Issad Rebrab, P-DG de Cevital, « Les Algériens doivent investir en Afrique »

Issad Rebrab, P-DG de Cevital, « Les Algériens doivent investir en Afrique »
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Nous avons rencontré le Fondateur du groupe Cevital à l’occasion de la visite à Alger de la délégation portugaise.

Les discussions engagées entre les deux pays se sont protées sur le développement de l’agriculture et la sécurité alimentaire. Issad Rebrab nous parle de cette problématique mais aussi des projets du groupe Cevtial qui veut s’engager dans la sécurité des approvisionnements alimentaires de l’Algérie. Rebrab nous livre ici des informations pertinentes.

L’Econews : Ces dernières années, les tensions sur les produits alimentaires s’exacerbent sur les marchés internationaux. Comment l’Algérie doit faire face à ce phénomène ?

Issad Rebrab : en effet, certains produits ont doublé de prix à l’achat en un laps de temps réduit. Nous devons sécuriser nos besoins. L’Algérie doit assurer sa sécurité alimentaire. Certains pays ont connu même des guères lorsqu’ils ont été incapables de satisfaire les besoins alimentaires des citoyens.

En 2007, il y’a eu l’émeute de la faim en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Mali et au Bourkina Fasso. Ces émeutes ont éclaté après à la suspension des exportations du Vietnam. Une année après, en 2008, la Russie a arrêté ses exportations de blé. Durant l’arrêt des exportations russes, les prix du blé ont triplé sur le marché mondial. Il faut, par ailleurs, souligner que les réserves mondiales en produits de première nécessité ont atteint un niveau historiquement jamais enregistré dans l’histoire du commerce international.

Cette alerte n’est pas seulement due à la démographie mondiale galopante mais elle est produite par le pouvoir d’achat en net progression de certains pays peuplés comme le Brésil, l’Inde, le Mexique, L’Indonésie et la Chine. En matière de sucre notamment, un Américain consomme, en moyenne, 50 kg/an, un Européen consomme entre 40 et 45 kilos, un Algérien 34 kilos/ an. En Chine, un habitant consomme 12 kilos environ par an. Il y’a 10 ans, un Chinois consommait 5 kilos. Ces chiffres renseignent sur les futures besoins de la population mondiale.

Comment l’Algérie doit assurer sa sécurité alimentaire, selon vous ?

Nous devons encore produire plus. Mais la surface cultivable en Algérie est limitée. On doit trouver des terres disponibles notamment des pays d’Afrique pour produire davantage. Cevital s’est lancée depuis quelque dans ce domaine. En Afrique, il y’a la disponibilité des terres fertiles et l’ l’eau est abondante et pas chère. Cevital se lance dans la production de la canne à sucre dans certains pays du continent. Nous devons garantir l’approvisionnement du marché national. Sur le sucre, les tensions sont permanentes et même des pays d’Europe sont touchés par la rareté du produit dans le monde. Pour le moment, l’Algérie est épargnée parce que nous prenons nos dispositions. Avec ses stocks, Cevital peut satisfaire la demande nationale en sucre pour une durée de trois mois.

Pourquoi la culture de la canne à sucre ne peut pas se faire en Algérie ?

Nous n’avons pas de terres qui répondent aux exigences de la culture de la canne à sucre. Ensuite, ce type d’agriculture a besoin d’énormes quantités d’eau. Pour produire 1 kg de sucre roux, il faut plus de 2 250 litres d’eau. Cette quantité d’eau coûte 120 dinars, alors que le kilo de sucre roux est de 60 dinars. Sur le plan de la rentabilité, la culture de la canne à sucre en Algérie n’est pas rentable. C’est pour cette raison que nous devons chercher des opportunités ailleurs. Les pays d’Afrique nous offrent cette possibilité. A ce propos, les pouvoir publics doivent aider les opérateurs algériens dans le domaine de l’agriculture à chercher des sources d’approvisionnement à l’étranger. Non seulement, nous pourrons garantir l’approvisionnement du pays mais également exporter vers d’autres continents.

En plus du sucre, il est question pour Cevital d’investir dans les matières premières pour la production des huiles végétales. Ou en sont les choses pour vous ?

En effet, nous nous sommes mis d’accord avec des agriculteurs pour développer la culture des grains oléagineux. Le grain oléagineux est la matière première pour la production industrielle des huiles alimentaires. Le projet mis en place par Cevital promet de créer 1000 emplois dans l’industrie et promouvoir 100.000 emplois dans le développement de la culture du grain oléagineux. Les importations algériennes en matière première et en huile représentent une enveloppe d’un milliard de dollars. Avec ce projet, nous allons satisfaire la demande nationale. Nous allons donc économiser au pays un milliard de dollars tout en lui assurant des entrées en devises à travers l’exportation de l’excédent. Nous attendons la réponse des autorités pour lancer ce projet.

Mahmoud Chaal