Après Rome, le ministre des Affaires étrangères israélien Avigdor Lieberman est attendu mercredi à Paris, où il tentera mettra l’accent sur le nucléaire iranien.
L’Iran avant la Palestine. Le nouveau gouvernement israélien lance une offensive diplomatique en direction de ses partenaires européens et américains pour tenter de les convaincre que la menace iranienne est un dossier plus urgent que celui du conflit israélo-palestinien. Le président israélien Shimon Pérès doit rencontrer Barack Obama mardi, précédant Benyamin Nétanyahou, attendu à Washington le 18 mai prochain. Le très controversé ministre des Affaires étrangères israélien, Avigdor Lieberman, effectue quant à lui sa première tournée à l’étranger en Europe.
Pérès et Lieberman veulent faire passer la question du nucléaire iranien avant la création d’un État palestinien. «Nous tenons à souligner que le plus gros problème au Moyen-Orient actuellement, c’est l’Iran», a insisté lundi à Rome Avigdor Lieberman pendant son entretien avec le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, «un Iran qui devient nucléaire et qui devient, ou est déjà devenu, un facteur de déstabilisation pour le monde entier».
Convaincre Washington
Après l’Italie, Lieberman doit arriver mercredi à Paris. Il doit s’entretenir avec Bernard Kouchner, mais il n’est pas encore certain qu’il rencontrera Nicolas Sarkozy. Pérès a tenu le même discours devant la convention de l’Aipac (Comité des affaires publiques américano-israéliennes), le puissant lobby pro-israélien à Washington. «Les dirigeants fanatiques iraniens sont du mauvais côté de l’histoire», a dit le président israélien. «En plus de leur programme nucléaire, ils investissent massivement dans les missiles à longue portée», a insisté Pérès, rappelant que l’Iran finançait et armait le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien, et soulignant le danger commun que Téhéran faisait courir à l’Europe et aux États-Unis.
Prix Nobel de la paix en 1994, Shimon Pérès a aussi appelé à la paix avec les pays arabes, mais sans se prononcer sur la création d’un État palestinien. Lieberman a aussi éludé le sujet, en expliquant qu’il était trop tôt pour que le nouveau gouvernement ait fini de préparer ses projets diplomatiques, assurant cependant qu’Israël avait l’intention de «prendre l’initiative et de ne pas perdre notre temps à des déclarations et des slogans».
Nétanyahou devrait développer le même thème lors de sa rencontre avec Obama. Si la première partie du message concernant la menace du programme nucléaire iranien sera sans doute entendue, il n’est pas certain que le nouveau gouvernement israélien réussira à convaincre ses partenaires quant à l’ajournement d’une solution à la question palestinienne.
Obama a fait de ce dossier l’une de ses priorités et s’est engagé en faveur de la création d’un État palestinien. Les relations entre l’Union européenne et Israël se sont aussi récemment refroidies depuis l’arrivée au pouvoir de Nétanyahou et de son fort peu diplomate ministre des Affaires étrangères.
Israël devrait prochainement nommer son nouvel ambassadeur à Washington, poste clef dans la diplomatie israélienne. Michael Oren, pressenti pour le poste, est un universitaire, historien et spécialiste des affaires moyen-orientales. Il devra renoncer à sa double nationalité israélienne et américaine. Membre d’un think-tank israélien plutôt à droite, Oren s’est récemment prononcé en faveur d’un retrait unilatéral d’Israël de Cisjordanie, vue aucunement partagée par Nétanyahou. Mais il a aussi déclaré dans une interview que le nouveau gouvernement israélien «était un partenaire sérieux pour la paix». Il lui restera à faire partager cette conviction à l’Administration américaine.