L’irrigation bien maîtrisée est un rempart utilisé de longue date pour endiguer la sous-alimentation et renforcer la sécurité alimentaire des sociétés. La micro-irrigation est le niveau actuel de l’évolution de l’irrigation qui conviendrait à contrer la menace de pénurie d’eau et de pollution tout en augmentant les rendements agricoles. Elle ne s’applique pas à toutes les cultures, néanmoins elle permet une grande économie d’eau et de fertilisants.
Dans ce contexte, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural a entamé la mise en œuvre du dispositif de soutien sur le Fonds national de développement de l’investissement agricole (FNDIA) pour la promotion des systèmes d’irrigation économiseurs d’eau à la parcelle. Ce dispositif, inscrit dans le cadre de la politique de renouveau agricole et rural et du programme pluriannuel de l’économie de l’eau 2010-2014, vise l’accroissement de la superficie agricole utile (SAU) en irriguée de 981.000 ha existante à 1,6 million ha à l’horizon 2014, et la généralisation de l’utilisation des systèmes d’irrigation économiseurs d’eau, de 412.000 ha existante à 977.000 à l’horizon 2014, indique le ministère dans un communiqué.
Le dispositif s’adresse aux porteurs de projets parmi les agriculteurs et les éleveurs à titre individuel ou organisés en coopérative ou groupement d’intérêts communs, aux entreprises économiques intervenant dans les activités de production agricole, de valorisation et/ou d’exportation des produits agricoles et agroalimentaires, ainsi qu’aux fermes pilotes, selon un communiqué du ministère. Pour les agriculteurs et les éleveurs porteurs de projets organisés en coopératives ou groupement d’intérêts communs, le financement accordé est situé à hauteur de 60% du coût des équipements d’irrigation acquis, contre 50% à ceux exerçant à titre individuel.
Les wilayas du Grand Sud (Adrar, Tamanrasset, Iliizi, Béchar, Ghardaïa et Tindouf) bénéficient d’une majoration de 10% à cause des fortes charges induites pour les investissements dans la région. Le dispositif privilégie les filières céréalière, fourragères, légumes secs, oléicole, phoenicicole (palmier dattier), pomme de terre, tomate industrielle et oignon pour lesquelles on n’impose pas de limitation de la superficie soumise au soutien, afin de contribuer à l’amélioration de la sécurité alimentaire de l’Algérie à travers l’augmentation de la productivité et de la production. Les gains de rendements grâce à l’irrigation ont été particulièrement remarquables pour les céréales durant la campagne 2009-2010 dans les wilayas d’Aïn Defla (+29 quintaux à l’hectare -q/ha-), Saïda (+25 q), Sétif (+20 q), Chlef (+24 q), Tlemcen (+17 q) et Tiaret (+21 q), indique le ministère en guise d’illustration.
Ces niveaux de production peuvent être augmentés davantage, pour peu que la gestion et le pilotage de l’irrigation soient améliorés et que les techniques culturales soient respectées, assure-t-on de même source.
L’irrigation en Algérie
En Algérie, la disparité de la disponibilité des ressources hydriques est remarquable. Le Tell qui représente 7% de la superficie du pays enregistre 90% de l’écoulement total. Le reste du territoire est caractérisé par une aridité chronique. L’apport pluviométrique annuel est à hauteur de 65 km3 dont 46 km3 s’évaporent, 15 km3 ruissellent et 4 km3 s’infiltrent.
Les possibilités de mobilisation en 2010, estimées à 4,52 km3, représentent un taux de mobilisation de plus de 30% de l’écoulement moyen annuel mais demeureront insuffisantes pour satisfaire les besoins croissants.
L’analyse des variations des volumes des deux principales réserves d’eau souterraines au Sud du pays (albienne et complexe terminal) a montré que dès 1970, les nappes étaient en tarissement avec un prélèvement de 3 m3/s. Les niveaux piézométriques n’ont pas cessé de baisser, bien que les différentes simulations effectuées montrent qu’il est possible d’envisager une exploitation contrôlée jusqu’à 5 km3/an pour les deux nappes.
Les superficies irriguées s’élèvent à 498.430 ha soit 6,64% de la SAU et les terres irrigables à 1.154.000 ha (hors Sahara) dont 607.000 ha facilement irrigables et 547.000 ha irrigables moyennant des travaux. Les superficies concernées par la grande hydraulique, essentiellement les périmètres irrigués, varient entre 50.000 et 90.000 ha. Celles relatives à la moyenne et petite hydraulique vont de 230.000 à 260.000 ha dont 3% desservies par les retenues collinaires, 42% par les puits, 20% par les forages, 3% par les sources et 8% au fil de l’eau. L’épandage des crues concerne 24% des terres irriguées.
Par ailleurs, sur un total de 498.430 ha irrigués, les quatre wilayates du Sud s’accaparent 30% de la SAU irriguée. La wilaya de Biskra occupe la première place avec 13,24%, suivi de la wilaya de M’sila avec 5,64 % puis la Wilaya d’Adrar avec 5,54% et celle d’El Oued avec 5,3%. Ce sont particulièrement ces zones d’irrigation qui nécessitent une rénovation de leur technique d’irrigation sachant que l’agriculture pluviale est quasi impossible. L’agriculture, telle que pratiquée depuis longtemps, a montré ses limites face à des besoins croissants et des changements fondamentaux y sont apportés régulièrement. Le ratio (SAU irriguée/habitant) n’a pas cessé de diminuer. De 0,009 ha/hab en 2000, il serait seulement de 0,005 ha/hab en 2025. Si les rendements agricoles ne s’améliorent pas et la superficie agricole (3,1% de la surface du pays) n’augmente pas, la dépendance alimentaire ne ferait sans doute que s’élargir.
Par : Tassadite Lefkir