par le biais de la recherche et développement. M. Rebrab revient ainsi de son “safari africain exploratoire de projets” avec, comme “gibier”, de nombreuses et ambitieuses idées qu’il envisage de proposer aux pouvoirs publics. Dans ce sens, il projette de créer avec ses homologues et autres opérateurs économiques une association d’industriels algériens qui accompagneront les agriculteurs et implanteront des exploitations de grande envergure dans la région sud du pays.
B. K.