Les élections législatives du 10 mai dernier mettent le pouvoir dans une situation nouvelle. Jusque là manipulés, instrumentalisés et maîtrisés, les islamistes, du moins en partie, risquent d’échapper à son contrôle.
Les résultats de ces élections, qui les ont incontestablement spoliés, ont rapproché leurs points de vue, soudé leurs rangs, marginalisé les plus malléables du MSP comme Abou Djerra Soltani au profit de la tendance animée par un Mokri, plus crédible et plus déterminé. Actuellement, le parti fondé par Nahnah, qui avait fait le choix de l’entrisme, comme tous les frères musulmans visent la création d’un front de refus.
Les plus radicaux menacent de boycotter l’APN et souhaitent un printemps tunisien en Algérie, certains envisagent de dissoudre leur parti tandis que d’autres décident de ne plus participer au gouvernement.
Alternant radicalité et opportunisme, le MSP, qui a participé à toutes les dérives du système politique, a décidé de ne pas figurer dans le prochain gouvernement.
« Le MSP a décidé de ne pas participer au prochain gouvernement pour dénoncer l’attitude du pouvoir lors des élections législatives remportées par le FLN », a déclaré ce matin à l’AFP, le porte-parole du MSP, Kamel Mida.
Cette décision a été prise à l’issue de la réunion du majliss echoura (Conseil consultatif, instance de direction) ce samedi soir tenue à Alger, a-t-il précisé
Avec la défection du MSP, le rejet des Mouvements Ennahdha, El Islah et du FJD de Djaballah, c’est l’acte de divorce qui est signé entre le système et un éventail important de la mouvance islamiste.
S’agissant du MSP, cette attitude appelle plusieurs questionnements. Ces partis ont-ils la bénédiction du DRS qui les a toujours contrôlé voire organisé pour déstabiliser Bouteflika, qu’ils accusent nommément d’être le fraudeur en chef lors des législatives ?
Si cette évolution est le résultat de la pression des éléments les plus autonomes, jusque là marginalisés, il reste à savoir quelle sera la réaction du DRS face à cette nouvelle donne, d’autant qu’un rapprochement avec l’ex-FIS ne serait pas à exclure si la rupture venait à se confirmer ?
Enfin, d’autres analystes estiment que les islamistes n’ont fait qu’anticiper leur exclusion du gouvernement par le système.
Fateh Ath Ghrib
