Islamistes, laics, républicains et democrates se rencontrent à zéralda : La grande messe de l’opposition

Islamistes, laics, républicains et democrates se rencontrent à zéralda : La grande messe de l’opposition

2014-l__oposition_546624894.jpgIl existe dans les différents courants de l’opposition qui se rassemble aujourd’hui à l’hôtel Mazafran, plus de divergences que de convergences.

Les résultats de la réunion importante de l’opposition qui se rassemble aujourd’hui, sous toutes ses couleurs et ses tendances à l’hôtel Mazafran sont très attendus. Une opposition composée de partis boycotteurs de l’élection d’avril 2014, d’anciens candidats à la présidentielle de 1999, 2004 et 2014 et des figures de proue de la scène politique.

Une réunion inédite qui rassemble pour la première fois, sous le même chapiteau et autour de la même table, islamistes, démocrates, républicains, laïcs et conservateurs. Rivaux d’hier, adversaires politiques d’aujourd’hui, ces partis et personnalités ont décidé, d’un commun accord, d’enterrer la hache de guerre et mettre de côté leurs préjugés politiques et de se réunir et de débattre pour une cause politique noble: celle de l’alternance démocratique et la consécration des libertés politiques et constitutionnelles.

C’est la première fois depuis l’avènement de la démocratie que l’opposition s’affiche aussi soudée dans ses contours. Qui aurait pu imaginer un jour voir assis à la même table, le FFS et le RCD, alors que même la crise en Kabylie et le Printemps berbère n’ont pas réussi à les unir pour la même cause? Qui aurait pu penser voir un jour assis à la même table, des anciens cadres de l’ex-FIS face à l’ancien chef de gouvernement qui a appelé à dissoudre le parti islamiste vainqueur des législatives de 1991? Pour de nombreux observateurs, les résultats de cette réunion importante sont aussi bien attendus par les organisateurs que par les participants eux-même.

Il faut dire que l’opposition a toujours été incomplète dans ses actions. En 25 ans de démocratie, l’opposition ne s’est rassemblée sous la bannière:islamiste, démocrate et républicain que deux fois dans son histoire: lors du sommet de Rome à l’initiative de la communauté catholique de Sant’Egidio en janvier 1995.

A l’époque, huit partis qui se sont exprimés lors des élections législatives 1991 se sont réunis: Ahmed Ben Bella, président du MDA, Hocine Aït Ahmed, président du FFS, Abdelhamid Mehri, secrétaire général du FLN, Anouar Haddam, chef de la délégation parlementaire du FIS à l’étranger, Mahfoud Nahnah, leader du MSP, Abdallah Djaballah, président du parti Ennahda, Louisa Hanoune, porte-parole du Parti des travailleurs, Noureddine Boukrouh, président du PRA et Ali Yahia Abdennour, responsable de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (Laddh).

Même si cette réunion était très mal perçue par Alger, on reprochait notamment à cette opposition d’avoir organisé cette rencontre à l’étranger en pleine polémique sur le «qui-tue-qui» et de remettre en cause l’arrêt du processus électoral. Mais aujourd’hui le contexte politique et sécuritaire est totalement différent.

L’Algérie a dépassé largement le cap de la crise sécuritaire, l’opposition est autorisée à se réunir même si il ne lui est pas permis de faire des marches. Pour preuve, l’opposition s’est réunie une deuxième fois presque 10 ans après Sant’Egidio en mars 2014, lors d’un meeting important des partis appelant au boycotte à la salle Harcha, en pleine campagne électorale. Pour la première fois, le RCD, le MSP, Ennahda, Djaballah Benbitour et Jil Jadid, se sont donné le mot pour faire front contre la présidentielle. Ce jour-là, même Ali Belhadj l’ex-N°2 de l’ex-Fis était présent avec ses fans, volant la vedette aux têtes d’affiche de cette rencontre dans les médias.

Mais malgré l’échec de leurs actions durant la présidentielle, le front de l’opposition ne s’est pas fissuré ou disloqué, contre toute attente, il s’est élargi à d’autres courants et à d’autres personnalités. Ce qui a été considéré par certains analystes politiques comme un fait rare dans une démocratie arabe. Souvent dans les pays arabes et même africains l’opposition est laminée et divisée par des tentatives de déstabilisation externes ou internes, mais là où le pouvoir en place a laissé le champ libre à l’opposition pour se réunir et s’exprimer sous toutes ses tendances.

Reste à savoir si cette opposition élargie va sortir avec un projet sérieux. Car le plus grand souci des organisateurs de cette rencontre, c’est de savoir qui récoltera les fruits de cet important rassemblement de l’opposition. Car il existe plus de divergences que de convergences entre les différents courants qui animent ce mouvement. La présence de certains éléments de l’ex-FIS, des anciens chefs de gouvernement aux ambitions tournées comme Sid Ahmed Ghozali ou Mokdad Sifi ou Taleb Ibrahimi, ne sont pas à la même hauteur de l’ambition politique d’un Ali Benflis, d’un Mouloud Hamrouche. De plus, le FFS de par son poids sur la scène politique ne compte pas laisser le terrain d’action au RCD ou même au MSP si cette réunion aboutit à une action concrète qui fera bouger les choses.

Sachant que même si cette «union sacrée» de l’opposition aboutit à une déclaration générale importante qui appelle à une véritable transition politique avec un appel à la révision radicale de la Constitution. Il est presque impossible de faire adopter le projet par le pouvoir. Ce dernier est solidement appuyé sur les partis de la majorité présidentielle qui ne comptent pas se laisser distancer sur le terrain politique. Ils seront aidés dans leur action par une opposante de taille, Louisa Hanoune.