L’apartheid est-il mort avec l’abolition de ses piliers fondateurs par le Parlement sud-africain le 17 juin 1991 ?
Nelson Mandela himself s’était déjà posé la question et sa réponse fut claire, nette et sans équivoque : «L’apartheid n’est pas qu’une question d’abolition des lois qui en constituent la fondation (…) L’apartheid est aussi une philosophie (…) Il est mort légalement mais dans la pratique, il sera toujours là.» L’icône mondiale de la liberté et du pardon parlait certes de son pays qui a connu l’une des pires lois de ségrégation raciale au monde entre 1950 et 1991, mais ses propos sont toujours d’actualité dans certaines contrées du monde.
C’est le moins que l’on puisse dire, à voir les pratiques d’Israël qui ne se gêne pas, depuis des années déjà, à discriminer tout un peuple à qui il refuse tout simplement le droit d’exister. En quoi la situation des Palestiniens en général, et ceux de la Bande de Gaza et de la Cisjordanie en particulier, est-elle différente de celle des Sud-Africains à l’époque de l’apartheid ? La ségrégation n’est-elle pas la même dans les deux cas avec des contextes politiques et historiques différents ? Des rapports d’organisations non gouvernementales (ONG) n’ont pas hésité en tout cas à parler d’«apartheid nouvel» en évoquant les humiliations infligées au quotidien aux Palestiniens, le pillage de leurs terres, la judaïsation de Jérusalem Est et le blocus de Gaza. Mais Israël ne s’arrête pas là. Il s’en prend aussi à ses… propres citoyens (d’origine arabe et africaine) qu’il discrimine au vu et au su de tous. Last but not least, il traite les migrants africains qui tentent d’entrer sur son territoire dans l’espoir d’une vie meilleure, d’une façon inhumaine, allant jusqu’à les emprisonner pendant plusieurs mois dans des conditions abo-minables. Le comble de l’histoire est que la plupart des Juifs israéliens soutiennent ce régime d’apartheid. Dans ce sens, une enquête réalisée en 2012 a révélé que 38 % des Israéliens interrogés sont favorables à l’annexion de la Cisjordanie, 59 % sont d’accord pour que les Juifs soient prioritaires sur les Arabes dans l’accès aux emplois du service public, alors que 33 % souhaitent qu’une loi interdise aux citoyens arabes israéliens de voter aux élections législatives.
Pour les historiens, ces sentiments anti-arabes et ultranationalistes sont le résultat de la politique de ségrégation raciale adoptée par Israël depuis sa création en 1948. C’est ce qui lui a d’ailleurs valu le soutien… de l’Afrique du Sud qui a été l’un des premiers pays au monde à le reconnaître. Une relation amicale les a liés depuis. Il est vrai que quand on partage les mêmes idées, l’on ne peut qu’être amis ! Cependant, l’abolition de l’apartheid en Afrique du Sud a sonné le glas de cette amitié. Mais pas celle de la ségrégation raciale malheureusement.
K.