Brouillard. La situation en Arabie saoudite ressemble étrangement à celle qui prévalait au Qatar, il y a une décennie. On réforme à grands bruits. Certains parlent même de révolution. Des tabous tombent. On se modernise. Comme hier au Qatar, l’Arabie saoudite met l’amélioration du sort de la femme au coeur de sa nouvelle stratégie. Comme le Qatar, hier, l’Arabie saoudite veut donner des signes d’ouverture pour attirer les investisseurs étrangers. Aujourd’hui, le Qatar est dirigé par un émir âgé de 37 ans alors qu’en Arabie saoudite c’est le prince héritier, âgé de 32 ans, qui a la haute main sur les affaires de son pays. Dans le même temps, ces deux pays sont en conflit pour des raisons qui restent à établir. En effet, en juin dernier, l’Arabie saoudite, Bahrein, les Emirats arabes unis et l’Egypte, lancent un ultimatum au Qatar. Accusé par ses voisins de financer le terrorisme, le Qatar devait accepter 13 conditions sans quoi des sanctions économiques seraient prises contre lui. En réalité, derrière le financement du terrorisme, ce qui gêne le plus les quatre pays «remontés» contre le Qatar ce sont ses relations, jugées trop étroites, avec l’Iran. Alors que chacun sait que les relations entre le Qatar et l’Iran sont dictées par l’immense champ gazier que se partagent les deux pays. L’Arabie saoudite n’en a cure. Le Qatar est sunnite, il ne doit pas s’allier à l’Iran chiite. Tout le reste n’est qu’habillage. Au fond il se prépare un nouveau conflit entre des musulmans qui pouvaient espérer vivre en paix après l’éradication de Daesh. Les derniers signes de ce danger ont été enregistrés avec le lancement, à partir du Yémen, d’un missile contre la capitale saoudienne. Hier, le prince héritier saoudien a accusé l’Iran (qui soutient les Houthis) d’être directement impliqué dans ce qu’il considère comme «un acte de guerre». Un autre événement conforte l’imminence du conflit. C’est à partir de Riyadh, la capitale saoudienne, que le Premier ministre libanais, Saâd Hariri, a créé la surprise, samedi dernier, en y annonçant sa démission. Lui aussi avait accusé l’Iran de «mainmise» sur le Liban. La situation au Liban depuis cette démission est des plus incertaines. Toutes les cartes du jeu politique dans la région sont aujourd’hui rebattues. Celui qui a les meilleures cartes en main, c’est bien Israël. Voilà des années que Nethanyahu s’égosille dans les foras internationaux pour faire échouer l’accord du nucléaire iranien. A chacune de ses interventions, il promettait que son pays riposterait seul si l’accord venait à être signé. Entendre par «riposter» le choix de l’option militaire contre l’Iran. Visiblement, Israël a réussi à sortir de son isolement avec la montée au créneau des pays arabes sunnites contre l’Iran chiite. Nethanyahu est comblé. «La bonne nouvelle est que les autres pays (les sunnites, Ndlr) se rallient à Israël «comme cela n’a jamais été le cas auparavant. «C’est quelque chose que je n’aurai jamais imaginé voir de mon vivant», a déclaré le Premier ministre israélien. Le monde musulman non plus ne pouvait imaginer qu’un jour quelques-uns de ses dirigeants s’allieraient avec Israël contre un pays musulman. Ceci sans parler des répercussions inévitables sur le sort de la Palestine!

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