Salah Hamouri a 24 ans. Le 13 mars 2005, Ă JĂ©rusalem, ce Franco-Palestinien, Ă©tudiant en sociologie, passe en voiture avec un ami devant le domicile du rabbin Obadia Yossef, chef du Shass, un parti religieux d’extrĂŞme droite israĂ©lien.
Trois mois plus tard environ, il est arrĂŞtĂ© et conduit en prison. Les autoritĂ©s israĂ©liennes lui reprochent, ainsi qu’Ă deux autres jeunes gens Ă©galement incarcĂ©rĂ©s, d’avoir participĂ© Ă un complot visant Ă l’assassinat du rabbin.
On les soupçonne aussi d’ĂŞtre membres d’une association proche du Front populaire de libĂ©ration de libĂ©ration de la Palestine (FPLP).
Des faits que contestent les trois jeunes. Salah Hamouri, qui se dĂ©finit comme un simple sympathisant de l’organisation palestinienne, est condamnĂ©.

En avril 2008, il plaidera même coupable devant un tribunal militaire, préférant sept années de prison aux quatorze dont on le menace.
Dimanche, une demande de libération du jeune homme pour bonne conduite a été refusée par un juge.
La mère de Salah, Denise, n’a pas Ă©tĂ© surprise, mĂŞme si elle avait «un petit espoir» en raison des dĂ©marches entamĂ©es en France : lancement d’un comitĂ© de soutien, mobilisation des politiques et des mĂ©dias.
Fin juin surtout, elle s’est rendue Ă l’ÉlysĂ©e oĂą elle a pu rencontrer un conseiller du chef de l’État.
Elle regrette de ne pas avoir rencontré Nicolas Sarkozy en personne.
Calmement, elle analyse la décision du comité de révision des peines israélien.
«Salah avait des idĂ©es politiques, notamment contre l’occupation israĂ©lienne», reconnaĂ®t-elle.
«Ces idĂ©es le rendaient dangereux aux yeux de l’État d’IsraĂ«l. C’est pour cela qu’il est en prison».
Autre explication : Salah, s’il a plaidĂ© coupable pour s’Ă©viter une peine plus lourde, ne reconnaĂ®t pas les faits dont on l’accuse. Il n’a donc formulĂ© ni regrets, ni excuses. Enfin, le jeune homme est considĂ©rĂ© comme rĂ©cidiviste.
Il a fait cinq mois de prison en 2001 alors qu’il Ă©tait lycĂ©en, pour avoir collĂ© des affiches.
Puis en 2004, alors qu’il participait Ă une soirĂ©e, l’armĂ©e a fait une descente dans le lieu oĂą il se trouvait
Une seule personne était recherchée mais tous ont été arrêtés, selon sa mère. Salah a alors fait quatre mois de détention préventive.
Sarkozy réclame un «geste de clémence»
Aujourd’hui, le jeune garçon garde le moral, selon sa mère. «Je peux lui rendre visite deux fois par mois Ă la prison de Gilboa. On s’y rend en autobus, Ă raison de cinq heures aller-retour. Nous voyons Salah pendant quarante-cinq minutes, derrière une vitre et avec un interphone».
Parmi les brimades dont lui fait part son fils, Denise cite un exemple : «Il y a quelque temps, on a voulu leur imposer le port d’un costume orange, comme Ă Guantanamo. Finalement ils y ont Ă©chappé».
Denise Hamouri aimerait que la France s’active davantage pour son fils.
De source diplomatique française, on rappelle que le jeune homme bénéficie de la protection consulaire liée à sa nationalité française.
Nicolas Sarkozy a envoyĂ© un courrier Ă Benyamin NĂ©tanyahou, premier ministre israĂ©lien, et Bernard Kouchner est intervenu auprès d’Ehud Barak, ministre de la DĂ©fense.
Tous deux réclamaient un «geste de clémence» au regard du «bon comportement et des chances élevées de réinsertion» de Salah Hamouri.
Les services du Quai d’Orsay se penchent actuellement sur les motifs avancĂ©s par la commission israĂ©lienne pour refuser la libĂ©ration du Franco-Palestinien.
Les suites Ă y donner seront dĂ©cidĂ©es en accord avec l’avocat et la famille de Salah.
Salah Hamouri pourrait devoir attendre fin 2011 pour sortir de prison. «Sauf si Gilad Shalit est libĂ©ré», estime sa mère qui n’a de cesse de comparer le cas de son fils Ă celui de ce soldat franco-israĂ©lien enlevĂ© en 2006 et dont les parents ont Ă©tĂ© reçus par le chef de l’État.
Si celui-ci est libĂ©rĂ©, «alors peut-ĂŞtre Salah sortira-t-il dans le cadre d’un Ă©change de prisonniers ?». «C’est le seul espoir que j’ai», explique Denise Hamouri.